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UN AUTEUR : Madeleine Bourdouxhe

Publié le 06 avril 2009 par Clarabel

« A toi d'aimer, à toi de vivre. Exiger de la vie, c'est-à-dire exiger de soi-même. »

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Marie est une jeune femme simple, sensible, qui s'est accomplie dans le mariage. Elle aime Jean depuis six ans, entre eux l'entente est parfaite. Ils se parlent peu, mais se comprennent instantanément. Ils passent leurs vacances près de la mer, loin de Paris et de leur routine, cela change. Cela leur fait du bien. Marie passe son temps à regarder Jean se baigner. La mer la fait rêver. Un jour, elle aperçoit un jeune homme qui la trouble. Il lui donne son numéro de téléphone. A Paris, elle décide de l'appeler.
Marie va changer, s'ouvrir et s'épanouir. Le roman longtemps souligne combien elle s'est réalisée dans le mariage, et en même temps on sent une inertie chez elle, dans sa vie. Elle donne des leçons à domicile, elle est appliquée. Sa soeur Claude compte aussi beaucoup pour elle, même lorsque celle-ci perd pied et commet une bêtise. Marie a des mots très justes, très touchants sur l'amour et la vie. « On ne voit que ce que l'on comprend. Et l'on ne comprend que ce que l'on aime. Il faut d'abord se donner, s'engager, alors on recevra en échange. »
Les romans de Madeleine Bourdouxhe (cf. La femme de Gilles) dégagent un vrai sentiment de cocon, d'élégance et de grâce. Ses personnages féminins ont une beauté sincère et intérieure, qu'on cerne difficilement au début, j'avoue, tant de dévotion de la part des épouses pour leurs hommes peut déconcerter. Et ce sont des romans qui semblent intemporels, celui-ci a été publié dans les années 40 par exemple, et pourtant les considérations de l'héroïne sur l'engagement, l'amour, la vie sonnent toujours d'actualité. C'est d'une grande simplicité, d'une grande pudeur, et encore une fois ce texte surprendra par sa grande sensualité, en des termes chics et authentiques. Personnellement cela me touche beaucoup.

Actes Sud, 2009 - 158 pages - 15€

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A noter également la sortie en format poche d'un recueil de nouvelles :

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Les jours de la femme Louise

Sept nouvelles, sept femmes silencieuses, la violence suit le contour du quotidien.

Quatrième de couverture

Elles s'appellent Louise, Anna, Blanche ou Clara. Elles sont ouvrière, femme au foyer, mère seule avec un enfant, bonne chez Madame. Elles sont confrontées à la vie, à l'amour, à l'ennui, à la frustration, à la violence des hommes, leur indifférence ou leur condescendance. Toutes ont en commun des rêves trop grands pour elles, des peurs d'enfant, des désirs qui n'osent s'exprimer. Alors elles avancent vaille que vaille, tombent et se relèvent, touchantes de fragilité, admirables de courage opiniâtre, fortes de leur douceur même, belles de tout cet espoir lumineux en elles que rien ne parvient à éteindre.
Ce qui bouleverse, dans l'écriture de Madeleine Bourdouxhe, c'est son style simple et franc, en empathie troublante avec les personnages, son réalisme poétique qui ne craint pas l'engagement social ou féministe mais privilégie l'émotion, la justesse psychologique.

Babel, 2009 - 126 pages - 6,50€

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Et pour rappel, le roman qui m'a fait connaître Madeleine Bourdouxhe : La femme de Gilles (2004)

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Milieu ouvrier, Nord de la France. Elisa est mariée à Gilles, ils ont deux petites filles, attendent un troisième enfant. C'est l'amour tranquille, le cocon familial idyllique, Elisa est amoureuse de Gilles, et réciproquement.

Puis, le drame : Gilles a une aventure avec Victorine, la soeur d'Elisa. Elle s'en rend compte comme ça, en le "sentant" et forcément ça la bouleverse mais elle préfère se taire. Par peur de perdre l'amour de Gilles. Alors elle prend sur elle, prête une oreille attentive, confidente et compréhensive, jamais elle ne pipe mot, seul le lecteur a conscience de sa souffrance.

Son côté "bobonne" fait bondir ! On s'insurge contre le mari adultère, la soeur intriguante, contre les gens qui pensent qu'elle "ne vaut pas mieux si elle accepte sans rien dire", contre la mère qui blâme sans tout savoir... On plaint beaucoup Elisa, on a du mal à comprendre son chemin de croix, son martyr silencieux. C'est beau, tout cet amour ? Oui, surtout quand Elisa répond que "sans amour je ne suis rien", et puis "à quoi sert de vivre sans cet amour". Oui, à quoi ça sert ?

Ce roman, c'est l'histoire d'une dévotion. Une histoire de totalité, d'égoïsme et de goujaterie. C'est fort, sensuel, dramatique et émouvant. C'est un roman qui a été publié en 1937, remis au goût du jour grâce au cinéma, et c'est un miracle de constater que ce livre n'a pas pris une ride !

Actes Sud, 2004 - 154 pages - 13,50€

A voir : La femme de Gilles par Frédéric Fonteyne, avec Emmanuelle Devos dans le rôle d'Elisa, mais aussi Clovis Cornillac (Gilles) et Laura Smet (Victorine).

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et un peu de musique... Piers Faccini :


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