Le groupe écossais Franz Ferdinand était au Phare de Tournefeuille le mercredi 1er avril dernier. Non, ce n’était pas une blague ! Pourquoi avoir choisi cet endroit ? Eh bien au départ, ils devaient se produire au Bikini, à Toulouse, salle plus sympa, mais qui ne peut contenir que 1.500 personnes. Le public fan était tellement nombreux qu’il a réclamé que le concert se fasse dans une salle plus grande. En effet, le Phare de Tournefeuille, à quelques kilomètres de Toulouse, peut contenir jusqu’à 3.500 personnes.
La première partie était Kissogram, trio allemand avec déjà trois albums derrière eux, dont le dernier, Rubber and Meat, vient de sortir. Pendant un peu moins d’une heure, ils nous ont fait part de leurs sons électro-industriels plutôt dansants et envoûtants. Ce groupe est bien plus intéressant à voir en concert qu’à écouter sur CD. Leurs compositions sont électro-rock avec des couleurs new-wave, néo-industrielles et synthétiques, avec peut-être quelques touches de brit-pop et de ska.
Franz Ferdinand auraient-ils choisi ce groupe-là pour assurer leur première partie tout au long de la tournée afin d’amener plus facilement leur revirement vers une musique plus électro ?
Pas moins d’une demi-heure plus tard, vers 21h30, voilà le tour des Ecossais, que tout le monde attendait avec impatience. Pas de décor ou presque, juste un écran derrière eux sur lequel défilent des images plutôt psychédéliques, ou des vidéos laissant parfois apparaitre le groupe. La salle est désormais comble et il est temps de vérifier ce que va donner leur troisième album Tonight : Franz Ferdinand. Voici donc le quatuor de choc qui débarque sous les applaudissements, tout simplement vêtus. Pas de chichi, passons aux choses sérieuses ! Presque autant de morceaux des deux anciens albums – Franz Ferdinand et You Could Have It So Much Better – que du dernier. Donc, une répartition équitable entre les deux premiers opus du groupe, dont les titres incontournables, bien entendu, n’ont pas pu être évités : « Take Me Out », « The Dark Of The Matinée », « Do You Want To » avec le fameux refrain « You lucky, lucky, you‘re so lucky » que tout le public reprend volontiers en chœur.
Pour leur passage en France, Alex Kapranos a appris quelques mots en français. Mais il est vrai qu’il se débrouille plutôt bien.
Quant aux titres de Tonight : Franz Ferdinand, on y prend rapidement goût : force est de reconnaître que c'est un véritable coup de maître qu'ont accompli les Scottishs : celui d'enrichir leur musique d'un univers clubbesque, électronique, sans pour autant jamais s’écarter du son rock, ni perdre leurs tonalités distinctives qui font de Franz Ferdinand ce qu’ils sont aujourd’hui. Pour preuve, de temps à autre, le guitariste Nick McCarthy, abandonne parfois son instrument pour aller se pencher sur un clavier Moog d'où il tire des sonorités très différentes. Sans compter le stupéfiant final électro de « Lucid Dreams », atmosphérique, presque technoïdal. A un moment même, ils sont tous partis en délire, chacun a pris une baguette ou un instrument de percussion, et ils se sont mis autour de Paul Thomson, le batteur, pour une impro insolite. Un des membres de Kissogram les a également rejoints.
Le parcours de Franz Ferdinand n’a pas dévié ; ils ont simplement su s'enrichir de nouvelles sonorités, prendre la liberté d’élargir un peu plus l'horizon du rock. Ils se donnent les moyens de passer d'un registre à un autre, sans jamais perdre de vue leur propre identité, ayant réussi à apprivoiser sans effort manifeste des univers très différents. Avec une belle énergie, la formation transporte un public conquis, qu'elle fait chanter et danser avec une facilité inouïe.
C'est donc un concert tout en énergie, générosité et simplicité qu'a donné ce soir l’archiduc du rock écossais Franz Ferdinand, fidèle à sa réputation. Franz Ferdinand – Take Me Out (live au Phare) :