Duplicity et sensuality
Il est rare, si rare, de comprendre en une scène, deux tout au plus, qu’un film, a fortiori un divertissement tapissé de stars, dépassera de loin les attentes. C’est le cas de Duplicity. Une séquence de prégénérique d’une élégance admirable: au cours d’une soirée à Dubaï, Julia Roberts et Clive Owen, respectivement agents de CIA et du MI5, mêlent l’utile à l’agréable. Madame surtout, qui profite de Monsieur pour lui subtiliser des documents confidentiels. En quelques plans et dialogues champagne, l’entrée en matière renvoie à deux formes de cinéma aimées. Côté face, la guerre des sexes façon comédie des années 1940 ou lorsque Howard Hawks filmait les combats sans pitié entre Cary Grant, spécimen faible du sexe fort face à la détermination et à l’abattage de Katharine Hepburn, Rosalind Russell, Ann Sheridan ou, plus tard à l’occasion de Charade de Stanley Donen, Audrey Hepburn. Côté pile, Duplicity convoque le cinéma d’action adulte des années 1970, avec split screens, élégance et torpeur façon Thomas Crown.

Deux agents secrètement amoureux. Deux encravatés ouvertement belliqueux. L’affaire semble entendue: Duplicity, comme son titre l’indique, sera un film d’espionnage et les encravatés des ministres des Affaires étrangères ou des généraux en civil. Pas exactement. Car, autant il est rare de s’extasier devant une entrée en matière si forte, autant il est rarissime que l’ouvrage ne connaisse ensuite aucun essoufflement, sinon celui du spectateur abandonné en fin de piste à son quotidien, bouche bée, après un final suffoquant d’originalité. Et, là aussi, Duplicity est de ces perles rares.
Posté par va33 à 20:16 - Film - DVD - Commentaires [2] - Rétroliens [0] - Permalien [#]Tags : Clive Owen, Julia Roberts