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Chronique d’un prêt relais

Publié le 25 mars 2009 par Bil

CA.jpgVoilà. Ils sont jeunes et plein de volonté, d’amour et de perspectives sociales simples et honorables…comme la propriété d’une maison suffisamment grande pour voir jouer leur jeune enfant.

Leurs défauts ? Peut être de s’être emballé pour acquérir une maison alors que la première acquisition n’était pas vendue. Solution : un prêt relais mis en place par leurs banques la caisse du Crédit Agricole.

La loi de Murphy vous connaissez ? Il s’agit de cette vieille histoire (à base de tartine beurrée) qui veut que jamais un souci n’arrive seul ; il y a toujours une cascade d’évènements négatifs et cumulatifs (la tartine tombe invariablement du côté beurrée sur votre pantalon) . Ainsi pour eux la dépression du marché les oblige à «brader» leur première acquisition. Les délais (forcément courts) les ont poussés à accepter une proposition inférieure à la valeur initialement fixée de plus de 20 000€.

Résultat ; cette somme manque visiblement pour clôturer le prêt relais. Mais cela arrive naturellement au pire des moments.

D’une part il s’agit d’une période ou les dirigeants des établissements financiers sont à la recherche de garantie d’état pour recapitaliser leurs structures. Souvenez-vous, ces jours récents où le Crédit agricole a reçu 3 milliards d'euros du gouvernement dans le cadre du premier plan d'aides de l'état aux banques (sans contrepartie autre qu’un taux d’interêt élevé).

Cette même pèriode où les banques ont missionnés leurs troupes à une vigilance accrue sur les prêts à risque.Sans discernement.

D’autre part notre jeune couple est fragilisé dans cette période par un accident de travail qui handicape durablement l’activité salarié de Monsieur. Reste pour le banquier qu’une hypothèque (forcément dépréciée par la crise) complété des indemnités de Monsieur et des revenus de Madame qui a eu la très mauvaise idée de créer son activité. N’oublions pas que les créateurs d’entreprises sont, aux yeux des salariés des banques, des faillis en puissance.

Imaginez le « rating risk » de ces emprunteurs. Les clignotants étaient verts et les circonstances les ont transformés en un rouge carmin !

L’attitude des banques est généralement frileuse. Ici elle atteint des sommets de frilosité. Un dossier certainement mal monté (a-t-on conseillé une ADI* à ce couple ?, ont ils fait expertiser leurs biens ?) et les circonstances de crise entraîne cette famille à se voir menacé de saisi pour, selon leurs propres propos, l’équivalent du montant d’un véhicule neuf !

D’autres auraient d’ailleurs trouvé dans un jeu de prêts à la consommation la solution (précaire) à ce problème. Ils ont préférés, avec naïveté, faire confiance à leurs banques. Ce même établissement qui voit aujourd’hui les dirigeants de sa filiale CHEVREUX s’attribuer au titre des bons résultats de 2008 une prime de 51 millions d'euros de bonus !

Ce n’est pas l’obscur chef d’agence de leur village qui est en cause ; son rôle est ingrat et peu enviable croyez-moi ! C’est bien plus un « process » qui est à réviser rapidement. La structure est lourde, les (ir)responsabilités diffuses et plus personne n’est apte à trouver une solution pour sortir de l’embarras cette famille.Une relation durable....bel exemple de créativité publicitaire.

La commission de surendettement peut être saisie ; elle pourrait établir un bilan du montant de l’endettement afin de proposer un plan conventionnel de redressement. Mais la banque peut également trouver la voie de la conciliation et présenter un étalement et/ou une restructuration des crédits en cours. L’important étant nécessairement d’inverser le schéma afin d’éviter prioritairement l’interdiction bancaire.

La confiance en l’autre n’existe plus. Nous touchons ici le point central des problèmes actuels. Les banques n’ont plus confiance en leurs pairs, les établissements centraux n’ont plus confiance en leurs cadres et ces derniers en leurs clients. Du sommet de la pyramide sociale au plus profond de nos campagnes la crainte gagne tous les étages oubliant qu’une économie ne peut durablement fonctionner sans une prise de responsabilité réelle à chaque niveau de la société. Même si les véritables responsables sont les Bernard Madoff et avant lui les dirigeants deLehmann Brothers et Merrill Lynch aujourd’hui les responsabilités incombent directement aux responsables des agences et à leurs collaborateurs directs. La protection actuelle du risque trouve ici ses limites.

Je souhaite bon courage à cette famille et leur adresse mon soutien personnel. Vous trouverez leurs difficultés dans leurs blogs : http://gardernotremaison.over-blog.com/

*assurance décès invalidité


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