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La Lozère, c'est pas pour les losers*

Publié le 14 avril 2009 par Francisbf

La Lozère est une maîtresse farouche. Malheur à l'impudent voyageur qui la croirait fille facile ! Il se verra rapidement éconduit, la belle lui présentant des oripeaux de rocailles et un ciel bas peu engageant. S'il veut lui soulever ces vilains jupons et lui faire dévoiler ses charmes, il lui faudra l'apprivoiser. S'adapter au rythme lent de sa puissance tellurique, de sa pureté virginale, et surtout ne pas chercher à précipiter les choses.

C'est d'abord par sa difficulté d'accès que se mérite la Lozère. Trois heures de Téoz déprimant jusqu'à Clermont-Ferrand, suivi de quatres heures d'un vieux tortillard rampant de village en village à l'allure d'un solex enrhumé, de Clermont à Issoire, d'Issoire à Brassac-les-Mines-Sainte Florine, de Brassac-les-Mines-Sainte Florine à Arvant, d'Arvant à Lempdes, de Lempdes à Massiac-Blesle, de Massiac-Blesle à Neussargues, de Neussargues à Saint Flour - Chaudes-Aigues, de Saint Flour-Chaudes-Aigues à Saint-Chély d'Apcher, de Saint-Chély à Aumont-Aubrac, d'Aumont-Aubrac à Saint-Sauveur du Payre, de Saint-Sauveur du Payre à Marvejols, où, si vous êtes chanceux, une tante complaisante viendra vous chercher, vous évitant un troisième changement, en train ou en car, à supporter les pleurs d'un marmot qui s'ennuie ou les récriminations téléphoniques interminables en étranger d'un type à l'air louche, et enfin, vous arriverez à Mende, joyau enfoui dans le nombril d'une sombre vallée, dominée par sa cathédrale gothique ceinte de sombres allée. De là, enfin, on peut découvrir la Lozère, sa splendeur minérale, l'austérité fière de ses causses aux senteurs épicées de résines, ses torrents tumultueux, ses forêts insondables et ses champs de cailloux.

Oui, décidément, la patience est une vertu cardinale pour apprécier la Lozère.

Mais quand même, putain, quand t'arrives et qu'au bout de deux jours il s'est pas arrêté de flotter, t'as beau savoir que la Lozère se mérite, ça te fait un peu chier.

La Lozère, c'est pas pour les losers*

(ça, par exemple, c'est typiquement de la publicité mensongère, de là où est prise la photo, de un il fait trop froid pour sortir ton appareil photo sans tes gants et après, vas-y pour appuyer sur le bouton, de deux de toute façon t'es dans les nuages)

Enfin bon, même s'il fait moche, tant que la famille est là, ça va. On passe son temps à manger, ou à faire des courses pour faire à manger, ou à faire des sorties dans les champs de cailloux ou sur le mont Mimat pour s'ouvrir l'appétit pour profiter du bon manger qui tient au corps (boeuf-carottes, pot-au-feu ou couscous, tu finis par les avoir tes cinq fruizélégumes). Y'a pire comme vacances. Alors si pour en profiter, il faut babysitter un peu une gamine adorable qui moufte pas et qui reste assise sur son popotin en souriant, ou un marmot qui a des interrogations comme « Le paradis, ça pique les fesses ? », eh ben on fait avec.

* Ca fait cinq ans que j'attendais de la placer. Cinq ans. Pfiou.


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