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Nîmes, place d’Assas, ou chevalier nous voilà!

Publié le 12 avril 2009 par Frontere

Nîmes, place d’Assas, ou chevalier nous voilà!

Place d’Assas, fontaine centrale (détail). Mais qu’es aquò?

La légende nous apprend que le chevalier d’Assas (1733-1760), officier d’origine cévenole au siècle des Lumières, s’est sacrifié pour sauver son régiment. Une place de Nîmes porte ce nom, en hommage - on veut croire (1) - à la geste de ce héros magnifique.

Sachez de même que cette place a été aménagée en 1989 grâce au concours d’un plasticien dont le patronyme évoque le nom d’un dignitaire de l’Égypte (2) ; Martial Raysse, c’est de lui qu’il s’agit, a créé deux fontaines censées figurer, l’une, le dieu Nemausus, l’autre, la source Nemausa, à l’origine de la cité des Antonins, fontaines destinées à gommer l’aspect par trop minéral du lieu et qui font pendant à une fontaine principale.

L’intention était louable, le résultat, vingt après, affligeant. Que tout cela est abstrait!

Le créateur aurait-il voulu plutôt honorer Némésis, la déesse de la vengeance après avoir eu maille à partie avec quelque édile de naguère? (3)

Si, à l’époque du chevalier d’Assas, la Raison triompha jusqu’à arborer une majuscule, l’ensemble constitué sur la place qui borde l’écusson rassemble, en effet, un patchwork qui associe : références mythologiques incertaines, emblèmes pseudo ésotériques et statues à l’expression mesquine (pauvre au sens étymologique) - laissons les snobs dire hiératiques - que ne parvient pas à rehausser l’attitude de la divinité qui surgit topless de la fontaine centrale, les bras ouverts en direction d’on ne sait trop quel dieu païen.

Je rêve de voir se substituer à ce fatras les bustes des philosophes des Lumières et des révolutionnaires de 89, les Condorcet, Diderot, Saint-Just ou Robespierre, dont on sait qu’ils admiraient l’organisation et les vertus romaines. Il y aurait là en quelque sorte une continuité historique ; après tout, Nîmes, fille aînée de Rome, n’a-t-elle pas été jadis la colonie choisie par Auguste pour promouvoir la romanité en Gaule? Mais, à défaut, la place de la Révolution ferait l’affaire!

Cela éviterait de laisser accroire à des touristes nippons en goguette qu’ils photographient des antiquités égyptiennes (d’où ma référence ci-dessus au raïs), là où n’existe qu’une création vieille d’à peine vingt ans et dont la patine pourtant fatiguée se souvient de Paul Nizan :

« J’avais vingt ans. Je ne laisserai personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »

Si vous venez à Nîmes, à l’occasion de la feria, mieux vaut à l’évidence aller traîner vos guêtres place aux Herbes ; vous pourrez y admirer ce chef-d’œuvre de la chrétienté : la cathédrale Saint-Castor, elle date de la période fin du XIe - début du XIIe ; et là, sans erreur possible (4).

Notes

(1) j’emprunte cette tournure à Verlaine

(2) raïs : chef d’État, président

(3) tel Jean Bousquet, maire de Nîmes de 1983 à 1995

(4) « On est cependant certain qu’elle était terminée en 1150 », cf. Jacqueline Le Bray, Promenade dans le vieux Nîmes, 1986 (édition revue et corrigée en mars 2000)


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