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Journeyman - le pilote

Publié le 08 septembre 2007 par Heather

De retour à mon clavier après une longue semaine trop (pré)occupée mais qui s'est bien terminée (*mini-tournée générale de champomy pour mes lecteurs patients*) ! 

Quelques pilotes sont arrivés entre temps, j'ai donc testé pour vous... Journeyman, une série qui sera diffusée à la suite de Heroes le lundi soir sur NBC.

Journeyman - le pilote

Sur : NBC
A partir du : 24 septembre 2007 (PreAir)

Avec qui ?
Kevin McKidd (Rome), Moon Bloodgood (Day Break), Reed Diamond (Homicide, Amy), Gretchen Egolf (Le flic de Shanghaï), Bryan Howe, Charlie Wyson.

Ca parle de quoi ?
Dan Vasser pensait avoir tout ce qu'il faut dans sa vie : une femme et un fils qui l'aiment et un travail stable. Mais tout va être soudainement bouleversé lorsqu'il se rend compte qu'il a la capacité de voyager dans le passé. Ce pouvoir est à double tranchant : il peut certes en profiter pour aider certaines personnes mais cela peut aussi engendrer le pire... Alors qu'il utilise sa capacité, Dan retrouve son ex fiancée, Livia Beale, qui est décédée dans un mystérieux accident d'avion. Mais sera t-il capable de la sauver ? Que cela signifierait-il pour son propre futur ? Quel impact cela aurait-il sur sa vie pourtant si parfaite aujourd'hui ? (source : http://www.serieslive.com/)

Journeyman - le pilote

Et alors ?
Le concept du voyage dans le temps est resté associé dans l'imaginaire sériephile à Code Quantum, un véritable modèle du genre. Par bien des aspects, Journeyman reprend des thèmes -aider des inconnus dans le passé notamment- qui nous sont familiers.

Le problème inhérent aux voyages temporels est de maintenir une cohérence d'ensemble dans la ligne du temps sur laquelle on se promène. Cela n'est pas toujours évident et peut vite devenir très confus. Or ce pilote nous noie rapidement dans des allers-retours pourtant peu éloignés, ne remontant jamais au-delà des années 80. La multiplication des storylines avec l'impression d'un éclatement général du scénario lui donne un aspect très brouillon, manquant de liant tout en esquissant les bases de ce qui fera la série. Cependant, je suppose qu'il était difficile de faire autrement, puisqu'en un sens, il s'efforce avant tout de remplir sa fonction d'exposition. Reste que ce manque de maîtrise l'empêche de réellement convaincre. D'autant que la découverte des voyages dans le temps est interprété comme une sorte de non-évènement. Il y a la confusion évidente du héros devant la découverte de ces "black out", mais à aucun moment la moindre excitation ou la moindre prise de recul avec tout ça. L'ensemble est traité sur un ton purement drama, sans relief.

Le personnage principal, Dan Vasser, incarne à lui-seul l'archétype du héros faillible, à la psychologie (trop) bien connue. Il est le centre de l'ensemble de l'épisode, avec une galerie de personnages plus secondaires qui ne font que tourner autour de lui, servant plutôt de révélateur ou faire-valoir aux actions de Dan. En s'emparant du thème des voyages temporels, les scénaristes n'ont pas révolutionné les codes qui vont avec. Invariablement, se passe dans cet épisode un schéma quasi-immuable. Un voyageur dans le temps qui modifie le passé provoque une réaction en chaîne positive ou négative. Par exemple, au hasard, empêcher quelqu'un de mourir, sans penser une seconde aux conséquences, équivaut à se porter garant du futur du personnage. Si ce dernier décide par la suite de tuer sa famille qui s'apprête à le quitter des années plus tard, on est alors sur la pente négative de notre "effet papillon". Si, en revanche, on l'empêche de commettre cet acte, on découvre alors dans notre présent que le môme sauvé de la tuerie est devenu un héros et sauve des dizaines de vie. Nous voilà de retour sur la pente positive de l'effet en chaîne provoqué. L'intervention dans le passé est soudain devenue utile et les interventions de Dan sur la courbe temporelle sont validées. Voilà donc résumé la première intrigue introduisant le héros dans les enjeux des voyages temporels. Si bien que ce pilote est affublé d'une histoire tellement bateau qu'elle gâche tout le charme éventuel de ces promenades temporelles. Tant pis pour l'originalité, les scénaristes lui préfèrent une mini-histoire à peine esquissée, qui ne dure que le temps d'un épisode (fini les grands arcs qui demandent trop d'implication aux téléspectateurs).

