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La révolution du détour.

Publié le 29 mars 2009 par Valabregue

La révolution du détour est le nom qui est en train de s’imposer pour désigner ce qui est en marche à l’heure actuelle face au tsunami mondial qui déferle autour de nous.

Révolution des mentalités, des perceptions, des initiatives, des choix, des systèmes d’évaluation,etc… Brefs détours pour que chacun puisse être un accélérateur de conscience.

Le mot détour vient de la pédagogie et, bien entendu, plus profondément des courants analytiques qui sont d’ailleurs en train de changer totalement de cadre sous la poussée des neuro-sciences.

Face à un blocage, la meilleure stratégie, c’est le détour. Vous faites une « fixette » sur quoi que ce soit depuis des semaines, des mois, des années, des siècles, à quoi bon rajouter du même si l’on veut produire du différent ?

C’est ce qu’ont choisi les chercheurs de la « Ronde du Silence » face au mépris des ceux qui sont aux manettes de l’Etat et ont d’ailleurs de moins en moins de pouvoir pour imposer leurs lubies. Dire :   « on ne vient pas à vos tables rondes», jouer de la présence-absence pour signifier quelque chose, est exactement la stratégie du mutisme de l’enfant, qui correspond d’ailleurs tout à fait à la phase actuelle du développement de l’humanité.
Nous sommes effectivement, à la période de l’âge de raison du développement de la liberté. Liberté dont il reste à écrire le mode d’emploi.

Partout où je vais, j’observe des énergies en marche, certes encore minoritaires, pour tenter de réduire l’importance de l’ineptie de nos orientations.

A savoir, le risque de la destruction d’ un fantastique joujou qui s’appelle la terre et ses habitants par le biais d’un autisme profond sur les règles qui pérennisent un système inadapté, par le biais d’une incapacité à entendre du différent, par trop grande peur d’être menacé dans son identité profonde. « Risque signifie qu’on anticipe la catastrophe »nous rappelle Ulrich Beck.

Certes nous sommes tous, quelque part, responsables de cette ineptie, mais il y en a qui le revendiquent et en sont fiers, d’autres pas.

Au hasard de mes lectures et rencontres, je citerai quelques nouvelles réjouissantes :

