Après deux longs mois à se poser des questions sur l’état administratifs du supermarché où je travaille, le verdict est tombé le Mardi 3 Mars à 8h45. Fichtre ! J’étais en congés moi ! Et on m’a fait venir au boulot pour un tout petit quart d’heure de réunion. Le verdict est donc tombé. Notre patron nous a annoncé pour des raisons particulières qu’il était obligé de quitter son poste et revendre la boutique au groupement mousquetaire qui nous adjoindra dès que possible un ou des nouveaux patrons. Oui, parce que parfois, les patrons de supermarché ça marche par paire, le plus souvent par paire mixte. Un homme, une femme, en général mariés et avec des enfants. Bon, je suis quand même un peu triste moi ! Parce que je l’aime bien mon ex-patron ! Malgré certaines choses, son côté un peu bougon, il est d’une rare humanité. Jamais aucun des patrons que j’ai connu n’avait autant pris de mes nouvelles pendant mes arrêts maladie. Et puis si lui ne m’avait pas proposé un CDI, je n’en aurais peut-être pas signé ailleurs …et je n’aurais pas pu acheter ma maison ! Enfin bref, on sait ce qu’on avait, on ne sait pas ce qu’on aura !
Et puis lundi dernier, nous sommes passés à la moulinette de l’inventaire de cession. Une journée formidable et passionnant où l’on inspecte tout de fond en comble !
Je compte , tu comptes, il compte, nous comptons, vous comptez, ils comptent.
Et comme c’est un inventaire très particulier, le magasin était fermé toute la journée. Evidemment, le départ des festivités était à 6h00 pétante du matin. Un réveil plutôt difficile pour ma part puisque la veille j’avais joué toute la journée les chanteuses animatrices de campagne. Vaille que vaille, il fallait me motiver !
J’arrive donc à 5h59 devant les portes vitrées automatiques de l’entrée. Un petit groupe de collègues est déjà là. Lorsque les portes s’ouvrent, je ne sais pas pourquoi, mais je lance un joyeux « Bonjouuuur » à tout le monde. Il fallait bien les faire sourire un peu ! Nous avons plusieurs directives. D’abord, tout est à faire dans les règles de l’art. De manière très officielle et très organisée. Chaque demi-rayon, donc chaque rangée d’étagère, est compté par deux personnes qui doivent signer et noter leur nom sur les feuilles délimitant la zone de comptage. Nous avons également ordre de ne pas comptabiliser les éléments ayant une date de péremption inférieure au 24 Avril 2009. Il faut donc absolument tout vérifier, article par article. Soit comptons !
Je me retrouve au hasard avec ma collègue N. au rayon des bonbons et chocolats. Quelle veinarde suis-je ! Moi qui avec mon rééquilibrage alimentaire n’ai plus le droit de m’empiffrer de ces vilaines choses grasses ou sucrées ou les deux ! Je suis tout particulièrement gâtée ! Et finalement, ce n’était pas une si mauvaise idée que ça que d’être casée là dedans ! Depuis j’exècre infiniment ces saletés de paquets de bonbons et autres confiseries dont les emballages ont été spécialement inventés pour glisser des mains , tomber par terre et m’énerver considérablement. POF les fraises tagada. PAF les petits pimousses aux fruits. Oh, un paquet de michokos volant ! Le problème n’est pas tant qu’ils tombent par terre et qu’il faille les ramasser, le problème est que, quand ces abrutis de sachets de bonbons se cassent la margoulette par terre, ils nous font oublier le nombre que l’on venait d’en compter. « 1,4,7,12,22,26. Ah oui 26, ça y’est je m’en souviens, j’en étais à 26 paquets. ». Et puis il y a certains paquets qui se croient super drôles : t’as beau le retourner dans tout les sens, inspecter centimètre carré par centimètre carré du plastique bruyant, jamais tu trouves cette connasse de date de péremption. « 22122032 ! Ca doit être un numéro de série parce que si c’est bon jusqu’en 2032 c’est quand même inquiétant ! ». Et puis finalement, on finit par la trouver, après avoir perdu son temps à chercher, écrite en blanc alors que le paquet de bonbons en question contient des bonbons…blancs. Parfois, certains concepteurs marketing devraient remettre en question leur ingéniosité commerciale.
Après cette aventure sucrée, j’ai été amenée dans un superbe rayon : celui des sodas, jus de fruits et bières. D’abord, c’est le plus beaux des rayons de l’univers de la grande distribution ! Et je ne dis pas ça parce que c’est moi qui m’en occupe ! 1,2,3,4,5,6 bouteilles de jus d’orange. 18,20 bouteilles de soda au citron…et cetera. Nous passons du côté de la bière, cette fameuse bière qu’en général je n’aime pas trop parce que quand elle s’écrabouille sur le sol et qu’elle m’asperge, je traine une drôle d’odeur sur moi. 1 packs, 2 packs, 3 packs de bière. Et là ô drame, ô tragédie, ô ignominie, ô horreur, ô malheur ! 3 packs de 6 bières périmés. Je fais vachement moins la maligne tout à coup. En même temps, on peut pas toujours tout voir non plus.
