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Qu'est-ce qu'un "texte bien écrit" ?

Publié le 30 mars 2009 par Cameron

Dans ma note précédente, j’ai utilisé la formule « bien écrit » pour qualifier le texte de Pierre Maubé, formule qui m’est venue naturellement et qui n’a suscité au préalable aucune réflexion de ma part.

C’est en y repensant que je ressens le besoin de préciser ma pensée. Un livre, un texte bien écrit, cette formule sanctionne en général une certaine, comment pourrais-je dire, une certaine conformité de style à ce qu’il est convenu de considérer comme une norme littéraire, une norme du « digne d’être imprimé et rangé dans la catégorie œuvre littéraire ». Elle a un côté presque péjoratif, en tous cas minorant, auquel je n’avais pas songé en l’employant. Pour moi, bien écrire est à la fois beaucoup plus complexe et beaucoup plus simple. Il s’agit d’abord de style, et le style, hé bien, c’est ce qui permet dans un texte comme celui de Pierre Maubé de dire sa pensée, toute sa pensée, avec la force de frappe que constituent les mots.

La définition paraît encore vague, n’est-ce-pas ? Peut-être devrais-je alors plutôt dire que le style, à mes yeux, se résume en fait non pas à la seule musique des mots, mais à l’écho qu’ils rencontrent. Que je vois le style comme l’adéquation du texte et de son lecteur. Qu’il s’agit d’atteindre son but. Au bout du compte, on écrit toujours à quelqu’un, à destination de quelqu'un, pas pour le simple plaisir de faire joli. C’est exactement ce que dit l’intervention de Pierre Maubé, et c’est le rythme, le balancement, imposé à ses mots qui retient l’attention, me semble-t-il.

En relisant ce paragraphe, je ne suis toujours pas satisfaite de ma tentative d’explicitation. Finalement, il est sans doute raisonnable d’admettre que je ne sais pas ce qui m’a convaincue, dans le texte mis en ligne vendredi dernier : le contenu de l’intervention, ou la manière dont il était établi non seulement par les idées exposées, mais surtout par l’agencement des mots. En réalité, le texte est une réussite parce qu’il réalise dans son écriture propre ce qu’il entend affirmer par ailleurs : les mots n’ont pas qu’un sens, ils ont aussi un pouvoir. Et c’est ce pouvoir que la poésie traque sans relâche.

Je ne sais pas si ainsi j’éclaire mon ressenti. Je suppose que je prends sans vraiment le vouloir prétexte du texte de Pierre Maubé pour renouveler une fois de plus mon attachement à la forme des choses. Mais la forme demeure inextricablement liée au sens que nous donnons, nous lecteurs, à ce que nous lisons. Comment pourrais-je jamais en faire abstraction ?


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