Le cinéma américain s’est empressé d’adapter
Ben-Hur et bien lui en a pris puisqu’il fait parti des films les plus oscarisés. Et parce que c’est un péplum que j’ai vu et revu, j’étais curieuse de lire sa version
BD. J’y ai d’ailleurs appris - voir la chronique - que Ben-Hur est à l’origine un roman. En cliquant sur la planche, vous trouverez une interview de Jean-Yves
Mitton.
Editions Delcourt - Collection Histoire & Histoires - Livre 1er, Messala - Novembre 2008 - 48 pages
Jérusalem,
en l’an 27. De retour au pays après cinq années passées à Rome, Messala, devenu tribun de l’empire romain retrouve son ami d’enfance, Juda Ben Hur, prince de Judée. Malgré le bonheur des
retrouvailles dans les splendides jardins du palais de la colline de Sion, leur conversation amicale tourne court à l’évocation de l’emprise de Rome sur le royaume de Judée. Une amitié mise à mal
par les ambitions de conquête de l’un et la soif de liberté de l’autre. Un vent de colère souffle sur Jérusalem et un dramatique événement va sceller bien des destins.
Tout comme le film de William Wyler rendu célèbre par la course de chars avec Charlton Heston en 1959, cette bande dessinée est une adaptation du roman écrit en 1880 par Lewis
Wallace, général de l’armée de l’Union lors de la guerre de Sécession. Dans une note explicative, Jean-Yves Mitton indique son souhait de rester proche du livre : "Puissé-je
restituer ce roman dans toute sa profondeur tout en empruntant au 7e Art un peu de sa colossale mise en scène avec les outils plus modestes qu’offre le 9e Art."
Bien plus fidèle à l’esprit du roman qu’à la forme édulcorée proposée par Hollywood, cette version se veut plus foisonnante en références judaïques. L’action passe au second plan
pour laisser plus de champ à l’évocation du Messianisme biblique qui dévorait alors la Judée. Un autre thème, intemporel celui-là, est abordé sur le plan historique :
l’éternel
conflit des cultures pour la possession
de la terre d’Israël qui, à cette époque, est une Province romaine sous le joug de l’empereur Tibère. Messala et Ben Hur représentent cette confrontation entre deux civilisations
ennemies. Malgré le nombre important des dialogues et une histoire qui a été maintes fois revue, cette version plus que périlleuse est à la hauteur de la tâche.
Graphiquement, l’influence des décors monumentaux des péplums cinématographiques est bien réelle et remarquablement bien rendue. La ville sacrée de Jérusalem et ses environs
prennent vie sous les yeux du lecteur. Le trait est des plus classiques mais savamment précis ce qui confère aux visages, une belle palette d’expressions. Une belle réussite
rehaussée par les couleurs vives de Jocelyne Charrance.
En conclusion, cette grande fresque biblique bien que fictive, restitue avec brio toute l’envergure et les grands thèmes de l’œuvre originale : Ben-Hur, a tale of the
Christ. Ce Livre 1er, Messala, trouvera une suite dans 3 autres tomes à paraître.