Magazine

Jennifer Haigh : "La condition"

Publié le 25 mars 2009 par Schlabaya
"Cape Cod, été 1976 : comme chaque année, Frank, son épouse Paulette et leurs trois enfants passent leurs vacances dans la demeure familiale. C'est à la plage que Frank est frappé par l'apparence de sa cadette. À treize ans, Gwen a encore la taille d'une fillette... Le diagnostic est sans appel : Gwen est atteinte du syndrome de Turner. Elle ne grandira pas et restera à jamais prisonnière de son corps d'enfant. Pour tous, ce verdict signe la fin des jours heureux. Vingt ans plus tard, à nouveau réunis dans la villa de Cape Cod, les membres de la famille, un à un, tentent une dernière fois d'accepter - et de faire accepter - leurs choix d'existence. Une splendide saga sur les passions et les tensions qui relient inéluctablement les parents, les frères et les sœurs."
Ce roman suit les destinées des cinq membres de la famille MacKotch. Il y a le père, Frank, un savant renommé, très attaché à sa femme Paulette, mais à qui celle-ci reproche aussi bien son esprit scientifique que son appétit sexuel. Paulette, à la fois puritaine et sentimentale, s'offusque de la sensualité de son mari qu'elle soupçonne d'adultère. Ce qui sonnera le glas de leur relation ne sera pourtant pas la distance affective ou la jalousie, mais la révélation de l'anomalie qui frappe leur fille, lorsque Frank réalise que son développement n'est pas normal. Gwen, en effet, est atteinte du syndrome de Turner, c'est-à-dire qu'une partie de son chromosome X est défaillant. Elle gardera à vie son corps d'enfant, ne connaîtra pas de puberté, et par conséquent n'aura pas d'enfants. Parmi les autres conséquences de sa maladie, il y a la difficulté à se repérer dans l'espace, le manque d'aptitudes concernant la compréhension non-verbale, ce qui affecte fortement la vie sociale... Là où Frank tente de faire preuve de recul, et d'analyser les problèmes afin que Gwen puisse vivre le plus harmonieusement possible; Paulette s'installe dans le déni et, animée d'un sentimentalisme suspect, accuse son mari de faire de leur fille un cas d'étude. De son côté, elle surprotège et étouffe Gwen, veut l'empêcher de prendre son envol. Les frères de Gwen, Billy et Scott, souffrent de la mésentente de leurs parents, et se sentent délaissés du fait de la maladie de leur soeur.
Rapidement, le divorce est prononcé, et la famille vole en éclats.
Les années passent. Billy, désormais un cardiologue réputé, vit le grand amour avec un certain Sri, mais cloisonne son existence afin de cacher son homosexualité à sa famille - au grand dam de ses amis gays. Gwen, dont la vie sentimentale est désespérante, travaille dans un musée, au milieu de fossiles auxquels elle finit par ressembler - à moins qu'une amitié nouvelle ne lui ouvre des horizons nouveaux... Scott, le benjamin, s'est toujours senti comme la cinquième roue du carosse. Marié à une femme vulgaire et pénible, père de deux enfants à problèmes, il enseigne dans un collège privé minable. Se percevant lui-même comme un "looser", il ne trouve de consolation que dans la drogue. Jusqu'à ce que sa mère lui confie - à lui, le raté de la famille ! - une mission de tout premier plan : sauver Gwen des griffes de l'homme dont elle est tombée amoureuse lors d'un voyage à Saint Raphael (forcément un vil séducteur selon Paulette). Scott fonce tête baissée, sans réaliser le drame qu'il va causer...
Voilà un roman sur lequel il y aurait encore beaucoup à dire, tant il aborde de sujets divers : la différence et la façon dont on la perçoit; le handicap d'un enfant et son impact sur sa famille; les relations de couple, de parenté, de fratrie;
la sexualité, subie et honteuse, ou bien assumée; l'acceptation de soi et des autres; la nécessité d'exprimer son amour et son affection à ceux qui nous sont chers ; la possibilité du pardon... Quant au titre, "La condition", j'ai l'impression qu'il évoque aussi bien la diversité des conditions possibles pour parvenir au bonheur, que la condition unique pour pouvoir vivre ensemble, qui réside dans la tolérance mutuelle et la capacité à surmonter les conflits.
Un livre que j'ai beaucoup aimé, et que je recommanderai à mes amis avec grand plaisir ! Merci aux éditions Michel Lafon pour cet envoi.


D'autres avis : Theoma, Lily, Géraldine, Cathulu, Cuné,
Lou

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Schlabaya 15 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte