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Le cercle infernal de l’instabilité politique en Guinée-Bissau

Publié le 10 avril 2009 par Juliayster

80% de l’eau de Bissau, la capitale bissau-guinéenne, est contaminée par des bactéries nocives. Les habitants sont habitués aux épidémies de choléra et autres maladies diarrhéiques mortelles, et les bailleurs ne peuvent financer d’importants projets de construction d’infrastructures tant que la stabilité du pays ne peut être garantie.

La dernière épidémie de choléra, qui a couru de novembre 2008 à février 2009, a fait au moins 225 morts et touché quelque 14 000 personnes, la plupart dans la capitale. Si la gravité des dernières épidémies a incité certains bailleurs à investir davantage malgré l’incertitude politique qui subsiste, la plupart d’entre eux restent réticents. L’instabilité politique, marquée par les coups et contre-coups d’Etat et les assassinats politiques, contribuent à empêcher l’Etat de pouvoir assurer les services les plus essentiels, dans l’ensemble du pays.

" Le pays est touché par une instabilité continuelle ", a déclaré Silvia Luciani, directrice du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) en Guinée-Bissau. " Cela ne permet pas de mettre en place des systèmes d’infrastructures à grande échelle. Pour attirer les gros bailleurs, il faut pouvoir garantir une longue période de stabilité… On ne peut pas installer des canalisations d’eau en un mois ". Les maladies diarrhéiques comptent parmi les principales causes de mortalité et de morbidité infantiles en Guinée-Bissau, pays qui affiche le cinquième taux de mortalité infantile le plus élevé du monde, puisque près d’un enfant sur cinq y meurt avant l’âge de cinq ans. La plupart des familles de la capitale puisent leur eau dans des puits de surface qu’elles creusent elles-mêmes, souvent dangereusement près des latrines, et la croissance démographique observée dans la capitale ne fait qu’aggraver cette situation, a expliqué Mme Luciani à IRIN.

A cela s’ajoute l’impossibilité de rentabiliser les investissements : des systèmes de facturation de l’eau et de l’électricité ont été mis en place, mais ils ne fonctionnent pas correctement, selon Cesario Sa, directeur des Services d’eau et d’électricité (EAGB) de Bissau, car les ressources pour rentabiliser ces investissements manquent en amont : " Dans bien des cas, nous ne sommes pas en mesure de percevoir les recettes de l’approvisionnement en eau, faute de ressources financières ou de capacités ".

La Commission européenne vient d’approuver un projet d’un budget de 3,9 millions de dollars, visant à renforcer les capacités du ministère de l’Energie et des ressources naturelles dans le domaine de la gestion de l’eau, ainsi que l’octroi de la somme de 3,9 millions de dollars, pour continuer d’aider à la bonne gestion de l’eau en milieu rural. La Banque mondiale est sur le point de commencer à construire des réservoirs d’eau à Bissau, et d’installer 24 kilomètres de canalisations d’eau, pour un coût de près de six millions de dollars.

" Il y a une volonté d’améliorer l’eau et l’assainissement ", se félicite Mme Luciani de l’UNICEF. " Si la situation reste calme, d’autres interventions de ce type pourront être entreprises ". Pour Jose Antonio Borges, un habitant de Bissau, la population ne peut plus se permettre d’attendre. " La Guinée-Bissau est confrontée à une crise électrique depuis 1998. Mais cette année, c’est la crise hydrique qui est la plus grave car elle touche tout le monde dans le pays… On peut accepter la crise énergétique, mais sans eau, on ne peut pas vivre ".


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