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Un rapace silencieux

Publié le 25 mars 2009 par Toulouseweb
Un rapace silencieuxLes Etats-Unis continuent de dominer le marché mondial des avions de combat.
Les deux informations se télescopent : Dassault va ramener la production de l’avion de combat Rafale ŕ 11 exemplaires par an seulement, cadence minimale de survie de la chaîne d’assemblage de Bordeaux-Mérignac. Et, au męme moment, Boeing Defense Systems dévoile le prototype du
F-15SE Silent Eagle, version nouvelle d’un appareil ancien, exclusivement destinée ŕ l’exportation (notre illustration). Une initiative qui va certainement durcir davantage la concurrence sur le marché militaire mondial.
Avant l’apparition inattendue du Silent Eagle, l’offre américaine était axée sur le Lockheed Martin F-35 (Joint Strike Fighter), programme redoutable dans la mesure oů il s’appuie sur des promesses de commandes importantes et un vaste réseau de coopérations internationales. D’oů la perspective d’un rythme de production trčs soutenu, plus de 10 avions par mois, avec chaînes de production au Texas, au Royaume-Uni et en Italie.
Grâce au F-35, les Etats-Unis entendent répéter la grande réussite du F-16, lancé en 1975 par General Dynamics, vendu simultanément au Pentagone et ŕ quatre pays européens, ensuite exporté ŕ travers le monde entier et toujours produit aujourd’hui. Un succčs planétaire qui, par ricochet, a beaucoup affaibli l’industrie européenne.
En matičre d’influence géopolitique et d’exportations sonnantes et trébuchantes, le F-22 Raptor, le plus redoutable de tous, est paradoxalement hors course. Nec plus ultra américain, il fait appel aux technologies de pointe qui sont précisément l’apanage de la super puissance absolue. Dčs lors, il est hors de question de l’exporter et d’en partager les secrets, malgré l’intéręt affiché par des acheteurs potentiels fortunés comme le Japon.
Le nouveau F-15SE brouille ŕ présent les cartes, nous rappelant que les avions de combat, sans relever pour autant d’un commerce comme un autre, constituent une source précieuse de chiffre d’affaires, d’emplois, de rentabilité pour le complexe militaro-industriel. Pour autant qu’il rencontre le succčs espéré, le Silent Eagle le prouvera d’autant mieux qu’il relčve d’une initiative privée et ne sera en aucun cas commandé par l’armée de l’Air américaine. Trčs performant, furtif, capable de voler ŕ deux fois et demie la vitesse du son et d’emporter un armement redoutable, il est proposé au prix unitaire jugé trčs compétitif de 100 millions de dollars environ.
Ce męme Silent Eagle illustre par ailleurs la formidable longévité des programmes militaires réussis. Le premier vol du F-15 remonte en effet ŕ 1972, quand personne n’imaginait que son constructeur, McDonnell Douglas, serait un jour absorbé par Boeing. Plus de 1.400 exemplaires en ont été construits, la production continue, le dernier acheteur en date étant la Corée.
Tout au long de la guerre froide, les industriels ont bénéficié de commandes généreuses qui leur ont permis de sans cesse multiplier les avancées technologiques, ensuite appliquées ŕ des produits civils. Aujourd’hui, ce n’est plus vrai, mises ŕ part des spécificités militaires comme la furtivité. Les Européens peuvent s’en réjouir : souvent abandonnés par leurs politiques, incapables de s’inspirer du savoir-faire américain, ils tiennent difficilement tęte aux F-15, F-16 et F-35 mais sans ętre empęchés pour autant de mettre sur le marché des avions commerciaux supportant la comparaison avec les productions Made in USA. Ceci compense presque cela.
Pierre Sparaco - AeroMorning

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