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Réalités sur l’histoire de 1948 au Proche Orient

Publié le 30 mars 2009 par Drzz

Jean-Charles Chebat, professeur titulaire à HEC Montréal (1) nous présente ici la somme des preuves essentielles actuellement qui indique que l’évacuation de la Palestine est due à l’exhortation des chefs militaires ou politiques des États arabes eux-mêmes.

 

 

 

TÉMOIGNAGES D’ARABES SUR L’EXODE DES PALESTINIENS EN 1948:

 

 

 

Entretien avec Mahmoud Darwich, poète palestinien, réalisé par Farouk Nardam-Bey et Elias Sanbar (Revue d’Etudes palestiniennes, No 10, Hiver l984)

« Pour mes parents, notre séjour au Liban était temporaire ; nous y étions en visite ou même en villégiature. On avait à l’époque commandé aux Palestiniens de quitter leur patrie pour ne point gêner le déroulement des opérations militaires arabes qui devaient durer quelques jours et nous permettre de réintégrer rapidement nos maisons. Mes parents découvrirent bien vite que ces promesses n’étaient que rêves… »

   Extrait du Bulletin du REMP (Groupe de recherches pour les problèmes des migrations européennes Janvier-mars 1957) à La Haye (pp 10-il) :

« Dès les premiers mois de 1948, la Ligue arabe publiait des instructions demandant aux gens de chercher refuge temporairement dans les pays voisins, pour revenir plus tard à leurs domiciles dans le sillage des armées arabes victorieuses et recueillir leur part des biens juifs abandonnés. »

Témoignage égyptien. (El -Yom, journal du Caire 12.4.1963):  

« Le 15 mai 1948 arriva.., et le dernier soldat britannique quitta la Palestine. Ce même jour, le mufti de Jérusalem (Amin al-Husseini) demanda aux Arabes de Palestine de quitter le pays, de quitter Haïfa, Jaffa et les autres villes.., car les armées arabes étaient sur le point de pénétrer dans le pays et de se battre à leur place, contre les bandes juives pour les chasser de Palestine. »

Extrait des Mémoires de Haled alAzrn (1973), Premier ministre de Syrie en 1948 et 1949, paru à Beyrouth :

« [La raison de l’échec arabe en 1948 fut] l'appel des gouvernements arabes aux habitants de la Palestine, pour qu’ils se rendent dans les pays voisins... C’est nous qui les avions encouragés à partir... Nous avons amené la destruction sur un million de réfugiés arabes, en les incitant et en les adjurant de quitter leurs terres, leurs foyers, leur travail et leurs commerces. »

Extrait de « Ma'al Nas” (Avec le peuple 1956): livre de Mahmoud Seif-e-Din Irani, paru à Amman (Jordan Publishing House) :

« Soudain, les habitants de Jaffa commencèrent à abandonner leur ville... Nous étions tous trop optimistes, nous avons quitté le pays de notre libre choix, croyant que nous partions pour une courte visite, des vacances et que nous retournerions peu après, comme si rien ne s’était passé. »

30 mai 1955, témoignage arabe palestinien (Falastin, quotidien jordanien):

« Nous, les réfugiés, avons le droit de dire aux membres du Conseil de la Ligue arabe: nous avons quitté notre patrie sur la foi de fausses promesses faites par des dirigeants malhonnêtes des États arabes. Ils nous ont promis que notre absence ne durerait pas plus de deux semaines, qu’elle serait une sorte de promenade, après quoi nous reviendrions ».

Extrait d’un livre (1955 ) de Edouard Attiya, secrétaire du bureau de la Ligue arabe à Londres, de 1941 à 1950, The Arabs paru à Londres (p 183) :

« Cet exode en masse est particulièrement dû à la croyance qu’avaient les Arabes, encouragés en cela par les vantardises et par les déclarations inconscientes de certains chefs arabes, selon lesquelles la défaite des Juifs par les armées des États arabes était l’affaire de quelques semaines et qu’elle permettrait aux Arabes palestiniens de rentrer dans leur pays et d’en reprendre possession ».

Extrait de Sirr al Nakhba (Le secret du désastre 1955), livre de Nimr al Hawari, ancien commandant de l’organisation paramilitaire Nedjada, paru à Nazareth :

« Les chefs brandirent leurs sabres, prononcèrent des discours enflammés et rédigèrent des articles retentissants. Nous fracasserons le pays à coups de canon, tonna le Premier Ministre d’Irak nous détruirons tout endroit où les Juifs chercheront un abri. Les Arabes devront conduire leurs femmes et leurs enfants dans des régions plus sûres en attendant que les combats se soient apaisés, »

Déclaration du Premier ministre d’Irak (Presse de Bagdad 15 mars 1948): « Nous écraserons le pays avec nos fusils et nous détruirons tout lieu où les Juifs chercheront refuge. Les Arabes devront emmener leurs femmes et leurs enfants à l’abri pendant le danger, après quoi toute la Palestine sera à eux. »

Début 1949, Émile Ghoury, homme d’État libanais et dernier président chrétien de la Ligue arabe, écrivait dans son discours de démission, qu’il refusait de continuer à vivre avec le mensonge selon lequel les Israéliens avaient chassé leurs concitoyens arabes. Ghoury disait que le temps était venu que les États frontaliers d’Israël assument la responsabilité d’avoir demandé que les Israéliens et les Arabes Palestiniens quittent leurs domiciles pour des raisons militaires tactiques. , afin de permettre aux armées arabes de faire pleuvoir la dévastation sur les seuls Juifs. La promesse était que les Arabes reviendraient “d’ici deux semaines après avoir mis les Juifs à la mer”.

Cinquante ans plus tard, le 19 Mars 2001, Fouad Abu Higla, éditorialiste régulier du quotidien de l’Autorité Palestinienne, Al Hayat Al Jadida, écrivait un article pour le Sommet arabe, critiquant les États arabes pour une série d’échecs. L’une d’entre elles était que les dirigeants arabes avaient forcé les Arabes du mandat britannique à quitter leurs terres en 1948

(1) Le professeur Chebat a reçu huit prix pour ses recherches (Best paper awards) ainsi que de nombreux prix au Canada, aux États-Unis et en Europe. La production académique du professeur Chebat est imposante par le nombre d’articles de revues scientifiques, de livres et de chapitres de livres, dont certains traduits en plusieurs langues. Nombre de ses articles sont des classiques, inclus dans les syllabus d’universités à travers le monde occidental. Ses travaux ont eu et continuent d’avoir un impact sur de nombreuses disciplines comme le montrent les nombreuses citations de ses travaux dans des revues très variées et le nombre et la variété des revues scientifiques qui l’ont accueilli à leurs comités de rédaction. Il fut élu président de l’Académie I de la Société Royale du Canada et vient de recevoir le titre de Chevalier de l’ordre National du Québec, la médaille Sir John William Dawson de la Société royale du Canada et un doctorat honoris causa de l'université de Rennes 1.


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