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Le vrai problème du VIH

Publié le 29 mars 2009 par Samiahurst @samiahurst
Le vrai problème du VIHOn parle beaucoup du VIH ces temps. Du coup, n'oublions pas qu'un des problèmes les plus graves de cette épidémie, du moins en termes éthiques, est l'inégalité d'accès au traitement. Celui du VIH lui-même, mais aussi celui de maladies qui peuvent 'profiter' de sa présence, comme par exemple la tuberculose.
Les inégalités se creusent actuellement dans de nombreux pays, même si elles diminuent au niveau global (un paradoxe très bien expliqué ici). Et elles sont mauvaises pour la santé. A cela s'ajoute une triste évidence: si vous êtes malade, vous avez de meilleures chances d'être soigné si vous vivez dans un pays riche, ou êtes riche vous-même, que si vous êtes sans le sou dans un pays sans couverture sociale digne de ce nom.
On a même vu récemment un défi d'un genre inhabituel. Un blog médical a proposé qu'une théorie de la justice sociale soit jugée sur la manière dont elle fonctionne, ou non, quand on l'applique à la santé. Alors à l'heure ou le VIH tue 2 millions de personnes par année, et où l'éradiquer est -en théorie du moins- abordable, l'impact d'actions touchants aux inégalités mondiales sur cette maladie doit tout au moins compter.
Et comment nous en tirons-nous? Pas très bien. L'église catholique dit vouloir le bien des pauvres, mais instrumentalise le HIV pour préconiser la chasteté. Le fond PEPFAR de l'ex-président Bush, affiché comme un moyen d'aider les victimes défavorisées de l'épidémie, avait longtemps financé exclusivement des programmes de prévention basés sur l'abstinence, et également préconisé des traitement fabriqués aux USA quitte à ne pouvoir soigner qu'une fraction des victimes que l'on aurait pu aider avec des génériques. Largement parlant, on est d'accord d'aider, parfois, mais surtout dans la mesure où l'on peut ce faisant servir nos propres intérêts. Médecins sans frontières, une des ONG les plus actives dans la promotion du traitement antirétroviral pour les personnes atteintes des pays pauvres, l'a d'ailleurs bien compris. Dans une campagne video impressionnante, le VIH est dépeint sous les traits d'une boule destructrice qui touche le spectateur non seulement par les victimes qu'il fait, mais en lui arrivant dessus à l'écran.
Alors, la justice, pour notre propre intérêt seulement? Peut-être. Mais même là nous devrions sans doute en faire davantage. Et même un peu plus pourrait faire une grande différence. Un article récent de Peter Singer dans le New York Times résumait ainsi la chose. Si nous pouvons apporter de l'aide sans en souffrir, ne sommes-nous pas d'accord que c'est ce que nous devrions faire? Selon une échelle de contributions qui ne toucherait véritablement pas le niveau de vie, les sommes récoltables si chacun faisait juste cela, et rien qu'aux USA, s'élèvent à 404 milliards de dollars. Assez pour éradiquer plusieurs fois le VIH, et faire aussi bien d'autres choses.
En Suisse, le revenu moyen brut des ménages est de 101'800.- par an. De quoi faire, si collectivement nous contribuions 5% (nettement moins que ce que Singer préconise) plutôt que les 0.5% du RNB réclamés par le parlement. Donner où? Il y a le choix. MSF n'est qu'un choix parmi d'autres, comme le Fonds 1% pour le développement, ou le prêt sur Kiva. Mais si la prévention du VIH vous semble importante et que vous êtes motivé, vous pouvez en plus envoyer un message. Envoyez un don à une ONG active sur le terrain, comme MSF justement, mais faites-le au nom d'un opposant au préservatif. Inscrivez sur le bulletin 'en l'honneur de...' et prenez le temps de choisir. George W Bush, Benoit XVI, André Fort, ou pourquoi pas tous les trois?

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