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Le Figaro, la désinformation et la question du préservatif

Publié le 26 mars 2009 par Hermas

Il n'est plus à démontrer à quel point la presse a joué un rôle néfaste en cette affaire, soit par ignorance, soit par sottise, soit par complicité. Le journal Le Figaro n'y a pas peu contribué, loin s'en faut, ce qui a déclenché de vives critiques de la part de ses lecteurs, dont beaucoup de naïfs croient sans doute encore qu’il est digne du défunt Aurore.

La manipulation devenant chaque jour plus évidente - grâce, notamment, aux nombreuses réactions des catholiques, par les moyens dont ils disposent - la position devenait cependant inconfortable. Comme il ne s’agit pas, évidemment, d’avouer ses turpitudes et moins encore de s’en excuser, la presse négocie de petits virages par lesquels elle espère faire illusion. C’est, en particulier, le cas du Figaro.

Après avoir crié à tue-tête au scandale, à l’incompétence, voire à la sottise du Pape, on en vient à reconnaître aujourd’hui que, dans le fond, à bien regarder les choses, il n’avait peut-être pas totalement tort. Le Figaro, que la crainte du ridicule n’étouffe pas, va jusqu’à prendre quasiment sa défense en parlant, dans un article de Jean-Marie Guénois, du 25 mars, du combat « totalement incompris » (sic) du Pape. Mais la tendance actuelle est désormais de dire que tout cela est tout de même de sa faute parce que, de toutes façons, il s’est très mal exprimé. C’est le refrain de la mauvaise communication que l’on reprend ainsi, et qui convainc pas mal de gogos.

En réalité, que le Pape ait dit que les préservatifs « aggravent » ou « risquent d’aggraver », les deux propositions sont également vraies. Elles ne sont simplement pas prises sous le même rapport : la première décrit une situation de fait, observée, qui résulte de la croyance erronée que le préservatif arrêterait la propagation du sida, ce qui provoque la multiplication des comportements à risques et, partant, celle de l’épidémie. La seconde est une position de principe. Le préservatif ne cause évidemment pas le sida, il ne l’aggrave évidemment pas en soi, mais il peut contribuer à sa propagation. De fait, c’est le cas, en sorte que la vérité de la seconde affirmation se trouve vérifiée dans la première. L’une et l’autre proposition sont confirmées par des analyses scientifiques, en particulier celle du Prof. Green, de Harvard, dont nous nous sommes déjà fait l’écho.

Le Figaro, dans sa version internet, a publié l’article susvisé sous le titre : « Sida : l’Eglise ne proscrit pas le préservatif », avec, bon goût suprême du journal informatif, une photo de manifestants, devant Saint-Pierre de Rome, brandissant des préservatifs. « La nouvelle peut surprendre », commence-t-il, après la polémique ouverte contre le Pape « mais l'Église catholique admet implicitement le préservatif pour lutter contre le sida ». On croirait lire Le Monde des bonnes années de manipulation mentale, comme pour dire sans le dire, par la juxtaposition des événements, que l’Eglise change sa position – fût-ce implicitement. C’est d’ailleurs ainsi, visiblement, que des lecteurs le comprennent, d’après leurs réactions. L’article se fonde sur une étude menée en Ouganda, publiée par l’Osservatore romano du  22 septembre 2009, « mettant en évidence l'efficacité du préservatif dans la lutte contre la maladie ».

Or si l’exemple de l’Ouganda est cité par cette étude, et par l’article de l’Osservatore romano, ce n’est nullement pour « mettre en évidence l'efficacité du préservatif dans la lutte contre la maladie », mais tout au contraire pour montrer qu’en ce pays, qui est le seul qui ait vu un recul significatif de la maladie, ce résultat a été obtenu par tout autre chose que ce moyen technique, à savoir la rupture avec des comportements sexuels débridés, l’abstinence, en particulier chez les jeunes, avant le mariage, et la fidélité. L’article du Figaro est donc mensonger, comme son intitulé, contredit d’ailleurs par certaines citations que son auteur ne peut manquer de faire, sauf à se couvrir entièrement de ridicule. Le même article se garde évidemment de mentionner que l’Osservatore cité souligne que le Daily Telegraph britannique a donné raison au Pape, que selon l’OMS elle-même « la distribution de préservatifs n’a pas servi par elle-même à endiguer l’épidémie », que le préservatif fait surtout l’affaire des laboratoires pharmaceutiques qui les vendent, et que selon le magazine Science, qui fait autorité : « (…)  la réduction du nombre de partenaires sexuels et l'abstinence chez les jeunes non mariés, plutôt que l'utilisation des préservatifs, ont été les principaux facteurs de réduction de l'épidémie du sida ».

Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose. La vérité de la situation est dans la conclusion de l’Osservatore romano, que Le Figaro, bien évidemment, se garde de reprendre :

« Nombreux sont les pays occidentaux qui ne veulent pas reconnaître la vérité des paroles prononcées par Benoît XVI, soit pour des motifs économiques – les préservatifs rapportent de l’argent, tandis que l’abstinence et la fidélité sont évidemment gratuits – soit parce qu’ils craignent que le fait de donner raison à l’Eglise sur un point central du comportement sexuel puisse signifier un pas en arrière dans la jouissance purement hédoniste et récréative du sexe, laquelle est considérée comme un important acquis de notre époque. Le préservatif est renforcé au-delà de sa capacité réelle à stopper le sida, parce qu’il permet à la modernité de continuer à croire en elle-même et en ses principes, et parce qu’il paraît permettre le contrôle de la situation sans avoir rien à changer. C’est précisément parce qu’elle touche ce point névralgique, ce mensonge idéologique, que la parole du Saint-Père a été tellement critiquée. Mais Benoît XVI, qui le sait parfaitement, est resté fidèle à sa mission, qui est de dire la vérité. »

Voici, en version française, traduite par nos soins, l’article de l’Osservatore romano du 22 mars 2009, en version PDF.


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