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Une sorcière, participative

Publié le 08 avril 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Avoir raison avant tout le monde, c’est avoir tort ! S.Royal avait raison en 2007. La démocratie participative à l’époque fait figure d’OVNI politique. Raillé par l’intelligentsia, ce concept s’impose deux années plus tard comme le standard des campagnes futures. Trop tôt donc. Et si le phénomène de la politique française, la figure vraiment nouvelle, n’était pas un petit bonhomme égocentrique, dérangé et chef d’une clique de godillots, mais plutôt celle que l’on affuble du sobriquet de “sorcière du Poitou”. Une sorcière, participative. Une sorcière qui avait compris (avant tout le monde) que s’ouvrait un “méta-monde”, celui des citoyens qui participent au débat politique, grâce notamment à l’Internet.

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S.Royal étonne le monde politique et médiatique lorsqu’elle lance la campagne présidentielle par un leitmotiv ubuesque : la démocratie participative. Ubuesque pour un landerneau frappé d’archaïsme depuis V.Giscard D’ Estaing. En effet pour cette élite médiatique, composé d’A.Duhamel, L.Joffrin, N.Beytout, E.Mougeotte, et bien d’autres, la modernité c’est une campagne médiatique de pilonnage centralisée comme F.Fillon l’orchestrera en 2007. Il déclarait lors du lancement du “sarkoshow” au micro de France Inter “on ne va pas vous laisser souffler”. Et effectivement depuis, c’est l’apnée.
B.Thieulin responsable de la campagne internet de S.Royal l’a bien expliqué. Le problème du participatif n’est pas le concept, mais la pratique. Entre la phase de consultation des militants et participants et celle de la genèse des propositions programmatiques, il ne s’est écoulé qu’une brève période. Un problème de timing et de culture. La candidate n’a pas su rallier un appareil rétif à de nouvelles méthodes de fonctionnement dites participatives. Finalement, ce fut l’inverse, une campagne exclusive vis-à-vis du PS. Il se pose alors le problème de la crédibilité des promesses. La maturation n’a pas lieu, et la campagne file à grande vitesse.
Une vitesse imposée par le candidat de la droite, qui s’est affranchi des contraintes de temps. Tout d’abord parce que les médias sont focalisés sur lui. Il bat le tempo de la politique française depuis cinq ans (dès l’élection de J.Chirac il est candidat). Un microcosme archaïque s’est entiché d’un bonhomme sans scrupule, sans gêne et d’une immense ambition. La fascination du mouvement pour le mouvement, économiquement utile à la presse classique qui a besoin de flots ininterrompus d’actes, de postures, de maladresses. Il s’est aussi affranchi des contraintes par la fausse modernité de sa campagne. Un barnum à l’ancienne dont la seule nouveauté est l’opulence des moyens. Les meetings au décorum grandiloquent, les communiqués de presse en flux tendu, des déplacements opportuns et ciblés pour sonder le péquin. Finalement, c’est tout en verticalité qu’elle s’est déployée. Aux antipodes du concept de participatif.

La question n’est pas de juger de l’efficacité, la citrouille PS est restée citrouille. Mais un basculement a pourtant eu lieu. Imperceptiblement. Foisonnement des réseaux sociaux politiques, émergence des blogs comme vecteurs signifiants d’analyses, microbloging politique. L’approche en réseau, participative est sur les rails. L’élection de B.Obama est aussi passée par là.

Aujourd’hui, la politique participative relève surtout de la fiction. L.Wauquiez*, symptomatique, s’exprime sur le réseau social twitter comme s’il envoyait des dépêches à L’AFP. Un minimum de clairvoyance induit des interactions, de l’écoute. Mais on transpose les vieux réflexes verticaux et centralisés de la communication politique. À l’ancienne. Comme par magie, le nouveau paradigme doit s’adapter. Amusant et ridicule. On se donne “l’air de ” mais on ne bouge pas d’un micron. Cela se comprend, écouter des gens et répondre en adéquation est un comportement totalement étranger aux hiérarques “modernes”. L’abandon de pouvoir n’est pas simple à admettre ni à pratiquer. La démocratie élective telle qu’elle existe aujourd’hui est un blanc-seing. On est élu, on communique, mais surtout on fait ce que l’on veut (car élu). Et ce jusqu’aux échéances suivantes.
Ecouter le peuple ce n’est pourtant pas sorcier.

*Après des débuts grotesques, ses conseillers en communication ont légèrement rectifié le tir laissant croire à un embryon d’écoute et d’interaction.

Vogelsong - 5 avril 2009 - Paris


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