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Retour sur la crise guadeloupéenne

Publié le 11 avril 2009 par Patjol
Le soufflé est retombé, les médias et la blogosphère ont oublié la Guadeloupe. C'est ce qui m'a donné envie de me renseigner pour ensuite vous informer.
Nous n'avons pas idée, en métropole, de la violence de cette crise. Une grève totale de 44 jours, des manifestations violentes, bref une crise bien pire que celle de mai 68 ! Les conséquences en sont catastrophiques.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire en France, la grève n'est pas totalement terminée. Elle subsiste dans certaines entreprises, celles qui n'ont pas les moyens d'augmenter leurs salariés conformément à l'accord Bino. Au final, l'augmentation de 200 € ne concernera qu'une minorité d'habitants, environ 45 000 sur 400 000 habitants. Faut dire qu'il y a 23 % de chômeurs et 37 % de fonctionnaires ! Le risque, c'est que les petits patrons qui ne peuvent pas appliquer l'accord Bino licencient leurs salariés pour les réembaucher... au noir.
Les prix étaient censés baisser, conformément à ce qu'avait négocié le LKP. Mais, si le prix de l'essence a effectivement baissé, les autres prix sont stables, ou même en forte augmentation !
Le pire, c'est dans le secteur touristique. Là, l'effet grève s'additionne à la mauvaise image qui a été donnée par cette crise. Ce secteur économique, vital pour l'île, est sinistré.
Il est encore beaucoup trop tôt pour chiffrer ce que cette crise va coûter à l'économie guadeloupéenne. Certains s'y risquent pourtant, pronostiquant des dépôts de bilan par centaines et la destruction de 10 000 à 15 000 emplois, une situation qui ferait passer le taux de chômage de 23 % à plus de 30 %.
Il y a 10 000 entreprises en Guadeloupe, mais 90 % sont des TPE (moins de 10 salariés). Ce sont ces entreprises qui sont en danger. Le MEDEF local parle d'un quart d'entre-elles qui pourraient faire faillite. Ce qu'en dit un chef d'entreprise (métis) : « il ne faut pas se faire d'illusions : beaucoup de petites entreprises dirigées par des Noirs ou des métis vont péricliter et on va assister à un désengagement d'investiseurs métropolitains. Au bout du compte, l'emprise des békés sur l'économie insulaire sera encore plus importante après la grève qu'avant. »
On le sait, cette grève est en fait le résultat d'une crise de la société guadeloupéenne, aux origines bien plus profondes. Je doute que cette crise sociale sans précédent permette à cette société meurtrie de panser ses plaies. Le seul gagnant s'appelle Elie Domota : Tout ce qui renforce les békés et affaiblit les guadeloupéens donne de l'eau à son moulin révolutionnaire. Je ne serais pas surpris qu'on le voit entrer en politique pour revendiquer l'indépendance de la Guadeloupe...

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