Si l’on en croit les données d’un sondage réalisé pour le compte du quotidien Le Matin, en cas de d’intervention non admissible de Blocher dans l’éviction du pâlot Roschacher, 60 % des Suisses et 72 % des Romands interrogés pensent qu’il devrait se retirer de lui-même du Conseil fédéral.
Les aimables commentateurs du quotidien en question, après quelques pirouettes étonnantes dans l’interprétation des chiffres, arrivent à la conclusion péremptoire que tout ceci profite à l’UDC et que "pour l’heure, et jusqu’à plus ample informé, le peuple, pris dans son ensemble, réitère à la majorité relative sa confiance à Christoph Blocher et pense qu’il doit être réélu". Ahurissante conclusion, entre deux tiers et trois quarts des Suisses de tous bords pensent qu’il devrait démissionner, et nos gentils collabos concluent en disant que Blocher "recueille une majorité relative favorable à sa réélection".
Navrant de bêtise ou plutôt habile détournement au profit de l’UDC. Ils ont donc bien appris leur leçon de l’UDC : envers et contre tout, il faut tenir, et point de salut pour la Suisse sans ce cher ministre. C’est grâce à ce genre de commentaires que l’UDC conserve sa clientèle de moutons manipulables et manipulés malgré eux et facilement prêts à entonner les chants guturaux pour virer tout ce qui aurait une couleur un peu étrange ou tout ce qui ferait un peu trop de bruit après 9 heurs du soir, pourvu que ceci ne touche en rien au petit confort des mêmes clients.
Plus bas dans le même article, Le Matin tire ce qu’il appelle pudiquement une conclusion provisoire: "Conclusion provisoire de cette folle semaine: la tactique actuelle de certains du «tout sauf Blocher» semble pour l’heure faire l’affaire surtout… de l’UDC".
Il faut arrêter cette théorie du complot à l’envers ! Blocher se conduit comme un despote, au vu et au su de tout le monde, son parti se conduit comme une faction anti-démocratique, les preuves de ce qui précèdent étant devant les yeux de tout le monde et non pas dans une conclusion d’une commission du Parlement ou dans la serviette d’un ex-banquier. Point n’est besoin de commission d’enquête pour se rendre compte de ce qui précède, il suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles et de le marteler au quotidien et surtout il faudrait que les médias traditionnels fassent leur travail correctement et mettent en question tous les candidats qui plastronnent actuellement dans les diverses émissions de radio ou autres magazines à grand tirage.
Si l’on pose en effet la question suivante à chaque candidat : réélisez-vous Blocher en l’état si vous êtes vous-même élu, oui ou non ? et acceptez-vous que votre nom et votre engagement figurent dans un document public et tenu à jour par exemple sur internet jusqu’au mois de décembre, ça aurait le mérite de la clarté et alors on verrait rapidement les soutiens disparaître à l’ombre des portes obscures, l’on pourrait enfin voir qui a du courage, qui était compromis dans l’élection de Blocher en 2003 ( ce qu’on sait déjà en gros), qui s’est compromis en faisant liste commune avec l’UDC en vue des élections 2007 et comment toutes ces manoeuvres peuvent justement ne pas profiter à Blocher ou à ses alliés mais à la démocratie.