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La ligne foncée : Georges Rouault

Publié le 28 mars 2009 par Myriam

Au risque de vous surprendre, en restant toujours sur la ligne et sur le Japon, je voudrais simplement vous présenter quelques œuvres d'un peintre du vingtième siècle français, Georges Rouault, assez peu connu du grand public dont un amateur japonais a réunit près de 400 œuvres, la collection Idemitsu. Soixante-dix des toiles qui la composent étaient présentes pour la première fois en France, depuis la seconde guerre mondiale, à la Pinacothèque de Paris (du 17 septembre 2008 au 18 janvier 2009).

Rouault - Femme au tambourin
Ce qui frappe le plus chez Rouault, c'est l'accentuation volontaire des formes, la densité des couleurs utilisées pour ses premières œuvres (couleurs qu'il diluera par la suite avec de l'essence), et ces traits noirs, épais, qui sertissent tel un vitrail le dessin (lorsqu'il était jeune, il était apprenti chez un peintre de vitraux), avec toujours ces cernes noirs autour des yeux.

Proche du fauvisme de Van Dongen ou de l'expressionnisme d'Emil Nolde, on retrouve dans sa peinture des traits à la Daumier ou très proches des peintures noires de Goya. Mais, par rapport à ces peintres, il y réside une dimension supplémentaire, comme un supplément d'âme, comme une sorte de rédemption accordée à ces petites gens qu'il s'emploie à peindre, tous ceux que la société rejette (prostituées, saltimbanques, ...). Ci-contre, "La femme au tambourin", huile sur papier entoilé, 1931-1939, © ADAGP Paris 2008.

Peintre engagé dans le christianisme, on pouvait également admirer à cette exposition des passions du Christ, peintes dans les années 1930, sur des petites toiles carrées, telle des icônes, et qui ont été d'ailleurs les premières œuvres collectionnées par cet industriel japonais Idemitsu de religion shinto et amateur d'art

"Bien loin du réalisme, Rouault est un visionnaire. Ces êtres dont il peignait la déchirante nudité, il rêvait de leur ressembler, de se mêles à eux : "Enfants de la balle sur toutes les routes ... vous qui cheminez doucement en hiver vers le soleil, la plaine verte au printemps ou vers la mer océane, je vous ai toujours enviés, attaché à la glèbe picturale comme le paysan à son champ ...". (1)

Traits noirs qui évoquent des similitudes avec l'art de la calligraphie, sérénité des œuvres de maturité qui invitent à un voyage intérieur, voilà deux points d'ancrage qui expliquent certainement l'attrait de Rouault au Japon.

(1) Propos de Rouault rapportés par Georges Charensol, Les grands maîtres de la peinture moderne, Editions Rencontre Lausanne, Paris 1967


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