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Compte à rebours

Par Crapulax

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Il y a un an, je revenais juste du Panama où j'avais acheté Galapiat. J'y avais, entre autres personnes, rencontré un couple de jeunes français partis deux ans plus tôt avec leur fils en bas âge. Leur seul credo aussi laconique que juste était : "Le plus dur est de partir". A ce moment là, je ne prenais pas vraiment la mesure de ce que cela signifiait. Maintenant si.

Le passage du rêve à la réalité est en effet un parcours semé d'embûches où les sirènes de l'habitude et du quotidien tendent à enliser vos désirs les plus ardents. C'est probablement la raison pour laquelle, dans les petites annonces, on trouve tant de bateaux "prêts TDM" qui ne partent finalement jamais. Le temps qui passe entre la décision et son execution est un ennemi insidueux: les travaux prennent toujours plus de temps et d'argent que prévu; les bons amis sédentaires ne misent pas un cent sur vos chances de réussir votre projet; la préparation et l'anticipation prennent des tournures d'usine à gaz; le trajet prévu devient improbable au vu de la recrudescence de la piraterie; le décalage entre celui qui prépare le projet et celui qui travaille encore crée des incompréhensions etc... Souvent, j'ai dû mal à m'endormir....

Le point de non retour est pourtant dépassé : BY arrête son boulot dans une semaine, nous vidons l'appartement dans un mois et migrons à temps plein dans le sud pour terminer les préparatifs; Galapiat est viré du port fin Mai, ce qui constitue donc notre date de départ quoiqu'il arrive, même si le bateau n'est pas prêt et il ne le sera probablement pas. Je crois finalement que c'est une constante : On n'est jamais tout à fait prêt.

Le compte à rebours avait déjà commencé mais je ressens désormais plus nettement les minutes qui glissent. Les signes du voyage gagnent en substance : Mes voisins de ponton travaillent d'arrache pied pour un départ dans les glaces sur un prototype à moitié fini; Stéphane, mon ancien comparse de transat 96, s'est rappelé à mon bon souvenir et prépare aussi son prochain périple; Jo, l'ancien proprio de Galapiat, est en route pour le pacifique; Vincent, de Dolce Vita, boucle son superbe tour du monde en rallongeant la sauce par Bonne Espérance plutôt que d'affronter les pirates de la mer d'Arabie. Tout cela sent bon et me parle tandis que les dîners parisiens me paraissent aussi répétitifs et fades que les digressions sur la crise que je ne cesse d'entendre à la radio quand je bricole sur le canot.

Il est vraiment temps de mettre les voiles.


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