Magazine

Ecotrail : Témoignage émouvant...

Publié le 26 mars 2009 par Stephanebigeard


Je m’appelle Nicolas, simple étudiant de 20 ans sans passé sportif exceptionnel.
En effet, je n’ai à mon actif que quelques années de foot à un niveau plus que moyen.
Il y a encore 1 an je pratiquais la course à pied une ou deux fois pas semaine, juste histoire de faire du sport.
Je m’étais quand même essayé à un semi-marathon que j’avais terminé après deux heures de souffrance !
Imaginez donc ma surprise quand, en juillet dernier, Pascal (2 marathons des sables et un UTMB à son actif, entre autres…), l’oncle de ma copine, Charlotte, et le mari de Karine (retenez ces prénoms ils seront déterminants par la suite!) me propose de m’inscrire à l’Ecotrail de Paris avec lui.
Sans hésiter je réponds oui et m’empresse d’aller sur le site Internet de la course où je découvre un détail que j’avais oublié de demander à Pascal :
...la distance est de 80 km
... avec en plus, 1500m de dénivelé positif
!!!
Je décide quand même de relever le défi, d’autant plus que la course n’a lieu que le 14 mars 2009…
14 Mars 2009, 11h :
Après plusieurs mois d’entraînement et un trail de 23 km couru un mois auparavant en 2h38min27s, le jour J est enfin arrivé.
La nuit à l’hôtel s’est plutôt bien passée pour Charlotte et moi, en revanche Karine et Pascal ont moins bien dormi.
11h50 : nous sommes enfin dans le sas de départ.

Pascal paraît anxieux, ce qui ne me rassure pas et me fait prendre conscience de l’ampleur du défi.
Même si je rêve de terminer, je pars avec l’intention d’aller le plus loin possible mais sans illusions, 80 km c’est vraiment long, d’autant plus que la plus longue distance que j’ai courue est le trail de 23 km.
12h05 : le départ est donné par le vainqueur de l’année dernière (6h15min…), Pascal me dit de nous mettre sur la droite pour que Karine et Charlotte, qui nous accompagnent à chaque ravito, nous prennent en photo.
Nous nous souhaitons bonne course et déjà Pascal part devant et se fond dans la masse des coureurs…me voilà seul.
Le premier ravitaillement est à 21 km, un semi cela semble abordable !
En effet, cette première partie se passe sans grandes difficultés mais je suis étonné du dénivelé assez impressionnant des côtes, certes plutôt courtes mais raides !
J’effectue le semi en 2h24min.
J’y suis accueilli par Karine et Charlotte qui m’aident à remplir mon Camel Back.
Les cuisses sont un peu tirées, je prends un verre d’eau, quelques morceaux de banane et me voilà déjà reparti.

Cette fois j’entre en territoire inconnu, les côtes sont de plus en plus fréquentes et commencent à laisser des traces.
Vers le 30ème km, alors que je veux m’hydrater, je m’aperçois que j’ai déjà épuisé tout mon stock d’eau (2L), je commence donc à paniquer, d’autant plus que le prochain ravito est au 50ème km.
Je me rends compte que j’ai très mal géré mon stock d’eau et que je n’arriverai pas jusqu’au ravito si je ne peux pas remplir mon sac.
Quelques km plus loin, je demande à une bénévole (je salue au passage leur prestation !) si c’est possible que je lui prenne de l’eau de sa bouteille afin de remplir mon sac.
Elle accepte mais je dois lui en laisser: je lui en prends un peu moins d’1L, c’est peu pour parcourir les 17 km qui me séparent encore du ravito mais c’est mieux que rien !
A partir de 40 km je sens que je commence vraiment à faiblir.
Cela fait 5h30 que je cours, les côtes, surtout les descentes me font de plus en plus mal aux jambes.
Mon moral commence à baisser mais tout à coup, j’aperçois des drapeaux à travers les arbres, je me dis alors que c’est le ravitaillement du 50ème et je m’étonne d’avoir parcouru la distance aussi rapidement.
Mais en me rapprochant encore, je me rends compte que c’est le check point intermédiaire du 43ème km…Grosse déception !
Cela me met un coup au moral qui n’était déjà pas au beau fixe !
Je continue tant bien que mal et j’arrive au ravito 2h plus tard c'est-à-dire à 19h30 après avoir entendu la musique du groupe présent pendant 1/2h.
Quand j’y arrive ma décision est prise, j’ai beaucoup réfléchi, cela fait 1h que je n’arrive quasiment plus à courir, je me traîne littéralement, je ne peux plus manger et j’ai des nausées.
Je décide donc de m’arrêter là en me disant que 50 km c’est déjà un exploit.
Puis j’aperçois deux personnes qui applaudissent les coureurs dans la nuit, je relève la tête et, avec la lampe frontale je reconnais Karine et Charlotte.
Cette dernière se jette sur moi en criant « c’est mon loulou ! », ça fait plaisir de voir sa chérie !
Cela me réconforte mais je vois bien que mon visage les inquiète.
Cependant plutôt que de me dire d’arrêter comme je l’avais prévu, elles me disent de ne pas m’arrêter trop longtemps, de remplir mon sac, boire une soupe et d’y aller !
Je me rends compte alors que ça fait 2h qu’elles m’attendent et que l’idée que j’abandonne ne leur a pas traversé l’esprit !
Cela me chamboule totalement l’esprit, d’autant plus que le prochain ravito est à 13km c'est-à-dire au 63ème.
J’arrive tant bien que mal à avaler une soupe pendant que Charlotte et Karine m’encouragent et me poussent mais je n’arrive toujours pas à redécoller.
Je m’étais tellement mis dans la tête que j’arrêtais là que l’idée de continuer me semble folle !

