Je voulais vous dire…
J’ai retrouvé vos lettres, hier au soir, en rangeant un placard.
Elles étaient là, serrées, un peu froissées, les unes contre les autres, entre des photos jaunies et un classeur usé.
Je pensais les avoir jetées, avec mon ancienne vie, tout bonnement, comme on jette l’eau de son bain, en tirant un bouchon.
Et elles étaient là, à nouveau, dans mes mains, et elles existaient, encore.
Etrangement, le hasard, cet ange gardien du destin, m’avait remis sur leur voie, pour cesser de douter, sans doute, pour ne pas oublier, pour éviter le pardon.
Alors, j’ai relu vos mots, ceux qui me faisaient tant frémir autrefois, les mêmes qui m’enlaçaient à m’étouffer, sous cette écriture sage et fine, trompeuse, que je connais si bien.
Et je me suis souvenue, aussi, de cette frayeur, glacée, que je ressentais, lorsque rentrant chez moi, encore étudiante, mon cartable sous le bras, j’apercevais ce petit rectangle blanc m’attendant sagement dans ma case courrier.
Une lettre, vos mots, comme des couteaux, qui me déchiquetaient ensuite, lentement, dans le silence de ma chambre, des mots terribles, menaçants, qui ne parlaient que de moi.
Mère, j’ai retrouvé vos lettres hier au soir.
Je les ai lues, entièrement.
Je suis heureuse, elles ne m’ont pas tuée…cette fois-ci.