une maman (z)imparfaite... moi.
Les mois précédent le 31 mars 2003, j'avais tenté d'être une future maman parfaite. J'avais acheté quelques beaux livres sur la grossesse pour en faire mes lectures de chevet. Ainsi, Mon bébé, je l’attends, je l'élève et Une naissance heureuse trônaient en quasi-permanence à côté de mon lit, de même que mon journal de grossesse, dans lequel je notais systématiquement les dates de mes rendez-vous, ma prise de poids, si on avait entendu le petit coeur battre, etc.
J'avais fait du yoga-prénatal avec une professeure géniale au prénom prédestiné, Clearlight. J’avais suivi avec mon conjoint une session de formation sur la Méthode Bonapace afin d'apprendre à soulager naturellement la douleur. Nous avions rédigé un plan de naissance pour que l’arrivée de notre petite « Bulle » se passe comme nous l’avions souhaité.
Et puis, le jour J est arrivé.
...
Et puis, rien ne s’est passé comme prévu.
Des heures et des heures de contractions irrégulières, une rupture provoquée des membranes sans mon consentement, quelques doses de pitocin pour activer le travail, le tout se terminant en césarienne au bout de 42 heures de contractions et 2 heures quinze de poussées.
Quand j’ai tenu ma fille dans mes bras un peu plus d’une heure après l’intervention lui ayant permis de voir le jour, j’étais transformée en maman… (z) imparfaite. Une maman qui gardera longtemps une plaie béante malgré que celle de la césarienne ait cicatrisé plutôt rapidement. Une maman qui se sentira coupable à chaque fois qu’elle repensera à son accouchement, à ce qu’elle aurait pu, à ce qu’elle aurait du faire. Une maman qui aura envie, pendant des mois, de frapper toutes celles qui racontent leur superbe accouchement naturel de moins de 5 heures et 4 poussées. Qui se sentira dénaturée, dépossédée de ce pour quoi elle a été créée: mettre au monde un enfant…
Le temps a passé. J’ai allaité, bercé, langé, rassuré, consolé et moi-même pleuré en regardant dormir ou sourire mon bébé. J’ai vécu des moments intenses, parfois difficiles, mais aussi bien souvent de pur bonheur en compagnie de cette Choupinette « passée par le mauvais trou » comme elle le dit si bien. Et j’ai réalisé qu’être mère allait bien au-delà de l’accouchement. Heureusement…
Aujourd’hui, j’ai encore mal quand je pense au 31 mars 2003. Mais je n’ai plus mal de ne pas avoir donné naissance naturellement à ma fille. J’ai plutôt mal de m’être sentie aussi coupable, de ne pas avoir suffisamment profité de ses premiers moments de vie en faisant d’un événement heureux un drame, parce que tout ne s’était pas passé comme j’en avais rêvé… et selon les "normes" d'un acccouchement idéal. Et c’est tellement dommage. Parce que parfait ou pas, un accouchement devrait toujours être un événement heureux!
(Z) Imparfaite invitée : So