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Klaus Mann, dans "La Danse pieuse", qui date de 1926 : "J...
Publié le 07 avril 2009 par Perce-NeigeKlaus Mann, dans "La Danse pieuse", qui date de 1926 : "Je n'aime pas regarder le futur et le futur ne m'intéresse pas. Si je m'y laisse parfois entraîner, j'ai une sombre vision de l'art et de ses conditions d'existence au cours des prochaines décennies. J'ai une vision aussi sombre du rêve, grand et profond, d'une humanité moralement libre, pensive et sereine, un rêve que font les meilleurs d'entre nous. Le trouble de ce temps est puissant, peut-être aucune époque autant que la nôtre n'a eu conscience d'être aussi troublée, d'être à ce point entraînée vers on ne sait où. Ce que nous savons le moins, c'est vers quoi va nous conduire cette grande danse. Nous ne pouvons rien savoir de la solution de ce trouble, peut-être cette solution est-elle justement le grand abîme, une nouvelle guerre, un suicide de l'humanité. Puisque nous sommes des danseurs sans but, nous célébrons la vie comme une pieuse cérémonie et nous ne pensons pas que nous pourrions aller vers ce qui est bon, vrai, solide. Une fête ne doit pas être quelque chose d'étourdi, d'approximatif, ni vide de pensée. Nous gardons dans nos coeurs ce qui est le sens d'une telle fête. Il me semble donc que ce n'est pas une fête frivole, une plaisanterie."