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Quand Valls se démarque, les démagos sont de sortie

Publié le 26 mars 2009 par [email protected]

Je reviens ici sur la tribune parue sur le blog de mon « maître à penser », qui est clairement la personne pour qui j’ai envie de rester au PS : Manuel Valls. Il critique le ton exagéré du livre dernièrement sorti par le PS sur les libertés individuelles (livre que vous pouvez télécharger ici). Il ne dit pas être contre ce livre ni ce qu’il s’y dit, mais dénonce simplement le caractère démagogique qui peut lui être connoté, et le manque de propositions et d’alternatives qu’on y trouve. C’est sans doute le reproche que l’on a le plus entendu d’ailleurs, par rapport à cet ouvrage : son manque de réponses.

Le message de Valls est pourtant clair : « Nos critiques (...) seront d’autant plus audibles qu’elles s’appuieront sur un projet global d’approfondissement de notre démocratie ». En d’autres termes : ça ne sert à rien de critiquer ou de s’opposer systématiquement si en face, nous n’avons rien à proposer. Il me semble que notre camarade Manuel voit juste, puisqu’il s’agit là de l’un des aspects de notre comportement qui nous est souvent reproché.

De son côté, c’est Claude Bartolone qui réagit comme un éternel chien de garde à chaque fois que quelqu’un « ose » critiquer ou mettre quelconque réserve vis-à-vis de l’orientation actuelle du parti, fustigeant Valls et lui reprochant de n’avoir « rien à proposer » ou encore de « refuser de contribuer à l’œuvre collective de son parti ».

« L’œuvre collective »...voilà qu’on sort les grands mots. Si la situation actuelle du PS, l’ambiance au bureau national, la manière dont les listes pour les européennes ont été conçues, l’image des socialistes aux yeux des français, le monumental bide du Zenith, sont le fruit d’une « œuvre collective », alors on est mal.

Valls n’aurait donc « rien à proposer » d’après Mr Bartolone. Je pense que notre camarade, Président du Conseil Général de Seine Saint Denis pourrait au moins avoir la décence de lire le texte de Manuel Valls avant de le critiquer. Si Mr Bartolone a lu la tribune de Valls, alors cela s’appelle de la mauvaise foi.

Car on y trouve des réponses, ou du moins, des pistes de réflexions, quant à la question de l’immigration («nous devons proposer une autre politique de l'immigration, réaliste, maîtrisée, basée sur des critères partagés par tous »), sur le travail législatif («nous devons dénoncer les approches managériales des problèmes qui sacrifient la réflexion sur les fins au profit de l'efficacité des moyens »).

Sur la question des libertés, Manuel Valls est encore une fois, on ne peut plus clair : « nous devons refuser le faux choix entre la liberté et la sécurité », ou encore « la gauche devrait savoir que les mécanismes de contrôle (...) fonctionnent avec la participation – pour ne pas dire la complicité – de tous »

Son orientation est claire, et en phase avec la dynamique progressiste qui a toujours animé celle du Parti Socialiste. La différence réside dans le ton, puisqu’en voulant sortir du système de l’opposition systématique et frontale, Manuel Valls souhaite rendre plus pertinent le clivage politique qui nous oppose à la droite, plus palpable pour le citoyen, afin de lutter contre ces réflexes gauchistes comme la droite peut avoir ses réflexes réactionnaires. Réflexes qui jusqu’ici nous ont bloqué dans des postures passéistes, nous empêchant de faire notre mutation, cette rénovation nécessaire pour enfin définir une gauche du 21ème siècle.

Manuel Valls ne critique pas forcement l’idée de faire un ouvrage sur les libertés, mais simplement le ton de cet ouvrage, trop obsessionnel à son goût et à la limite de la paranoïa. Il rappelle surtout implicitement que les libertés ne représentent pas la priorité des français quant à leurs incertitudes à l’heure actuelle. Cette intuition me semble être la bonne, quand on constate le peu de monde qui s’est déplacé au Zenith dimanche dernier (moins de 1000 personnes). Il semble clairement que les français attendent les socialistes sur la crise économique et non sur la question des libertés.

La réaction du député de l’Essonne par rapport à l’ouvrage sur les libertés du PS n’est absolument pas une forme de soutien quant à la politique de Nicolas Sarkozy, mais bel et bien une proposition de réorientation d’un discours d’opposition qui aujourd’hui ne porte pas.

D’autre part, les réactions de mépris que l’on peut trouver sur la toile par rapport aux propos de Valls me font doucement rire (les pires sont celles que l'on peut lire à la suite de sa tribune dans l'espace réservé aux commentaires). La direction actuelle, qui était quasiment la même depuis l’élection de Sarkozy, avait toute la liberté de faire son travail et de s’opposer de manière constructive plutôt que de ne se focaliser que sur leurs egos en vue du congrès. Qu’ils ne s’étonnent pas si aujourd’hui, les libertés sont en recul.

Le PS est un parti qui dit tolérer la démocratie et la liberté d’opinion, malheureusement, il s’enflamme quand l’un des siens conteste la ligne officielle. Mais où est le débat d’idée si l’invective est la règle ?

J’ai malheureusement bien peur que depuis le congrès, rien n’ait vraiment évolué, et que le PS, derrière l’antisarkozysme, cache une nouvelle fois un vide de pensée. Manuel Valls, face à tous ces apparatchiks qui n’hésitent pas à dégainer lorsqu’un camarade est en désaccord, a le courage d’être objectif et de dire ce qu’il pense.

Mrs Hamon, Bartolone et consorts devraient se mettre dans la tête que ce n’est pas l’antisarkozysme qui nous amènera aux affaires (il a déjà échoué en mai 2007) mais uniquement un programme et une ligne politique claire. Il est évident que c’est bien plus facile de diaboliser l’autre au nom de soit disant bons sentiments. Avec des slogans du type « Libertés surveillées » ou bien encore « République en danger », nous voilà revenus avec les mêmes types d’arguments de la campagne présidentielle de 2007 qui nous ont fait perdre. Il serait grand temps que le PS oublie un peu Sarkozy et qu’il prenne en compte la complexité de notre environnement afin de faire de la politique au sens noble du terme.

Continuons à diaboliser Sarkozy et nous tomberons tous dans le piège qu’il nous tend afin de lui ouvrir un boulevard au centre. Je crois qu’actuellement nous avons plus utile et plus urgent à faire que de s’enfermer dans des postures gauchistes et démagogiques qui n’ont plus lieu d’être, Besancenot s’en charge et il le fait très bien. En attendant, on perd notre temps à courir derrière le NPA.


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