
Ses mains longues il les porte sans cesse à ses cheveux blonds emmélés. L'une dégage ses yeux, l'autre, quelques secondes plus tard, les cache. Certainement cela a quelque chose à voir avec cette faculté qu'ont les mains d'un batteur de parler indépendamment l'une de l'autre, d'inventer des rythmes qui suivent chacun leur chemin. J'admire, moi qui ne suis pas capable sans m'emmêler les pinceaux de taper sur mon ventre de la main droite pendant que la gauche frotte en rond le haut de la tête.
Nous en revenons au maths, et parlons de la nécessité, de nos jours, d'avoir fait des études pour trouver un métier. Je dis, en vieille tatie, que cette nécessité ne date pas d'hier, que de mon temps on nous disait pareil, et que c'est vrai bien sûr. J'ajoute, à l'attention du batteur sachant battre en même temps deux mesures différentes, que ce n'est pas une raison, devenir bon en maths, pour abandonner le reste. Et je sais personnellement ce qu'il en coûte, sinon, de ne faire que se taper sur le ventre sans tenter, en même temps, de se frotter les cheveux ; on s'ennuie mortellement.
Et si on oublie de s'ennuyer, certainement c'est pire encore.
Pour ça que je préfère encore frôler le ridicule de faire deux choses en même temps, tenter de travailler bien, et tenter de travailler bien, mais pas les deux sur la même portée. Je souhaite donc longue vie aux deux mesures battantes de ce jeune passager.