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Québec : La nation cree

Publié le 30 mars 2009 par Kanawata

Aujourd’hui, il y a sur le sol québécois, trois importants groupes culturels autochtones : les Inuit de la toundra arctique, les Algonquins de la forêt boréale et les Iroquois de la plaine du Saint-Laurent. Chacun de ces groupes se subdivise en différentes nations, réparties sur de vastes territoires. Il existe 11 nations autochtones au Québec. Totalisant 75000 personnes, elles se répartissent en 54 communautés dispersées sur l’ensemble du territoire. Certaines d’entre elles comptent moins de 200 habitants, tandis que d’autres, plus de 5000. Chaque nation, voire chaque communauté, car ces dernières sont généralement assez éloignées les unes des autres, possède ses propres caractéristiques. Leur personnalité et leurs traits culturels sont façonnés par l’histoire, l’environnement, leur mode de vie et les peuples voisins qu’ils côtoient. Une bonne partie de la population autochtone vit en relation assez étroite avec leurs voisins québécois et, de ce fait, entretient quotidiennement des rapports avec des cultures qui exercent sur elle une influence déterminante.
Les Amérindiens Cris sont traditionnellement d’inlassables nomades de la forêt boréale et de la taïga. Au cours des millénaires, les Cris se sont déplacés sur un vaste territoire de lacs et de rivières, de feuillus, de saules, de savanes et de conifères, chassant le caribou, l’ours noir, le castor, l’outarde, le lièvre ou pêchant le doré et l’esturgeon. Ils ont ainsi acquis une connaissance exceptionnelle de la flore et de la faune et les spécialistes font de plus en plus appel à la science populaire des Amérindiens Cris.
Maîtres-chasseurs, ce sont des experts du canot de rivière et de la raquette à neige et ils se présentent, face à l’opinion publique internationale, comme les champions de la protection de la nature. Les nombreux artisans et artistes Cris excellent dans la fabrication de vêtements en peaux ainsi que dans le perlage et la broderie. On compte également des musiciens, tous s’inspirant d’un patrimoine encore bien vivant et dynamique.
Les Cris jouent un rôle de premier plan dans l’industrie de la fourrure et ce, depuis le XVIIe siècle, époque où fut créée la Compagnie de la Baie d’Hudson qui existe encore de nos jours sous la forme de grands hypermarchés. La construction des grands barrages hydro-éléctriques a modifié catégoriquement leur mode de vie traditionnel à partir des années 1970, les a menés, entre autres choses, à se doter d’organismes veillant aux intérêts de la communauté en ce qui a trait à la politique et au développement.
En 1975 les Cris ont signé avec le gouvernement québécois et canadien la " Convention de la Baie James et du Nord québécois ( C.B.J.Q.) ", qui a contribué largement à leur essor économique, faisant de leur nation l’une des plus dynamiques et prospères du Québec. A titre d’exemple, le village Cree d’Oujé-Bougoumou est unique au monde par sa conception, son architecture et sa réalisation. Il a été conçu par un architecte autochtone, réalisé par la communauté entière, et tous les intervenants ont réussi à marier l’ancien au moderne, en innovant sur plusieurs aspects.
On recense 9 villages Cree au Québec, établis sur les rives de la Baie James ( Waskaganish, Eastmain, Wemindji, Chisasibi, Waswanipi, Mistissini, et Oujé-Bougoumou). La nation Cree est la troisième plus populeuse au Québec, comptant plus de 12000 personnes vivant en majorité, à même le territoire.
Jusque dans les années 20, les Cris d’Oujé-Bougoumou vivaient de la chasse et de la pêche dans une vaste zone à l’Est de la Baie James. Mais la découverte de gisements d’or et de cuivre a fait d’eux des squatters sur leurs propres terres. La bande qui compte environ 600 membres, est déplacée au gré des exploitations minières plus de 7 fois en 50 ans ! Après leur dernière expulsion du campement du lac Doré en 1970, les familles s’éparpillent dans les camps de fortunes, sans protection contre le froid ( - 50°), sans eau courante et bien sur sans électricité. Mais une lueur d’espoir brille déjà. En 1981, les Cris de Chibougamau avaient élu un conseil de bande provisoire pour faire reconnaître leur existence et obtenir un territoire. Les négociations aboutissent en 1989 à une entente à laquelle les gouvernements fédéraux et provinciaux s’engagent à verser 75 millions de dollars pour la création d’un village permanent.
L’existence d’Oujé-Bougoumou est attribuable en grande partie au charisme et à la détermination d’Abel Bosum, chef de bande élu en 1984. Homme de vision, il a su unir son peuple et il le guide depuis 16 ans. Chez les Cris, la tradition veut que toute décision importante soit étudiée en fonction des répercussions qu’elle aura sur les 7 générations à venir. C’est dans cet esprit que l’on a construit Oujé-Bougoumou, au milieu d’une forêt dense, tapissée de mousses, de bleuets (myrtilles) et de thé du Labrador, qui se reflètent dans les eaux froides du lac Opémisca. Le site a la beauté autre des paysages nordiques.
A Oujé- Bougoumou la création d’emploi est une priorité et l’écotourisme est vu par les Cris comme un moyen de stimuler l’économie tout en préservant leur identité et leur intégrité. Les visiteurs sont, pour la grosse majorité, des européens avides de grands espaces et d’aventures. Là-bas ils peuvent faire de la motoneige, du traîneau à chien, de la pêche de la raquette ou partir sur une ligne de trappage avec un guide. En été il y a la pêche, la randonnée pédestre, le canotage. Logés dans " le village culturel ", à l’écart de la population sur les bords d’un lac, ils peuvent dormir sous un " eenougamuk " (logis traditionnel) imprégné de parfum des branches d’épinettes qui jonchent le sol ou à l’auberge. Les différents circuits touristiques sont à même de faire partager la vie des Cris sur les rivières de leur territoire avec au menu des mets traditionnels comme le castor, le caribou, l’ours, l’outarde, le lièvre, la perdrix, la banique ( pain) et les bleuets (myrtilles). Le soir vous assisterez à des spectacles folkloriques où contes et légendes " indiennes " vous seront contées autour d’un feu de bois dans la forêt boréale. Les séjours y sont très attrayants et peu chers en comparaison des services rendus.
La communauté d’Oujè-Bougoumou a su prendre sa revanche et vous convie à venir lors de ses festivals d’été ou d’hiver découvrir la vie de cette nation qui a aujourd’hui retrouvé sa sérénité.

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