Ensuite, nous avons eu l’incommensurable chance de compter les articles de la parfumerie. Je suis toujours épatée de constater tout ce qui peut exister comme soin de visage et dans 36 000 marques différentes : des anticernes, parce que les poches foncées sous les yeux il parait que c’est moche, des repulpeurs révolutionnaires de peau, sinon la pulpe elle reste en bas, des antirides pour les vieilles peaux, des antiridules pour les peaux moyennement vieilles, des déboucheurs de pores pour les boutonneux chroniques…
Et depuis que j’ai eu cette chance inouïe de les compter, je déteste profondément Barbara Gould qui ne tient pas debout. Une minuscule pichenette et PAF le flacon. Et je ne parle pas des gammes Diadermines et autres atroces tubes de crèmes qui me faisaient croire que j’avais des saucisses de Toulouse à la place des doigts !
Il a fallu ensuite aller se geler les mains dans les rayons de yaourts. Mais midi approcha. On nous convia euh non on ne nous convia nulle part. On nous conseilla d’aller manger et de revenir à 14h. Je pensais qu’on allait manger sur place, moi, c’est pourquoi j’avais mené avec moi mon repas équilibré. Je prends la voiture, et après avoir fait même pas deux kilomètres, mon téléphone sonne. Je m’arrête et j’écoute le message : mes collègues me proposent de revenir pour aller manger au restau. Moi je m’en fous, j’ai ma bouffe, donc je les suis, et le restaurateur comprendra bien que je ne puis pas manger ce qu’il cuisine. Je les rejoins donc au village, mais une fois garée mon téléphone ressonne. « Bon c’est fermé, tu sais où c’est ****** », « Euh, non », « tu prends à droite, puis à droite, direction Tarbes ». Ouais sauf qu’en fait j’ai pris direction Tarbes mais sur une route parallèle. Et ensuite j’ai tourné à droite donc je me suis retrouvée complètement à l’opposé du second point de rendez-vous. Je m’apprête à faire demi-tour quand mon téléphone sonne à nouveau. J’ai horreur qu’il sonne quand je conduis ! Je m’arrête, je réponds. « T’es où ? » « Bah vers ****** , je fais demi-tour là » « Va jusqu’à ***** et prends à gauche dans le village ». Je vais je vais, je prends à gauche, et je trouve la bonne route. Mon téléphone sonne encore, je m’arrête à nouveau, hors de question de conduire avec un téléphone collé à l’oreille alors qu’il y a un fossé des deux côtés de la route. « T’es où ? ». SUR LA ROUTE ! ET JE ROULE PAS COMME UNE TIMBREE POUR VOUS REJOINDRE ! « Sur la bonne route ! » « Bon on repart à ******* c’est fermé ici ! ». Entre temps je croise une collègue qui m’attend sur la route. Je lui dis qu’on repart au point de départ. Sur place on trouve une terrasse et des sandwichs , enfin moi, j’étais bien contente d’avoir ma grosse salade !
A 14h, retour au comptage. Crèmerie, volaille pour ma part. Vers 15h, on m’a proposé d’aller faire les relevés de comptages avec les MSI ou telxon. Il s’agit d’un petit appareil portatif qui, quand on le serre dans la main, scanne les codes barres.
A moi les piles, les bougies, une partie des pâtes et des biscuits ! Mais ma main se crampe régulièrement. Il faut attraper les feuilles déterminant une zone de comptage, les signer, et attendre le déchargement de chaque zone relevé. C’est long et fastidieux, mais c’est le seul moyen de vérifier les anomalies et de les retrouver facilement. Nous avons terminé par la réserve, un monde assez catastrophique, avec des cartons partout. Mais nous en sommes venus à bout, et à 18h30, j’ai pu rentrer chez moi !
Mais les inventaires de ce genre, c’est encore plus fatigant que de passer une journée en caisse ou décharger 10 palettes de liquides ! Non seulement de repartir avec l’impression d’avoir une myxomatose aigue d’avoir gardé les yeux fixés et grands ouverts sur les codes barres et les produits, l’épuisement est à son comble.
J’avoue quand même avoir bien rigolé quand, durant la journée et malgré la dizaine d’affiche disséminées sur les portes et le rideau des portes de sorties fermé et le panneau publicitaire en plein milieu de l’allée extérieur, des clients ont tenté d’entrer en cognant le caddie contre les portes vitrées, ou ceux qui ne voyaient pas les affiches, et la mamie qui quand on lui a expliqué a dit « Mais je peux pas entrer faire mes courses quand même ? » …bah non madame…