Minuit et quart. Jean-Louis Blancard se gare en bas de chez lui, à Bagneux (Hauts-de-Seine), ce samedi 31 janvier. Il monte coucher ses deux enfants, de 4 et 10 ans, qui s'étaient déjà assoupis, puis redescend au pas de course pour garer sa voiture au parking, à 300 mètres de là. il faut faire vite, les petits sont seuls.
Il n'a pas fait 30 métres dans l'allée de sa résidence qu'une patrouille de filcs l'arrête: "Contrôle du véhicule, papiers !" Blancard n'a sur lui que la carte grise et l'assurance. Le permis de conduire est resté chez lui,, dans son manteau. Il montre la fenêtre allumée et propose de monter le chercher. "Vous avez bu ?", questionne le poulet. Blancard "avoue" bien volontiers. Il a pris un apéritif et deux verres de vin en début de soirée. Cela fait plus de quatre heures... "Vous avez circulé à contre-sens dans la résidence", accuse alors le fonctionnaire.
Blancard s'étonne. Il habite là depuis un an, tout le monde fait ça. Le flic passe à autre chose:: "Il y a de la vente de drogue dans votre résidence . Vous êtes consommateur ?", s'enquiert le représentant de la loi. "Videz vos poches !" Fouille du coffre. Les investigations ne donnent rien. Les enfants sont toujours sans surveillance...
Blancard reste en retrait. "J'ai compris, à ce moment là, qu'ils cherchaient la petitte bête, mais je voulais remonter au plus vite pour les enfants, et je leur ai demandé ce qu'il comptaient faire de moi." Réponse du chef de la patrouille: "Vous avez bu. On vous emmène au poste." Ce relieur, fonctionnaire à la bibliothèque nationale, rappelle alors qu'il a avalé son dernier verre voilà maintenant quatre heures.
Il répète une fois encore que ses enfants sont restés seuls là-haut, qu'on peut le faire souffler dans un ballon sur place ou monter chez lui. Réponse: "Tournez vous !" Sans comprendre, il obtempère. Et se retrouve avec les menottes.
Dans la voiture de police, il proteste encore qu'il n'a pas bu, que ses deux enfants peuvent se réveiller et s'affoler. Une heure moins le quart du matin, arrivée au commissariat d'Antony. Blancard souffle dans l'appareil: 0,007 gramme. Autant dire rien. Fin du cauchemar ?
Pas du tout: direction une cellule crasseuse. On lui pose un tas de questions et il doit vider ses poches, une fois encore. A une heure et quart (cela fait maintenant une bonne heure que les enfants sont seuls), il signe sans discuter deux PV: l'un pour circulation en sens inverse, l'autre pour défaut de permis de conduire. Et dehors ! Il est une heure et demie, il se trouve à 4 kilomètres de chez lui, sans un sou, il n'y a plus ni RER ni bus.
Cette fois, Jean-Louis Blancard se cabre: "vous devez me ramener chez moi. Mes enfants sont sans surveillance." Il avise un type qu'on lui a présenté comme étant le chef: "Je voudrais porter plainte, lui dit-il, contre ces trois agents." Le gradé ne moufte pas. Aucun poulet ne veut décliner son identité. Leur chef menace, avec cet humour en vogue dans les commissariats: Si vous prenez la chose comme ça, on vous colle un rapport à la Ddass pour la façon dont vous vous occupez de vos enfants." Aprés un quart d'heure de palabres, Blancard est raccompagné chez lui par les policiers qui commencent à se demander s'ils n'ont pas un peu poussé...
Les enfants dormaient comme des anges. Leur père a écrit au procureur, au commissariat, chez MAM. Le secrétariat de la ministre a répondu qu'elle insistait beaucoup sur "la formation des policiers". C'est ce que chacun avait deviné. Le commissaire du coin, Thierry Galy, que le "Canard" a essayé en vain de joindre, a fait courageusement savoir au père que, "recherches faites, ces fonctionnaires n'appartiennent pas au commissariat".
Ah, au fait, un détail qui n'a aucune importance, Blancard a la peau un peu noire.
Brigitte Rossigneux
Et ce qui est confirmé par la dénonciation de Amnesty
International à propos de l'impunité de la police.
Dans un rapport publié jeudi 2 avril, Amnesty International dénonce "l'impunité" dont bénéficie en France des membres des forces de l'ordre accusés de graves violations des droits de l'Homme et demande aux autorités françaises de mettre en place un "organe d'enquête indépendant".
Des requêtes qui bénéficieront de peu d'échos aux ministères de l'Intérieur et de la Justice, qui récusent les accusations de l'ONG.
"Ni le système pénal, ni les dispositifs d'inspection internes de la police, ni la Commission nationale de la déontologie de la sécurité (CNDS) ne répondent totalement aux exigences des normes et du droit internationaux relatifs à l'obligation de mener des enquêtes impartiales, indépendantes et effectives dans les plus brefs délais", dénonce le rapport.
En France, les plaintes pour homicides illégaux, passages à tabac, injures racistes et usage abusif de la force par des agents de la force publique "ne sont pas souvent suivies d'enquêtes effectives" et "les responsables de ces actes sont rarement traduits en justice", selon le rapport intitulé "France - des policiers au-dessus des lois ?"...Lire la suite
LES COMMENTAIRES (3)
posté le 24 mars à 21:16
moi je dirai bravo brigitte Rossigneux pour ce reportage ,rien ne m étonne de cette police.......... Sylviane de Gorges
posté le 05 août à 14:00
mais , ce type il ramenait les enfant se couchez c'est pas une racaille je voudrais bien tu soit arreté pour rien et tapé par des flics ahlala
posté le 31 août à 00:00
moi je trouve normal que la police face la lois et toute ces personne qui critique la ploice parce que il se défende quand des racailles les attaques je voudrais bien les voir les places de la police