« quand on tient un amour on le garde, on le défend contre lui-même et contre les autres »
Emma est une femme de quarante-sept ans, vétérinaire en pleine campagne, qui a choisi de vivre une existence rude et solitaire. Débarque Gio, quatorze ans, bientôt quinze, « l'âge des catastrophes naturelles ». Il est le fils de Raphaël, qu'elle a connu autrefois, et avec qui s'est joué quelque chose qu'elle a voulu oublier. Gio est en fugue, en colère contre ses parents, contre leurs secrets aussi. Il trouve refuge chez Emma, qui accepte de l'héberger mais en échange il doit prévenir ses parents. Au début cela l'embête car elle s'était jurée de se tenir à distance des histoires de Raphaël et Micol, mais Gio possède une tendresse et une gentillesse qui lui rappellent des doux souvenirs. Entre eux, la passion folle ne naît pas sur un coup de tête, c'est simplement le résultat d'une longue patience, de regards échangés contre tous les discours du monde, d'une connivence certaine et inébranlable.
« Peut-être avais-je toujours été suspecte d'être une femme seule, sans mari, sans même le plus vague fiancé. Je me devais d'être accompagnée d'un homme, d'avoir des enfants - ou de me plaindre de ne pas en avoir. Je n'avais pas joué le jeu, n'avais respecté aucune règle. Je n'avais même pas fait semblant, et peut-être était-ce ça le plus grave, ce qu'on ne pouvait pas me pardonner. »
Voilà un roman qui ne parle pas que d'un amour interdit, mais qui aborde également toutes les nuances chez une femme qui vieillit et qui assume sans complexes sa sensualité et ses rides, « être trop jeune pour être vieille, un peu trop vieille pourtant pour être encore jeune » reconnaît Emma. Elle est dans la fleur de l’âge et elle n’a pas honte de son corps de femme qui réclame encore d'être caressé et aimé. Elle s'émeut de la tendresse offerte sur un plateau par un gamin plus jeune qu'elle. Elle va en payer le prix.
Son histoire avec l'adolescent reste très pudique, tout est chuchoté, pas du tout racoleur. Aucun détail n'est d'ailleurs donné. On n'en retient que les cris, une gifle, l'impuissance et la jalousie. Pas besoin d'en dire trop, car tout ceci repose aussi sur un écheveau d'intrigues et de liaisons secrètes. De vengeance aussi. Simonetta Greggio signe un bon roman, écrit avec beaucoup de sensibilité et qui met en avant une femme remarquable, qui accuse et s'accuse (pas de quoi soulever les ligues de la bienséance, je vous rassure !). Toutefois je n'ai pas retrouvé ce qui avait su me séduire et m’enchanter lorsque j'avais lu La Douceur des hommes, son premier roman publié en 2005.
Stock, 2009 - 170 pages - 16€
Lu pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com