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Le langage d’un enfant dyslexique

Publié le 06 avril 2009 par Raymond Viger

J’ai toujours été un premier de classe. Je n’ai pas grand mérite, les études ont toujours été facile pour moi. Ma mère m’avait déjà appris à lire, écrire et compter avant que je ne débute l’école. L’année avant mon entrée au primaire, elle m’a demandé de lui donner un coup de main: sous sa supervision, transmettre à mon jeune frère mes connaissances pour qu’il en arrive aux mêmes résultats.

Jeune, dyslexie et l’école

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Quand je débuté mon primaire, maîtrisant bien les acquis initiaux, cela m’a permis de sauter quelques années et de devancer les programmes d’étude. Avec l’expérience que j’avais acquise avec mon frère pour transmettre mes connaissance à un autre, je me suis souvent retrouvé comme assistant de l’enseignant.

Malgré que je me retrouvais plus jeune que les autres élèves, étant plus grand que  la moyenne, je me sentais en pleine confiance pour faire la discipline auprès des têtes fortes du groupe. L’intimidation physique ne m’inquiétait pas.

Dyslexie et hérédité

En devenant père de famille, je rêvais de transmettre cette tradition à mes enfants.

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Mon garçon a eu plus de difficultés. Il apprenait différemment et avait des résultats différents. Je réussissais tout de même à lui inculquer plus facilement que d’autres ce qu’il avait à apprendre.

Mon garçon a vite été diagnostiqué dyslexique et a eu recours à des services adaptés. En apprenant le sens de cette différence et la façon dont il apprenait, je me suis rendu compte que j’étais aussi dyslexique! La dyslexie a une forte composante génétique. La dyslexie est donc un héritage que j’ai légué à mon garçon.

Apprentissage d’un enfant dyslexique

Mais comment se fait-il qu’en tant que dyslexique j’aie été premier de classe tout le long de mon parcours d’étudiant? Oui, j’ai eu des anecdotes qui démontre bien que je suis dyslexique, mais comment se fait-il que je n’aie pas eu de difficultés dans mes études et que tout me semblait si facile?

Apprendre à vivre avec la dyslexie

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J’ai vite compris que le cadeau que ma mère m’avait légué de m’avoir appris à lire, écrire et compter avant de débuter mon primaire avait permis de vivre ma dyslexie différemment. En débutant l’année scolaire, je regardais ce que nous avions à apprendre. Je faisais la liste des choses que je ne maîtrisais pas et je l’apprenais seul avant que l’enseignant soit rendu à l’enseigner. Quand ce jour-là arrivait, c’était une forme de révision et la matière ne m’inquiétait pas.

Cela m’a permis de développer une aisance à faire 2 choses à la fois. Les cours n’étaient toujours que de la révision. J’écoutais d’une oreille pendant que je faisais autre chose. Quand la matière touchait des apprentissages où j’étais moins familier, j’écoutais plus attentivement.

Si un sujet m’était moins familier, je le travaillais avant de le cours pour en faire ma matière forte. Ce n’était pas les enseignants qui me disaient quoi étudier ou sur quoi travailler. Je faisais ma propre grille de travail.

J’étais toujours en avance sur la matière courante. Cela me permettait de consulter et de commencer à étudier les livres des années subséquentes. J’étais encore au primaire lorsque j’ai commencé à étudier la chimie et la physique du secondaire. Au secondaire, j’enseignais la chirurgie à des étudiants du Cégep pour le Conseil de la Jeunesse du Québec, ce qui m’a permis de voyager à travers le Québec. Pour un dyslexique, c’était quand même pas si pire.

Le cerveau, la crise et la dyslexie

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Même si je suis dyslexique, je n’ai jamais eu l’occasion de vivre la crise d’être dyslexique. Sauf qu’un jour, ma conjointe Danielle rêve de prendre des cours de danse. Je travaille 7 jours sur 7, plus de 100 heures semaine. Je ne voyais pas comment je pourrais mettre à l’agenda un cours de danse. Inconsciemment, pour moi, prendre des cours, c’est aussi des heures et des heures de pratique et d’étude pour pouvoir atteindre les objectifs.

Danielle avait un argument de taille. Une amie, Marie-Josée se marie dans 6 mois. Danielle aimerait bien que nous puissions danser à son mariage. Juste pour le plaisir, on fait du mieux que l’on peut et si on n’a pas le temps de se pratiquer, ce n’est pas grave. Danielle réussit à me convaincre de nous inscrire à des cours de danse.

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Je n’ai jamais dansé de ma vie. Je n’ai jamais trippé sur les films de danse. J’arrive dans un domaine complètement inconnu pour moi. Dès le premier cours, j’étais dépassé par la matière. Je n’avais rien compris du premier pas de base que déjà, Carole Blouin, notre professeur de danse, en montre un 2e! Rendu au 3e pas, je n’ai rien compris au 2 premiers, là il faut enchaîner le tout. C’est la crise totale dans mon cerveau de dyslexique, plus rien n’entre, je veux retourner chez moi, tout abandonner…

Survivre à la crise dyslexique

Pour survivre à cette crise dyslexique, j’ai poussé mon agenda à la limite pour trouver du temps de pratique, je me suis inscrit à un cours supplémentaire de pratique et j’ai dû prendre un cours privé pour en arriver à survivre et rester dans le cours.

Malgré toute ma bonne volonté, à moins de trouver encore plus de temps, je ne réussis pas à faire les enchaînements demandés. J’ai eu à faire des choix. J’en ai discuté avec Danielle. Soit que l’on se trouve plus de temps pour pratiquer et étudier les enchaînements (ce qui devenait presqu’un travail), soit que j’abandonnais, soit qu’elle acceptait que j’improvise et qu’on oubliait les enchaînements.

Nous avons décidé de continuer et d’oublier les enchaînements. Ce cours de danse avec Carole Blouin aura été une belle occasion de vivre ma dyslexie sous toutes ses formes. Cela aura été une occasion de pouvoir identifier comment j’apprends pour éviter la crise dyslexique. C’est simple: connaître la matière à l’avance.

Conseils pour l’apprentissage d’un jeune dyslexique

J’espère que le témoignage que j’apporte ici pourra aider des parents et des jeunes qui vivent cette réalité d’être dyslexique. Si votre enfant est dyslexique et qu’il n’a pas compris la matière d’un cours, ce n’est pas la matière passé qui est importante, c’est la matière qu’il affrontera qui l’est. Commencez par vous assurer qu’il maîtrise la matière à venir. Cela va lui permettre de vivre de petites victoires dans ses cours tout en évitant de vivre une crise, une panique totale.

Quand un jeune dyslexique ne veut plus aller à l’école, ce n’est pas qu’il ne veut pas apprendre. C’est qu’il ne veut pas vivre ce sentiment de panique. Un dyslexique apprend différemment.

Je pense que le sujet mérite d’être approfondi. Je vais écrire une suite à ce billet sur différentes façons d’aider un dyslexique à apprendre plus facilement sa matière. En attendant, vos commentaires sont les bienvenus sur votre vécu vis-à-vis la dyslexie et les trucs que vous avez trouvé pour vivre avec cette différence.


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