Discrimination : on en est où ?

Interview de Bariza Khiari, sénatrice des Hauts de Seine par le blog PS76.

Bariza bonjour, quel constat fais-tu sur la diversité en France ?

BK : Bonjour. Il y a une vraie prise de conscience progressive du pays sur ces questions. Le simple fait d’être passé de l’expression «lutte contre les discriminations» à celle de «promotion de la diversité» montre une évolution des esprits. Par «lutte contre les discriminations» on renvoie les personnes visées à leur différence vécue comme un obstacle  potentiel à l’intégration. Par «promotion de la diversité», on montre l’intérêt que peut avoir une plus forte variété au sein de l’entreprise, de l’institution etc. en terme de conquête de nouveaux marchés, de réponse à de nouvelles demandes, de culture d’entreprise etc.

Plus encore, le regroupement de questions multiples comme le handicap, la parité, les inégalités sociales, les préférences sexuelles sous le domaine de la diversité représente une avancée. Cela montre qu’au-delà des différences, les mêmes processus d’évitement sont à l’oeuvre que l’on soit pauvre, femme, d’origine étrangère ou handicapé. Il faut déployer une politique globale autour de ces questions sans chercher à opposer ou à laisser quelqu’un sur le bord du chemin. Cela ne veut pas dire que la situation est désormais acceptable. Le changement de regard ne s’accompagne pas toujours d’un changement tangible dans les faits.

Beaucoup reste à faire pour que la diversité soit plus présente dans la vie quotidienne. Ainsi, j’ai fait voter au Sénat une loi visant à supprimer  les conditions de nationalités pour accéder à certaines professions. C’est une avancée symbolique qui permet à des gens qui ont fait leurs études en France de pouvoir exercer dans notre pays, ce qui n’était pas possible avant. Une telle loi rejaillit sur les populations issues de l’immigration parce qu’elle leur montre que la République est sensible à leur situation et met tout en oeuvre pour ne pas les exclure. Cela joue symboliquement.

Le blog PS76 : Nommer un Ministre issu de cette diversité, est-ce suffisant ?

BK : La politique du gouvernement en terme de diversité n’est pas satisfaisante. Je me réjouis de la présence de Ministres issus de la diversité, mais, à mon sens, il ne faut pas s’arrêter là. Les nominations en question sont le «fait du prince», on ne peut s’en satisfaire. Je milite pour que la diversité soit visible par le processus électif, seul légitime pour promouvoir une réelle nouvelle génération plus diverse. Les nominations des Ministres concerné(e)s ont permis une prise de conscience au PS des limites d’anciennes pratiques et ont poussé à de nouvelles étapes dans la mise en valeur sur les listes de la diversité.

Ainsi, je constate que les listes européennes comprennent des membres de la diversité en position éligible, cela constitue un progrès notable et encourageant.

Je pense que l’on va dans la bonne direction mais le chemin est encore long entre les discours et les actes. Par ailleurs, il est intéressant de voir que la promotion de la diversité va de pair avec la parité. Quand sur une liste on essaie de mettre en évidence la diversité, c’est vers les femmes que l’on se tourne très souvent (le Gouvernement en est une claire démonstration). Cela montre que l’on peut encore travailler sur ces questions pour que la diversité se décline aussi au masculin.

Merci. Propos recuillis en mars 2009

Mots-clefs : 27, aubry, Bariza Khiari, blog PS76, bouillon, changement, diversité, femmes, gauche, Hauts de Seine, immigration, inégalités sociales, listes européennes, lutte contre les discriminations, Ministre, MJS76, monde, otan, président-militant-UMP, presse, progrès, promotion de la diversité, ps76, république, region, rouen, socialist

federation | rss