Presque logiquement, l'intérêt du téléspectateur est plutôt éveillé par le fil rouge initié dans cet épisode, par le biais des interactions de Dan avec son ancienne fiancée, décédée dans un mystérieux accident d'avion avant leur mariage. Cette étrange relation hors du temps -alors même que le Dan de l'époque est également croisé à plusieurs reprises (heureusement sans être vu)- accroît le décalage du personnage, l'obligeant à imposer une distance avec les évènements et les personnes qu'il croise. Comme on le constate, la vie de Dan a connu de nombreux bouleversements depuis un dîner de 1997 où Livia et lui annonçaient leurs fiançailles. Il a notamment des relations très tendues avec son frère... ayant épousé celle qui partageait en 1997 la vie de ce dernier. Au-delà de ce côté très consanguin, il y a surtout dans certaines des scènes vues à travers le regard du Dan du présent, un soupçon de nostalgie appréciable, mais aussi une potentialité qu'on sent évidente : dire ou ne pas dire à Livia de ne pas monter dans cet avion ce jour-là. Car si Dan n'a pas de scrupules à bouleverser la vie des autres, il est soudain pleinement conscient des risques faisant peser sur le présent une éventuelle intervention dans le destin de Livia. Finalement, ces états d'âme apparaissent très artificiels en raison de ce déséquilibre de traitement dans "l'aide" à apporter selon le destinataire de ses actions.

L'épisode reste donc sur le fond très bancal, reprenant les clichés du genre tout en essayant maladroitement d'introduire un fil rouge plus accrocheur grâce à la fiancée décédée, mais sans parvenir à atteindre un équilibre logique entre les différentes perspectives offertes par toutes ces storylines. Il manque cruellement d'humanité. Alors qu'on assiste à des scènes pourtant émotionnellement très chargées, pourquoi, en dépit de quelques exceptions notables, ne ressent-on quasiment rien, téléspectateur cantonné dans un rôle passif et froid ? 

Sur la forme, la réalisation est très classique sans être particulièrement réussie. La lumière "blanche" servant de passage passé/présent n'est qu'un détail, parenthèse très simple. De plus, quelques effets versent dans un excès inutile, tels ces orages convoqués pour marquer un peu plus le caractère "dramatique" ou souligner l'importance de certaines scènes. Comme la période couverte par les voyages temporels est très limitée, on ne peut pas vraiment jouer sur ces changements, mis à part sortir un ou deux clichés du genre, une robe typiquement 80s' ou un gros téléphone portable un brin ridicule. Par conséquent, l'intérêt ne réside pas vraiment dans ces gadgets, puisqu'au final, on se rend à peine compte du changement d'années. En revanche, le casting est plutôt convaincant dans l'ensemble, même s'il va me falloir quelques temps pour cesser de voir en Kevin McKidd, Vorenus.

Bilan : Un pilote d'exposition aux storylines un peu embrouillées qui n'a pas encore trouvé son juste équilibre. C'est assez bancal, sans être totalement inintéressant. Il y a un potentiel, c'est certain. Mais pour une énième déclinaison des voyages temporels, on aimerait une identité plus marquée, un ensemble plus cohérent et une implication émotionnelle plus forte qu'un simple récit sur papier glacé.
Je n'ai pas été très enthousiasmée. A moins que les critiques des épisodes suivants soient convaincantes, je ne pense pas suivre cette série.

Pour vous faire une idée, voici le trailer de NBC :


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