INDIE (par Sam, manager de BPRC)

Publié le 25 janvier 2009 par Deschibresetdeslettres
BPRC (Bums Polo Rotten Club) c'est, selon leurs propres mots, "le viol d'un rapeur par les deux gars de Justice, quelque part dans une rue sordide du XVIeme arrondissement de Paris". Ils nous servent un délicieux cocktail de "Garage, Bass line, vieux hip hop, hip hop champagne, Grime, booty, Miami, Balti, acid house, tek house, enfin tout .... tout ce qui leur passe par la tête, même du zouk, de la humpapa, de la country et même du vieux mainstream des années 2OOO". Sam, le manager du groupe, nous a proposé de publier ses "confessions de manager en tournée", quelques notes qui feraient à la fois office de "guide touristique, carnet mondain et article musical". L'idée nous a paru bonne, le son club n'ayant jusqu'ici pas encore trouvé sa place sur notre blog. Nous tentons donc l'expérience. Attention cependant, Sam n'est pas toujours tendre avec ses contemporains!
Quand on a commencé, on avait rien, un peu comme les Irlandais qui fuyaient la famine de la patate au XIXème siècle, on avait faim. Et il n'y a pas de secret dans le domaine de la musique, pour réussir, il faut avoir faim. On s'étonne d'ailleurs : pourquoi on ne voit pas plus d'obèses sur le devant de la scène? Personnellement, après avoir dormi sous un disque d'or pendant toute mon enfance, j'ai tôt fait d'associer la musique et le métal précieux, de me dire que, finalement, les starlettes du début des années 2OOO à la Laam et Larusso avaient beau dire : c'est l'argent qui règle tout notre métier.
Je m'appelle Sam, je suis manager du BPRC. On est trois, un dj, un dj/beat maker et moi, un manager.Ces derniers temps, blogs et magazines nous ont qualifiés de "jeunes talents à suivre", "de hip hop guindé", même de "french touch 3.O", dans tout les cas de quelque chose de nouveau. La nouveauté ça a peut être été de gérer nos affaires comme dans l'ancien temps, en oubliant les paillettes et le sexe pour se concentrer sur le nerf de la guerre. Tout le monde veut son appartement payé cash à Rivétoile.
Il n'empêche que, contrairement à mes deux comparses, on ne peut pas dire que la musique soit vraiment quelque chose que j'ai dans le sang. En fait, mes goûts personnels sont plutôt discutables et mes avis souvent très peu écoutés, je chante comme une casserole et je n'ai pas l'intention de prendre des cours. Je me repose sur le bon goût des deux autres et sur ma culture parce que quand vous avez plus d'arguments que l'autre, même quand vous avez tort, vous avez raison. Et c'est bien ça le principe, j'ai toujours raison. Aussi loin que je puisse remonter ça a toujours été le cas.
J'ai commencé, au tout début, par prendre exemple sur mon frère. Il a fondé son propre label electro à Toulouse, il y a une poignée d'années et, à force de prendre l'apéro avec Strip Steve et le dessert avec Bobmo, il a réussi à se faire un petit nom dans ce rude marché peuplé de monstres à mèches blondes de 16 ans d'âge, maniant Ableton Live comme des pros. A cette époque là on peut dire qu'on était dans un creux qualitatif du marché de l'electro. C'est-à-dire qu'après s'être branlé sur la french touch, tout le monde pensait pouvoir prolonger le trip et retrouver l'ivresse de la première picouze en donnant les manettes à des gamins dont le seul mérite était d'être riches et beaux.C'est le mélange parfait de cette catin de Hell et de Daft Punk.
On peut dire, d'une certaine façon que la transition vers quelque chose de plus sain s'est faite avec Justice, qui, chose peu connue, mixaient, et plutôt bien, avant d'oublier le mode d'emploi des branchements de leur table de mix. Eux, et toutes l'écurie Ed Banger, sauf Uffie, représentaient un bon qualitatif énorme à l'époque, de vrais djs, avec de vrais background, souvent hip hop comme avec Oizo et Mehdi. Uffie quant à elle n'était qu'une pouffiasse cokée qui compensait son manque de talent par sa personnalité envahissante et d'un goût très approximatif.
Aujourd'hui, alors que la scène parait s'être épurée de pas mal de sa crasse, une saleté qui grippait le moteur et empêchait le business de fonctionner à plein, on est dans un revival de la vraie french touch des débuts, sans fluokids, sans Ableton, et on arrête de nous faire chier avec des selectors qui brillent par une fausse culture blog insalubre et périssable sous 15 jours.
C'est donc le moment de recommencer à écrire dessus, enfin ça vaut à nouveau le coup de faire couler de l'encre et de couper des arbres pour en parler.
Au cours des prochains épisodes, je vous raconterai mes pérégrinations dans ce monde complètement bizarre avec des amis, des ennemis, de la joie, parfois du bonheur et souvent un bilan philosophique assez pauvre. N'y cherchez ni l'accomplissement spirituel, ni la réalisation de votre être, mais il n'empêche que quand vous avez mis les pieds dedans c'est très difficile d'en sortir.
Cette série je l'ai intitulé sans grande imagination :
INDIE

épisode 1
(à venir) : la naissance d'une étoile.

BPRC Wednesday night in K-zoo (mix tape)

Cheers
Sam