Magazine Politique

Blanchiment : gesticulations sans risques

Publié le 02 avril 2009 par Kalvin Whiteoak

On sait depuis des décennies que la Suisse recèle un trafic considérable d’argent sale, et pas seulement d’argent fiscalement gris mais aussi de coupures ayant une couleur nettement plus criminelle. Le brave pays des Helvètes, obéissant toujours à la règle qu’il faut pouvoir surtout paraitre sans tache, a introduit en 1997 une législation anti-blanchiment qui sur le papier pourrait servir d’exemple. L’article topique de la loi sur le blanchiment est le suivant, dans sa ronflante terminologie:

Obligation de communiquer:
Art. 9 al. 1 Obligation de communiquer
L’intermédiaire financier qui sait ou qui présume, sur la base de soupçons fondés, que les valeurs patrimoniales impliquées dans la relation d’affaires ont un rapport avec une infraction au sens de l’article 305bis CP, qu’elles proviennent d’un crime ou qu’une organisation criminelle exerce un pouvoir de disposition sur ces valeurs
(art. 260ter, ch. 1, CP), doit en informer sans délai le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent au sens de l’article 23 (bureau de communication).

Mais voilà, ça ne ronfle que sur le papier évidemment.

En effet, le désormais fameux MROS (Bureau de communication en matière de blanchiment, …. de la police fédérale évidemment) reçoit quantité de signalements de la part des distingués manipulateurs de monnaie officiels en Suisse.

En effet, les banques et leurs homologues sociétés financières ont parfaitement compris comment traiter ce genre de problème: inondons le MROS, qui de toute façons est doté de pandores aux connaissances en la matière plus que ridicule, et ainsi croulant en plus sous un flot de “signalements”, ils ne s’en sortiront pas. Et ça marche à merveille.

Le MROS est fier (bêtement) du nombre de communcations reçues (851 en 2008, en hausse de 7 % par rapport à 2007) . Mais ce qu’il ne dit pas, c’est que dans la quasi totalité des cas  aucune suite n’est donnée, car il est incapable de bâtir des dossiers intelligents sur la base des signalements reçus. Et voici donc encore

- une législation alibi, qui est là pour la galerie mais qui est inappliquée et inapplicable avec les agents en place aujourd’hui;
- une cohorte de gugusses grassement payés qui ne servent strictement à rien.

A part des fantaisies sans intérêt, 9 communications en 2008 concernaient le terrorisme international et notamment Al Qaeda et le “brave” Oussama et sa suite. Sur ces 9 dossiers que les pandores voyaient déjà comme les dossiers du siècle, le Ministère Public de la Confédération, lui aussi pas vraiment très bon mais surtout très obéissant aux ordres du Conseil fédéral, a déjà refusé de suivre dans la très grande majorité des cas, les autres étant encore sous la pile mais vraisemblablement promis au même sort.

Ne reste plus qu’à trouver un autre petit nom que Tigris ou Tiago aux cerbères impuissants du blanchiment : on suggère Bambis.

Ce billet provient du blog ouVertures.info, une autre lecture de l'info.Reproduction et diffusion autorisées exclusivement sur la base d'un accord préalable écrit.

Blanchiment : gesticulations sans risques


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Kalvin Whiteoak 365 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines