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Campus numérique, Second Life, Enseignement à distance : Vers une révolution pratique et technologique.

Publié le 06 avril 2009 par Red-Act | Concepteur | Rédacteur | Alsace @red_act

journee-numérique.jpgLe 2 avril dernier, Une journée de conférences s’est déroulée  en direct de l'université Paris Descartes et un espace expérimental d'échange entre avatars, étudiants et enseignants a poursuivi cette « Journée Numérique 2009 » jusque dans les mondes virtuels de Second Life. Autour de la thématique « Enseigner Autrement », les intervenants ont tenté de répondre aux problématiques et solutions liées à l’introduction des nouvelles technologies dans l’enseignement. Parmi les intervenants, Alain  Jaillet.

Directeur d’ULP MULTIMEDIA de 1998 jusqu’à la disparition de cette structure fin 2008 avec la création de l’université de Strasbourg, Maître de Conférences HDR en Sciences de l’Education, Responsable depuis 2002, du Campus Numérique de l’Université Numérique de Strasbourg, il a accepté de répondre à quelques questions exclusives sur notre blog. Merci à lui.

Vous êtes intervenus récemment dans le cadre des « Journées Numériques des Universités » qui ont été suivi jusque dans Second Life, l’univers virtuel. Qu’avez-vous retenu des avancées et expériences de vos collègues et confrères ?

Alain Jaillet : Il est toujours très intéressant de rencontrer des collègues qui agissent en tentant d’impulser de l’innovation dans des pratiques universitaires. IL faut signaler que ces journées ont été très bien organisées. Sur le fond, je dois dire que j’ai le sentiment que nous sommes revenus 10 ans en arrière. De ce que j’ai entendu, il s’agissait surtout des préoccupations qui relèvent des outils. Il est heureux que 10 ans après, il y ait quelques usages, mais si l’on gratte la surface, je suis persuadé que tout cela est encore terriblement embryonnaire. Le problème est général, ce sont surtout les informaticiens qui sont de nouveau mobilisés pour encadrer le mouvement. Bien sûr, il faut de l’informatique, puisque cela en est, pour faire fonctionner ces dispositifs, mais il manque surtout des pédagogues et des chercheurs. Comment l’université peut elle continuer à traiter la pédagogie comme une espèce de magie artisanale sans se pencher sérieusement sur le sujet avec les instruments de la recherche ? N’importe quel universitaire dans son champ disciplinaire ne pourrait pas dire le centième de ce que l’on entend, à propos de la pédagogie.

Votre intervention portait sur « La distance pour changer le rapport à la pédagogie ». Quel a été votre propos ?

ALAIN-jaillet.jpg
Alain Jaillet : Mon propos est assez simple, il faut oser conduire des recherches dans la durée pour faire progresser la connaissance sur la pédagogie et l’interaction technologique. Malheureusement, les politiques publiques ont abouties à des résultats technocratiques institutionnels dont le résultat est l’affichage des équipements pour l’essentiel. Les recherches dans le domaine sont isolées et ont très peu d’impacts. Mon propos consistait donc à dire qu’avant de s’ébaubir de la généralisation d’outils dont on ne sait pas bien à quoi ils servent, et bien de faire des recherches. A l’université, cela ne devrait pas être un discours trop iconoclaste…. Et pourtant !

Dans les mondes virtuels, comme Second Life, on remarque une expérimentation massive des universités anglo-saxonne pour le « v-learning ». En France, qu’en est-il ?

Alain Jaillet : J’ai commencé en 1999 sur le sujet. Nous avons ouvert une première plateforme qui s’appelait vcampus, puis très vite acolad, devenue univ-rct qui consiste à proposer un espace en trois dimensions, très proche à l’époque du deuxième monde. En 2001, nous avions sorti un prototype de monde virtuel d’apprentissage à partir de VRML, car je pensais qu’il fallait absolument passer par un navigateur internet et pas par une application propriétaire installée sur l’ordinateur en local. L’arrêt de la technologie et la faiblesse des réseaux de l’époque ont fait que nous n’avons pas été plus loin dans ce domaine. Je crois que cela est encore trop tôt. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas aller y voir de plus près.

Comment voyez-vous l’avenir de la pédagogie à distance ?

Alain Jaillet : Tout d’abord, c’est une auberge espagnole. Il faudrait préciser à chaque fois de quoi l’on parle. L’enseignement par correspondance par internet vit bien et continuera à vivre. Les formations interactives sont plus lourdes à mettre en place et même si l’on sait ce qu’il faudrait faire, c’est le cadet des soucis des universités et de l’Etat pas davantage. Paradoxalement, les avancées viendront du Sud je crois. Nous avons beaucoup travaillé avec l’Agence Universitaire de la Francophonie pour former les universités du Sud à la pédagogie à distance. Au bout de 7 années cela porte ses fruits. Et de plus en plus de dispositifs à distance tiennent la route en Afrique, parce qu’ils en ont besoin. Nous sommes trop riches et nous n’avons pas finalement besoin de changer, alors pourquoi se poser tant de problème. En Afrique, c’est vital. On voit de mieux en mieux la différence. Si seulement les politiques publiques pouvaient aider ces innovateurs du Sud, il y a là un vrai potentiel.

Des mondes comme Second Life, qui ont l’avantage de permettre du travail collaboratif ont-ils un avenir pour vous ?

Alain Jaillet : Je suis en train de retravailler sur cette thématique en ce moment, avec l’idée d’universités numériques d’entreprises. Je pense que d’ici 12 à 18 mois, nous serons à même de montrer ce que cela veut dire concrètement. Mais c’est une île encore secrète… Les premières expérimentations sont encourageantes. Mais défense de survol pour le moment ;-)


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