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G 20 : un machin sans fond

Publié le 03 avril 2009 par Kalvin Whiteoak

Ronflante et condescendante la formule du Temps de ce vendredi au sujet du G 20 : “un nouvel ordre mondial“, rien moins que cela. Et le quotidien du bout du lac de s’enthousiasmer sans retenue sur les résultats d’un sommet qu’il considère comme historiques.

De la retenue et du recul sont pourtant nécessaires en la circonstance, même si quelques points positifs peuvent être relevés, notamment au sujet du FMI, de la gouvernance et de la mise à ban définitive des paradis fiscaux.

A l’exception de Barack Obama qui fait ce qu’il dit et y croit, tout ce petit monde grouillant de chefs d’Etat qui se pressent pour être bien placés sur la photo officielle faisait franchement penser à la foire du trône. Le Sarkonain se prenant pour l’inspirateur du nouvel évangile, Gordon Brown en nouveau Churchill sans cigare, Berlusconi en singe grimaçant et Angela en douairière mal fagotée, tous autant qu’ils sont ne pensent pas une minute ce qu’ils disent et vont faire autrement que ce qu’ils ont annoncé, et surtout chacun de leur côté.

Pas un mot anglais sur la plaie fiscale constituée par Londres elle-même, les Iles anglo-normandes et quelques anciennes colonies du côté des British Virgin Islands, pas un mot italien sur quelques enclaves utiles comme Campione et autres petits lieux sympathiques au fond des Grisons ou du côté de San Marino, pas un mot allemand sur certains régimes spéciaux qui subsistent en ex-Allemagne de l’Est, rien de la part du Sarkonain au sujet de son principat d’Andorre et de sa modeste fonction de co-prince, rien non plus sur le fait que le premier ministre de Monaco (ou son équivalent ) est historiquement désigné par la France, rien enfin de la Chine sur Hong-Kong et ses sociétés encore plus offshore qu’ailleurs.

Tout ce brave monde est là pour dénoncer, mais aussi là pour user et abuser des canaux les plus tortueux lorsqu’il s’agit de payer des commissions sur des ventes d’armes ou pour financer des opérations très spéciales à caractère manifestement politique.

Quant aux barbus de tous poils et de tous keffiehs, dont les bases de Dubai ou du Qatar ne sont autres que des repaires pour trafics multiples, ils baladaient aussi leurs djellabas multicolores et leurs Rolex spéciales en ricanant intérieurement. On ne les changera pas non plus.

Ainsi donc, ce sommet destiné à “refonder le capitalisme” n’est qu’une foire de la communication. On y a fait quelques annonces, censées rassurer l’économie mondiale et la bourse. Mais on a complètement oublié de se poser les bonnes questions sur ce fameux capitalisme sauvage. Car la crise, plus que du capitalisme en tant que tel, est née des abus que ce dernier a permis.

Et il est impératif, si on veut redonner confiance et faire une véritable oeuvre de pionnier, de moraliser cette machine économique. Et surtout de changer les têtes. Ca fait des mois qu’on ne cesse de le dire ici : ceux qui ont abusé du système pendant des lustres se taisent et attendent que ça passe, avec le secret espoir de recommencer encore mieux qu’avant à se moquer du monde, cette fois-ci en plus à l’aide de l’argent public.

Au lieu donc de dresser une liste de paradis fiscaux, on aurait mieux fait de publier la liste nominative complète des directeurs de banque, traders et autres mathématiciens qui se sont engraissés jusqu’à plus soif, avec pour eux une double interdiction à vie : celle de continuer le métier et celle de rembourser les fameuses primes de “performance”.

Car tant que l’ancienne clique est en place, tout est à craindre malgré les grandes déclarations des rois mages venus à Londres.

Et tout est à craindre aussi tant que la question primordiale du partage équitable de la richesse créée n’aura pas trouvé une réponse satisfaisante.

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