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Griffintown ou les effets de la crise...

Publié le 18 février 2009 par Magali Renard
Vue du quartier Griffintown à Montréal depuis la voie de chemin de fer
Depuis l'ouverture de ce blog, j'aurais pu consacrer un post ou deux sur le stage que j'ai effectué l'été dernier à Montréal, au Québec, autour de la valorisation du Canal de Lachine, mais comme je ne souhaite pas en faire une simple vitrine de mes expériences, je vais simplement revenir sur ce site incroyable au riche Patrimoine industriel à la lumière de son actualité.
Le canal de Lachine, situé dans la portion Sud-Ouest de la ville, est inscrit comme Lieu Historique National du Canada pour le rôle important qu'il a joué dans l'industrialisation et le développement de Montréal (et du Canada) du milieu du XIXème siècle jusqu'à la Deuxième Guerre Mondiale. Certains historiens n'hésitent pas à parler du berceau de l'industrialisation en Amérique du Nord à propos de cette voie d'eau, qui fut pendant longtemps la porte d'entrée du réseau navigable reliant l'Océan Atlantique au coeur du continent. Également pourvoyeur d'énergie hydraulique, le canal a vu l'implantation de nombreuses manufactures sur ses rives, dont les plus importantes à cette époque (raffinerie de sucre Redpath, usine mettalurgique Steel Co. of Canada, minoteries, brasseries, imprimeries, etc.). A l'origine, ce canal long de 14,5km fut creusé par une population d'immigrés Irlandais, qui habitèrent notamment le quartier situé à l'extrémité Est du canal appelé Griffintown. Ce secteur, stratégiquement situé (près du port), fut le centre névralgique des quartiers industriels du canal de Lachine et le lieu de vie d'une force ouvrière dont quelques descendants subsistent aujourd'hui. Après le déclin de l'Industrie au cours de la première moitié du XXème siècle et la fermeture du canal, Griffintown s'est lentement dépeuplé et transformé en friche désaffectée, mise à l'écart des politiques d'aménagement de la ville. Jusqu'aux années 2000, qui voient la réouverture du canal de Lachine à la navigation de plaisance (2002), puis la proposition inédite et ambitieuse d'un promoteur immobilier, Devimco, en 2007.
Le projet de Devimco pour Griffintown, c'était de raser une grande partie des bâtiments sinistrés pour en faire un complexe résidentiel, commercial et récréatif sur 12hectares, pour un cachet d'1,3 milliards de dollards. Oui, je lis dans vos pensées : c'est une somme!
Bien que très controversé, ce projet soutenu par les élus s'avérait prometteur pour Montréal, Griffintown se trouvant à l'entrée de la ville et ne donnant pas une très belle image de l'agglomération. Mais surtout, il aurait permis de réhabiliter un quartier tout en préservant une partie de son Patrimoine : en effet, suite à plusieurs consultations publiques, Devimco avait inclut dans son "superprojet" la conservation et la restauration de plusieurs bâtiments d'intérêt patrimonial, et l'aménagement d'espaces pour leur valorisation et animation. Et même si on se doute bien que Devimco avait surtout l'intention de tirer le maximum de profit de la construction de nombreux logements luxueux (les fameux "condominiums" québécois) et du centre commercial intégré, une proportion importante de logements sociaux avait été promise par le promoteur, et des efforts avaient été faits pour faire coller le projet au PPU (Plan Particulier d'Urbanisme) de la ville.
Bref, vous aurez deviné que depuis l'éclatement de la crise, le projet Griffintown a dû être revu à la baisse, ce qui a eu au moins l'effet positif de calmer les résidents sous le joug d'une expropriation. Mais au final, il y a peu de chances que les aménagements qui pourront être réalisés, à l'horizon 2010, concernent le Patrimoine... Il est bien évident que lors des périodes difficiles, le Patrimoine est rarement une priorité.
Au final, c'est une belle opportunité de mettre en valeur leur Patrimoine industriel qui risque d'échapper aux Montréalais. Espérons qu'elle se représentera toutefois sous des cieux plus cléments...
Photographie : Olivier Bouin, sur le site Voir.ca
Le projet Griffintown dans la presse québécoise ici et .

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