  1. Ce polytechnicien, qui après avoir obéi aux injonctions parentales de faire des études et de décider de sa vie après, a finalement choisi de faire un CAP de plomberie à Quimper, je crois. Tout en remarquant qu’il n’avait rencontré personne dans sa scolarité pour le faire se questionner sur ce qu’il pourrait faire de sa vie.
  2. Le livre de Ken Wilber pour relier épanouissement personnel et développement durable (nous disions, il a trente ans : « articuler la jouissance à court terme avec l’investissement à plus long terme ». Il fait réfléchir sur les aspects essentiels de l’attention qu’il serait bon de se porter à soi-même.
    1. Comment se familiariser avec ses principaux états de conscience que sont l’éveil, le rêve et le sommeil profond ?
    2. Quels sont les stades de conscience auxquels nous pourrions accéder ? (stade égocentrique, ethnocentrique, post- conventionnel, mondecentrique.)
    3. Quelles sont les lignes de développement parmi les intelligences : cognitive, interpersonnelle, psychosexuelle, émotionnelle, morale. Comment ces lignes s’imbriquent-elles en un même individu ? Des connaissances qui seront enseignées à l’école, un de ces jours….
    4. Il y donne un cadre, des moyens de replacer notre action dans un tout plus cohérent et d’en approfondir le sens quelque soit son niveau d’évolution.
    5. C’est une invitation à élargir ses perspectives, donc à ouvrir sa curiosité. Curiosité, point nodal où se focalisent les cris de ces jeunes qui en manquent encore cruellement et font de la résistance passive au fond, face à ce qu’on veut leur apprendre.
  3. Rencontré un groupe de jeunes qui bâtissent un modèle d’entreprise fondée sur la compétition et la coopération, permettant l’émergence d’une intelligence collective en termes de développement durable, modèle dont nous reparlerons prochainement.
  4. Cet échange avec Jean Pierre Lepri, ancien inspecteur du primaire, qui a près avoir sillonné la planète, passé des mois dans des écoles au Liban ou en Afrique, tel Candide, constate que dans toutes les cultures, les résistances à l’ouverture sont les mêmes et les moyens de les lever proches et encore faiblement compris par nos gouvernants.
  5. Cet échange avec une jeune femme de 23 ans, brillante étudiante d’origine serbe, qui revient de 6 mois passés à l’université de Columbia et qui, se retrouvant aux prises avec les réticences permanentes du milieu universitaire français, freine des quatre fers pour choisir sa direction, bien qu’elle soit très intéressée par les questions de droit international.
  6. Boris Cyrulnik rappelle que « nous pouvons être résilients pourvu que nous trouvions dans notre entourage des tuteurs de résilience. Des figures d'attachement qui nous aident, jeunes ou moins jeunes, à nous en sortir. »
  7. Cet article de Jean Hugues Dobois sur la façon dont Olivier Ameisen, s’est sorti de la dépendance à l’alcool.
  8. Le courage et l’énergie de mes amis qui affrontent les épreuves de durs cancers.
  9. Le discours d’Eva Joli au lancement de campagne d’Europe Ecologie, où l’on sent que le secret bancaire est en train de céder, mais qu’il faut parfois 40 ans pour avoir des informations sur les transactions réelles.
  10. La déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones et indigènes
  11. Le magnifique livre de Charles Pépin «  les philosophes sur le divan », quand Freud rencontre Platon, Kant et Sartre
  12. La revue Silence est publiée depuis 1982. Elle se veut un lien entre toutes celles et ceux qui pensent qu'aujourd'hui il est possible de vivre autrement sans accepter ce que les médias et le pouvoir nous présentent comme une fatalité.
  13. Un site qui explique comment construire une maison passive.
  14. Les recherches sur l’estomac d’Hoazin pour produire des agros carburants. On pourrait produire du bioéthanol à partir de papier usagé par ex.
  15. La naissance de cours sur ITunes.
  16. Les populations traditionnelles avaient un concept pour la richesse : /ho'o wai wai/, que l'on peut traduire par "eaux vives porteuses de vie". David Korten souligne que cette vision de la richesse contraste fortement avec notre vision abstraite contemporaine. (A lire en anglais).
  17. « La stratégie du choc » de Naomi Klein. Elle y montre que capitalisme et démocratie ne vont pas de pair, pas plus que libre marché et liberté des personnes (de Profondis pour Milton Friedman).
  18. A Sao Paulo, on organise des rencontres entre agresseurs et agressés (pour des personnes qui ne sont pas contaminées par l’idée de vengeance. Beaucoup d’adolescents affirment qu’il est plus facile de rester enfermé que d’être obligé de regarder le visage de sa victime.
  19. Croisement à Marseille avec les enfants de Don Quichotte qui rappellent à tous les bases de la dignité.
  20. Colloque « Formes, déformations, transformations » au Collège de France sous la houlette d’Alain Prochiantz et de Philippe Descola. Je retiens Petitot qui montre bien que l’espace de la physique de Gallilée est tout à fait insuffisant pour rendre compte du vivant Tout s’est passé comme si la mécanique des forces avait rendu énigmatique la dynamique des formes.

Pour ne pas conclure : La nomination d’un crétin, Kay Kurzweil pour inventer la vie éternelle dans une école de futurologie parrainée par Google et la Nasa, obtient la palme de la bêtise du mois.

Ce Voyage m’a amené du côté de la question de l’identité humaine, remise en question par les théoriciens du genre qui ont crée la notion de « sexe social » Le « genre social » est l'identité construite par l'environnement social des individus, c'est-à-dire la « masculinité » ou la « féminité », que l'on peut considérer non pas comme des données « naturelles », mais comme le résultat de mécanismes extrêmement forts de construction et de reproduction sociale, au travers de l'éducation.

Ce qui m’a amené à découvrir Thorstein Vablen qui s’est intéressé, il y a un siècle, à la vanité des pratiques consommatrices des riches qui les conduit à gaspiller du temps.

Et m’a donné envie d’aller faire un tour à l’espace des Possibles à Meschers.

Tout cela pour rappeler que nous appelons à d’autres règles du jeu

Portez vous bien !

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