Dans Bastakiya, le ‘vieux’ Dubaï, les maisons à tour à vent datent de 1900; proprement rénovées, elles font un peu ‘village Potemkine’. Plusieurs galeries se sont rassemblées là pour une foire ‘off’ où j’ai fait plus de découvertes intéressantes qu’à Art Dubaï même.
La Syrienne
Buthayna Ali présente chez
Green Art une installation,
I’m Ashamed, dans la pénombre d’une pièce fraîche. Suspendues au plafond, formant comme un voile, des centaines de photographies représentent les morts de
Gaza. Les visages sont à peine visibles dans l’obscurité, les feuilles de celluloïd tremblent légèrement sous le souffle des ventilateurs. Parfois une lampe s’allume, en éclaire quelques-uns. Ce travail de mémoire évoque
Boltanski bien sûr, mais ici souffle et lumière tentent vainement d’animer, de ressusciter ces formes fluides, de rappeler ces fantômes assassinés.
A la galerie The Third Line, l’Emiratie
Ebtisam Abdul-Aziz travaille sur d’autres traces, d’autres signes, s’efforçant de découvrir quasi scientifiquement nos comportements, nos personnalités à travers les empreintes que nous laissons, qu’il s’agisse des impacts de balle sur une cible au stand de tir ou d’une radiographie de nos bagages à main (
Life in a bag). L’univers sécuritaire, la violence ne sont pas très loin dans ce travail rigoureusement construit.
La tour de casques de chantier jaunes de l’Egyptienne
Rania Ezzat évoque ces ouvriers invisibles, ces sous-prolétaires qui construisent cette ville : on ne sait rien d’eux, seule subsiste cette couleur jaune omniprésente sur les chantiers.
La galerie
Cuadro montre les travaux de la photographe saoudienne
Manal al-Dowayan, portraits symboliques de femmes diplômées mais incapables de travailler, de faire du sport ou de conduire une voiture dans leur société traditionnelle (
I am an Architect). Au delà du message, ce sont des portraits contrastés, aux lignes dures et à la composition très structurée. La même galerie montre comment le photographe
de l’AFP
Ramzi Haidar a enseigné la photo à des enfants palestiniens dans des camps au Liban (projet
Lahza). Ci-dessous une photo de
Manal Mostafa Diab avec la mer au loin : avant de pouvoir l’atteindre, le regard franchit les ruines du camp bombardé et survole un cimetière (
Camp de Rachidiyeh). La jeune photographe n’a pas sept ans…