Aujourd'hui, je suis en rage. Et cette rage est en relation avec un des "déclencheurs" qui m'a fait quitter la France en 2001 pour un pays étranger, en l'occurrence la Suisse. Allez, je vous raconte mon histoire :
En 2001, j'ai été victime d'un accident de la route assez grave en région parisienne : un véhicule est rentré en collision avec le mien à plus de 120 km/h sur autoroute, par l'arrière. Le véhicule a pris la fuite, mon véhicule détruit et mes occupants blessés. Nous avions relevé la plaque.
Le lendemain de l'accident, j'ai tenté de porter plainte pour délit de fuite au Commissariat le plus proche.
Refus catégorique de la police : "Vous pouvez déposer une main courante si vous voulez (ndlr : qui ne sert absolument à rien) mais vous ne pouvez pas porter plainte. Du moins pas dans ce commissariat."
J'insiste (très) lourdement tout en restant poli. L'officier de police réplique "Monsieur, si vous le prenez sur ce ton, sachez que je peux faire en sorte que votre plainte n'aboutisse jamais".
Magnifique ! Et véridique.
J'ai été baladé dans 3 commissariats différents. Le dernier, probablement pris de pitié, m'a dit qu'il serait mieux que j'aille porter plainte dans mon commissariat de quartier. Ce que nous fîmes.
Dans ce commissariat, on nous alors expliqué que le Procureur de la République (qui, en France, a le pouvoir de donner une suite ou non à une plainte), débordé par les cas délits de fuite, avait écrit une lettre aux commissariats d'Ile de France indiquant qu'aucun cas de délit de fuite ne serait pris en compte, sauf si les plaignants n'avaient pas le numéro de plaque (vous lisez bien). En clair, si vous avez le numéro de plaque, vous ne pouvez pas porter plainte, et si vous ne l'avez pas, vous pouvez puisque de toute façon on ne peut retrouver personne...
Bref, le commissariat de quartier nous a conseillé de porter plainte non pas pour délit de fuite mais pour mise en danger de la vie d'autrui. La plainte fut reçue, un procès a eu lieu, la coupable condamnée à de très lourdes amendes et à une peine de prison, mais aujourd'hui cette personne court toujours, n'a pas purgé sa peine, et n'a rien versé à personne.
Si on résume : une Police qui empêche les victimes de porter plainte, une Justice qui fait son travail mais qui n'applique rien, et qui donc ne sert absolument à rien.
Et c'est suite à la réaction de la Police que j'ai décidé de quitter la France : n'ayant jamais eu de contact avec la police et la justice, la seule fois où j'en ai eu besoin j'ai été moi-même menacé : il me semblait que payer des impôts pour "ça" n'était pas un bon deal. J'ai donc quitté le pays pour la Suisse, où, pour des cas bien moins graves, on met en place des moyens dignes des Experts, et où les chauffards sont attrapés chez eux en quelques jours et ramenés menottes au poignet. Je vous raconterai un de ces jours une expérience vécue par des amis à Montreux... Vous verrez, le contraste est saisissant entre l'implication de la police suisse et celui de la police française.
Alors pourquoi suis-je en rage aujourd'hui ? Simplement parce que ma nièce de 15 ans, atteinte d'une maladie génétique et en fauteuil a été récemment victime d'un cas de négligence et de discrimination manifeste qui lui a valu une humiliation extrêmement douloureuse.
Compte tenu de la gravité des faits, son avocat lui a conseillé d'aller porter plainte (au pénal et au civil). Seulement voilà, ce qui s'est passé pour nous en 2001 s'est répété aujourd'hui : la Police a refusé de prendre la plainte. L'Officier de police, qui ne dénoterait pas dans une étable avec un ballot de foin, a estimé qu'il n'était pas légitime de porter plainte, et que si nous souhaitions le faire, elle s'arrangerait pour mettre une note au Procureur lui demandant de classer la plainte. Double humiliation.
Voilà à quoi ressemble la France d'aujourd'hui, et ce qui m'attriste le plus, c'est que depuis 2001, cela s'est visiblement aggravé.
Si je prends le cas de la Suisse, bien qu'étant étranger, vous serez bien mieux pris en charge et considéré pour ce type de problème.
Lamentable. Et rageant. Tiens, rien que pour ça, j'ai envie de repartir maintenant...