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Publicité, laïcité, pas pareil

Publié le 12 avril 2009 par Samiahurst @samiahurst
Ne cherchez pas cette affiche en Suisse Romande. Au contraire. Les citoyens de Genève prennent depuis quelques temps les transports publiques avec de grandes affiches faisant la promotion de...Pâques. Bon, les vacances, tout le monde est d'accord que ça se fête. Mais là n'est pas le but: ces affiches sont celles d'une église qui proclame l'importance spirituelle d'une fête chrétienne.
A première vue, promouvoir 'l'état d'esprit' de Pâques, c'est plutôt sympa. Pour une fois une affiche qui n'en a pas après votre porte-monnaie. Quoique...? Une autre campagne, de source similaire, criait il y a quelques temps détresse devant la chute de l'impôt ecclésiastique. Mais bon, rien d'inhabituel à cela: faire de la pub, c'est toujours un peu un investissement stratégique, non?
Non, le détail qui gêne, c'est un peu qu'il s'agit de prosélytisme sur un espace géré par l'état. Mais surtout qu'une autre campagne, illustrée dans l'image, a été refusée par les transports publiques de toute une série de villes en Suisse, parce qu'elle prenait le contre-pied.
Petit résumé: il y a environ un an, en Angleterre, une journaliste se trouve dans les transports publiques de Londres, face à une affiche qui 'promet les flammes de l'enfer à certains passagers'. Elle s'énerve, et écrit une rubrique intitulée 'Atheists, give me five'. En anglais c'est un jeu de mots, 'give me five' se traduisant à la fois par 'toppons-là' et 'donnez-moi une thune'. Dans cette rubrique, elle demande des dons de 5£. Le but? En collecter 5000 pour faire une campagne athée dans les bus de Londres. Et la récolte en est...à 150'000£. Du coup, la campagne prend de l'ampleur. Le Guardian a d'ailleurs récemment ouvert une section de débat autour du fait religieux. Elle devient aussi internationale. La version française, ci-dessus, insiste encore un peu plus que la version originale sur le fait que la foi n'est pas nécessaire à l'éthique en clamant 'fais le bien'. Le site suisse francophone est ici.
L'image qui illustre ce billet n'illustrera pourtant probablement pas les bus romands. Les raisons n'en sont pas la crainte de voir fleurir un débat métaphysique, ou une dispute sur le bien-fondé des églises, sur nos rues. Car après tout ça changerait du monde aseptisé des pubs plus habituelles. Ce n'est évidemment pas non plus un souci de laïcité: car sinon pourquoi autoriser les campagnes des églises? Non, à Genève, on annonce que si cette campagne sollicite les TPG, elle sera refusée en raison avant tout du risque de choquer les croyants. Alors bon, pas grand chose à voir ici avec la récente décision de l'ONU de déclarer que 'la diffamation religieuse' (en d'autres temps, aurait-on parlé de blasphème?) 'est un affront sérieux à la dignité humaine'. Et qu'elle serait contraire aux droits humains. Tout cela également par souci de ne pas choquer les croyants. Non, la décision de l'ONU, actuellement critiquée par toute une série d'ONG (209 au total), est soupçonnée d'avoir pour but de légitimer les restrictions à la liberté de parole dans les états théocratiques musulmans. Rien à voir avec notre petite Suisse Romande, donc. Mais il n'empêche que ces temps, il semble que la foi ait des fragilités insoupçonnées...

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