Il est bien connu que personne ne fait confiance aux sondages surtout quand ils ne sont pas favorables ou ne correspondent pas à vos propres idées. En dépit de cette incrédulité de mise il convient de s’y arrêter quelques instants pour les scruter de plus prêt. D’autant plus d’ailleurs, quand les résultats ne correspondent pas à vos convictions profondes. Ce conseil devrait être suivi par l’opposition.
Ainsi le Président de la République enregistre une embellie à l’occasion de son hyper-activité internationale et après le G20 en particulier. C’est tout à fait nouveau dans notre paysage politique, et mérite réflexion.
Il n’était pas habituel que nos concitoyens s’arrêtent longuement sur les questions internationales, bien au contraire. Ils avaient plutôt tendance à reprocher aux chefs de l’Etat successifs de passer trop de temps en dehors des questions franco-françaises et “la cote” ne s’obtenait pas, ou rarement, sur de tels dossiers.La perception de l’internationalisation de la crise que nous vivons est sans doute la conséquence de ce changement. La hausse très importante du score du Directeur du FMI, Dominique Stauss-Khan, confirme cette nouvelle tendance. Le président de la République progresse de six points dans deux études à 43% et 48% d’opinions favorables, alors que le directeur du FMI gagne onze points, accrochant ainsi la 2e place du palmarès des personnalités politiques.
Le G20 a redonné du tonus à Nicolas Sarkozy. Ce sommet est salué comme une réussite, et son ambition tournée vers la moralisation du capitalisme trouve de bons échos. L’action politique de Nicolas Sarkozy réunit désormais 43% d’opinions favorables, soit une forte hausse de 6 points en un mois. Selon un autre baromètre mensuel, celui de LH2 pour le Nouvel Observateur, sa cote atteint même 48%. Un niveau élevé comparé aux sondages moins flatteurs de ces derniers mois.
En lisant plus étroitement les analyses qualitatives de ces enquêtes on s’aperçoit que plus Nicolas Sarkozy critique les dérives du capitalisme… moins la gauche le soutient, et plus la droite l’applaudit ! Ce n’est pas le moindre des paradoxes. L’institut souligne également, vachardement, que «pendant que l’on parle du G20 et de l’Otan, on parle moins des licenciements et du chômage en France».
Le chef de l’État enregistre sa meilleure cote lorsqu’il est associé à la crise, 46% des sondés lui font confiance. Les électeurs, toutes tendances politiques confondues, reconnaissent que cette crise est mondiale et atténuent donc la sévérité de leur jugement par rapport aux vicissitudes intérieures. C’est d’ailleurs toujours la «détermination» du Président qui fait recette et conserve la tête de ses qualités reconnues à 79%.
Curieusement la rupture avec la démarche habituelle de la France vis à vis de l’OTAN n’affecte guère les Français dans leur ensemble et ce retour en force d’un atlantisme patenté ne semble pas émouvoir. C’est sans doute là une des conséquences de l’Obamania : Le nouveau Président des États-Unis a redressé l’image de son pays et le « moule » américain fait moins peur, irrite moins que celui d’un Bush. La volonté d’intégration de la Turquie dans l’Union Européenne exprimée fortement par le nouveau Président Américain, semble passer comme une lettre à la poste et Sarkozy, toujours très réticent, devrait faire attention de prendre le virage assez tôt…S’il y a rupture chez Sarkozy, c’est bien là qu’elle réside, sur les questions internationales essentiellement, et admirablement servie par la conjoncture. Je sais, ça fait tout drôle ! Les vieux Gaullistes seront sans doute surpris mais c’est ainsi, les temps changent et il faudra s’y faire. J’ai bien l’impression que les socialistes de Madame Aubry sont tout autant dépassés par les événements, seul Strauss-Khan tirant son épingle du jeu, là encore en raison essentiellement de sa position internationale : pour l’heure, la prime est au “MONDIAL” ! Pour l’heure …