Tandis que l’autre jour, je regardais nonchalamment à la télévision un vieil épisode colorisé de Zorro réalisé par les studios Disney ; usé par une dure journée de travail, avachi dans mon fauteuil en skaï, à côté de la présence rassurante de Youki, mon vieux loulou blanc de Poméranie secoué de tics et écroulé sur sa chaise à portée de caresses, mes chaussons fourrés aux pieds, un béret basque d'origine controlée vissé sur le crâne, figé dans un état semi cataleptique ; je sombrai tout en suivant le feuilleton dans un lourd sommeil hypnotique…
Don DiegObama de la Vega, jeune hobereau de l’establishment, élégant, distingué, bien élevé, propre sur lui, défenseur d’un système dont il était un des multiples piliers et bénéficiaires observait avec désespoir une bande de banquiers et de traders, sans foi ni loi, piller sans vergogne sa petite ville de province mexicaine.
Ses amis aristocrates, le vulgaire Berluscono, le rusé Browno, la potelée Merkelo
Une décision sans appel s’imposait. ZorrObama sortit de l’ombre et déjà une certaine jubilation s'empara du peuple et de ses notables !
Amis ! Entendiez vous dans la nuit le claquement sec des ailes de ces vampires cupides affolés qui s’enfuyaient en voletant maladroitement dans les recoins des Bourses ?
Hélas.
Mille fois hélas.
Un milliard de fois hélas.
Cette marche triomphale ne dura guère car ces charognards coriaces, la bande des néolibs comme on l’appelait avait non seulement pillé l’économie mondiale mais tenait de surcroît en ses mains, tous les fils invisibles du pouvoir et de l’argent. Elle manipulait par ses lobbies et la corruption toute les oligarchies des pays ! L'élite était si compromise et la collusion entre les aristocrates et la bande apparaissait si patente que même ZorrObama se trouva complètement désorienté.
Les aristocrates rappelèrent promptement ZorrObama afin qu’il évitât de faire tomber en même temps que les responsables du désastre, leurs propres privilèges ! On trouva donc un consensus acceptable entre les néolibs et la caste dirigeante : les uns firent semblant de se repentir après moult démonstrations et les 
Sur la mappemonde les paradis fiscaux furent coloriés en gris clair, ce fut la mesure principale... Le peuple fut contraint de payer les pots cassés par solidarité avec les malheureuses banques et les louches financiers et tout rentra dans l'ordre comme par enchantement.
Fichtre ! Il valait mieux réaliser un tel accord plutôt que de perdre la tête sur un billot érigé par les gueux, n'est ce pas ?
Tchin tchin ! Le gros sergent Garcia Barroso, surnommé "la taupe argentée" par les initiés, trinque à votre santé et au renouvellement de son mandat européen : la bande des néolibs peut, dès lors, entrevoir son avenir avec sérénité !
À El Paso, l’harmonie règne désormais ! Gloire soit rendue à ZorrObama, qui, par son intervention médiatique et spectaculaire a préservé notre société fraternelle et équitable !
Une musique stridente retentit, je sortis de ma léthargie en maugréant… Youki ronflait comme un bienheureux, agité par ses spasmes. Un écran de publicité passait sur l'écran. J'avais la bouche pâteuse...
Sincèrement, Villageois(es), je vais vous faire une confidence : je me demande bien où les auteurs vont chercher des scénarios aussi incohérents, invraisemblales et absurdes ?
Indécis, ennemis et amis de cui cui, jolie nuit !
À après ; mujer y hombre.
Cui cui l’oie Zorro beau. (bof)
