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Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village, fumer la cheminée...

Publié le 03 avril 2009 par Edgar @edgarpoe

"Vous avez quitté votre patrie et votre famille pour une longue durée afin de travailler à l'étranger.

Vous avez aussi quitté un cadre de vie sécurisant et familier dans lequel vous avez grandi.

Maintenant presque personne ne comprend votre langue et vous ne comprenez pas la langue des autres.

Les contacts et les échanges sont difficiles. Ceci est particulièrement dur en cas d'accident ou si l'on refuse de payer votre salaire..."

Vous pleurez, ami lecteur ? Vous vous demandez s'il s'agit d'un texte des années 60 à destination des travailleurs immigrés débarquant pour construire des voitures en France ou des autoroutes ?

Non.

C'est la page de présentation du syndicat européen des travailleurs migrants, en Allemagne, en 2009.

Ce syndicat a l'air de s'adresser plus particulièrement aux travailleurs polonais installés en Allemagne.

Le site internet donne des infos venues du monde réel, par exemple sur une société polonaise qui envoie des travailleurs en Allemagne et met la clé sous la porte sans les payer.

La rubrique qui donne ce type d'informations s'appelle "esclavage moderne" en allemand.

*

Inutile de dire que l'Union européenne est le facteur clé d'accélération de ce type d'émigration de travail quasiment forcée.

D'une part en détruisant partout les services publics et en favorisant la privatisation accélérée à l'est, elle a fragilisé le capital humain de ces pays et conduit nombre de gens à devoir s'exiler (qui n'a entendu ces récits de femmes polonaises en Grande-Bretagne, ayant laissé leurs enfants au pays ?).

A l'autre bout de la chaîne, d'autre part, l'Union européenne facilite de plus en plus le détachement de travailleurs partout en Europe dans les conditions du pays d'origine (cf. les arrêts Laval et Viking, commentés par Alain Supiot ou par Thomas ; qu'Eolas ne commentera pas, il est occupé à soutenir Benoit XVI sur les préservatifs).

L'objectif est bien entendu de faciliter la concurrence de tous contre tous, par delà les frontières, assimilées automatiquement à des entraves illégitimes. En matière de droit social, elles sont cependant plus souvent une chance de protection, que Bruxelles s'emploie chaque jour à combattre.


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