C’est le Festival de cinéma des 3 Amériques depuis mercredi soir et, quoi de mieux pour se mettre dans le bain, que d’aller voir un documentaire sur quelques casse-cou qui descendent des côtes à toute vitesse grimpés sur des chariots d’épicerie?
Carts of Darkness est une réalisation de Murray Siple, ancien fan de planche à neige spécialisé dans les films sur les sports extrêmes, qui renoue avec le cinéma 10 ans après un grave accident d’auto qui l’a rendu paraplégique. Une rencontre avec des sans-abris de son quartier de North Vancouver qui pratiquaient ce hobby plutôt original, l’a amené à faire des parallèles avec le sentiment grisant qu’il ressentait à faire de la vitesse sur sa planche. À partir de là, la relation d’intimité qu’il a lentement établie avec eux s’est transformée en une beau récit sur l’amitié, l’itinérance et la liberté.
On est loin du film à la Jackass où il fait bon de se casser la gueule entre amis avec des défis de fin du monde. Au-delà des records de vitesse et de distance sur ces boîte-à-savon modernes, on nous raconte un pan du quotidien de ces ramasseux de bouteilles vides. Leurs randonnées quotidiennes pour faire le tour des bacs bleus des quartiers cossus, cueillir leur lot de bouteilles et canettes qu’ils iront échanger contre quelques dollars. À peine 4-5 heures de “travail” par jour pour se payer l’essentiel et ensuite profiter du temps qui reste pour simplement “vivre”. Griller une cigarette et boire de la bière entre copains dans un sous-bois, gratter la guitare, ou même cultiver des fleurs.
Murray Siple a su gagner la confiance de ces hommes et c’est ça qui fait la force de Carts of Darkness. Sans en faire des héros, on présente d’une façon simple mais touchante ces hommes ordinaires, qui ont fait des choix de vie en marge des autres.
Un film que j’ai choisi, j’avoue, attirée par l’heure de sa présentation plus que par son synopsis, sauf que c’est souvent dans ce temps-là qu’on fait de belles découvertes qui nous auraient échappées autrement. D’autres films sont à notre horaire en fin de semaine, on y reviendra!