Puis je décide d’y aller, surtout pour faire plaisir à mes deux supportrices et à Pascal qui, je ne l’ai su qu’après, leur avait donné comme consigne de me pousser à continuer et me remonter à bloc coûte que coûte !
Je repars donc avec des hauts le cœur provoqués par la soupe et la ferme intention d’aller jusqu’au prochain ravito mais de m’arrêter là !
Après quelques km, je me retrouve totalement seul dans la forêt, éclairé par ma frontale et désemparé.
J’en veux à la terre entière, je peste contre Karine et Charlotte qui m’ont poussé à continuer, je m’en veux de m’être lancé dans cette course, je suis épuisé et en colère seul dans un bois !
Je sens les larmes monter, des larmes de désespoir et d’épuisement mêlées à des larmes de rage et soudain j’aperçois un coureur en sens inverse qui me dit qu’il fait demi-tour car il abandonne.
J’hésite longuement à le suivre mais me refuse à faire demi-tour, je préfère m’arrêter au ravito suivant.
Je me dis que si je continue à m’énerver seul et ne pas avancer, je n’arriverai jamais au ravito.
C’est à ce moment qu’un groupe de coureurs/marcheurs me rejoint.
Je décide de les suivre tant bien que mal et j’aperçois une personne malvoyante avec son guide dans le groupe, chapeau bas, je n’ai vraiment pas à me plaindre…
J’arrive néanmoins à les suivre et au fil des km je me remets doucement à courir et même à dépasser quelques coureurs qui, à ce stade de la course, sont plutôt des marcheurs.
A l’entrée d’un haras, je croise un bénévole qui me dit que le ravito est à 300m. 300 petits mètres !
Cette info me redonne de l’énergie, je me sens de mieux en mieux, j’ai canalisé ma colère dans mes jambes et je suis pris d’une idée qui, pour la première fois me parait concevable : je pourrais peut-être terminer !
Certes il reste 20 minutes avant la fermeture de ravito et donc la disqualification mais je veux tenter.
Au ravito Karine et Charlotte ne sont pas là, elles doivent être à la tour Eiffel pour l’arrivée de Pascal, en effet il vient de terminer après 9h20 d’effort…
... la grande classe !
Les bénévoles sont vraiment super, on m’aide à remplir mon sac, un mot d’encouragement, un morceau de chocolat et me voilà reparti.
Les 7 km suivants qui rallient le prochain ravito (70km) sont avalés en une heure, je suis euphorique !
Bien sûr je ne cours plus, je boite et ne ressemble plus à grand-chose mais tout va bien !
J’arrive au ravito qui se trouve au parc St Cloud vers 22h45, avec vue sur la capitale.
On peut enfin voir la fameuse tour Eiffel !
Je repars mais dois faire demi-tour après 50m car j’ai oublié mes gants.
S’en suit une longue et douloureuse descente vers les quais de Seine d’environ 2 km et, à la sortie du parc : surprise !
Karine, Charlotte et Pascal m’attendent !
Quelle joie, cela me remonte encore plus.
Pascal m’accompagne pendant 200m bien qu’il vienne de faire 80 km !
On se donne rendez-vous à la Tour Eiffel.
J’arrive à courir sur un peu moins d’1 km, les quais de Seine sont interminables mais j’arrive enfin au pied de la Tour.
Je me force à courir sur les derniers mètres, et manque de me faire écraser par une voiture.
Je suis accueilli par mes trois supporters, ça fait chaud au cœur.
J’entends le speaker dire mon nom au micro et je suis euphorique avant d’attaquer la dernière difficulté, et pas des moindres.


J’entame donc l’ascension de la dame de fer et arrive enfin, 10 minutes plus tard, au premier étage et donc à l’arrivée !
Je passe sous l’arche d’arrivée et peux enfin avoir mon tee-shirt « FINISHER » que je suis extrêmement fier d’arborer !
Une tape amicale d’un bénévole me fait chanceler et me fait prendre conscience de mon état de fatigue mais quel bonheur !
Les endorphines font sûrement encore effet car je marche à nouveau (presque) normalement.
Quand je redescends (en ascenseur !) je suis à nouveau accueilli et félicité par Karine, Pascal et Charlotte.
Je leur suis très, très, très reconnaissant.
Sans eux, je ne serais pas arrivé au bout de cette aventure.
Ils sont très fiers de moi, ça fait vraiment plaisir !
Ma maman et mon beau-père le sont aussi et mon frangin m’appelle désormais Monsieur!
Une semaine après, je suis vraiment très heureux d’avoir réussi cette aventure et cherche déjà une prochaine course à faire !
J’espère que ce récit vous donnera des idées et l’envie de vous surpasser sans évidemment, mettre vos proches de côté.
Plus que l’entraînement et la préparation, ce sont eux finalement le véritable moteur !
"CHapeau bas"... Monsieur Nicolas !!!

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Stephanebigeard 3992 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte