Magazine Culture

Pilote : Harper's Island (cbs)

Publié le 15 avril 2009 par Red

C'est le blond. Le tueur. J'ai une intuition qui me laisserait penser que c'est lui le tueur. Parce que oui, voilà venir Harper's Island, un peu beaucoup LA série que j'attendais pour cette année. Pourtant, pas beaucoup de raisons de s'impatienter : c'est fait pour CBS, on retrouve des gens qui bossaient sur Jericho dans le passé (pourtant Jericho c'était pas si mauvais, en temps voulu, mais bon) et c'est la série qui adopte le pitch casse-gueule qui donne pas forcément envie d'accorder pleinement confiance au sujet : un mariage a lieu dans une île ô-combien terrifiante (qui porte dans son expérience un quota de meurtres conséquent) pour un couple tout-ce-qu'il-y a de plus ordinaire (Christopher Gorham, s'il vous plaît). Ils invitent les proches, mais le drame est le suivant : ils disparaîtront, un par un, chaque semaine. Parmi eux, y a le tueur (le blond, c'est le blond).
Du Dix Petits Nègres d'Agatha Christie dans un contexte sériel qui permettra sûrement une montée d'adrénaline au fil des semaines et des cliff's qui tuent. Littéralement. Mais, hum, c'est bien ou pas ?
Ça aurait pu. Mais non. Le pitch est accrocheur, indéniablement, (c'est casse-gueule aussi dans le sens où ça exige un nombre de personnages beaucoup plus lourd : imaginez-les, ils meurent tous chaque semaine, c'est fort) mais les scénaristes ne savent pas quoi faire avec. Du coup, on meuble comme on peut : le pilote fait 39 minutes. Pas la durée idéale pour un premier épisode, surtout quand on a beaucoup de personnages à présenter et une mythologie à planter. Et finalement, ce meublage se solde par les défauts qu'on connaît et qui reviennent constamment dans les séries de ce genre : des personnages, on s'en fout, leurs vies, on s'en fout, leurs peurs, on s'en fout. En clair : on ne sursautera pas avec eux. Pas cette fois.
La série utilise et abuse aussi des clichés inhérents du genre : le pont qui craque, les appels mystérieux, la musique qui tente d'instaurer un climat terrifiant (loin d'être réussi). Le réalisateur n'a pas compris qu'il faut savoir un peu plus manier ses touches pour donner un résultat qui frappe et qui marque. Résultat : on reste bouche-bée. Non seulement il y a des défauts d'écriture qui rendent les personnages difficilement appréciables, mais il y a un problème de réalisation : la série n'est pas efficace et le téléspectateur n'est pas réceptif.

harpersisland


Clairement, avec une série comme Harper's Island, on ne demande aucunement à atteindre le niveau du chef-d'œuvre mais il faut que la série divertisse. Ce n'est pas le cas pour les raisons citées au-dessus. Il faudra d'avantage qu'elle se recentre sur la mythologie de l'île (hum, Lost ?). La vie personnelle des personnages, qui veut se fiancer avec qui, la tonalité de leurs orgasmes, franchement, je m'en tape un peu.
Tout cela nous donne un pilote vide. Vide de sens, vide d'intérêt, mais surtout vide d'action. Et honnêtement, c'est pas après cet épisode que j'arrive mieux à mettre des noms sur des visages (pour le moment, je me contenterai de juger qui est beau, qui ne l'est pas, la future-mariée, elle, l'est)
Moi qui pensais que certes, la série n'allait pas faire travailler les neurones pendant 40 minutes et que je pouvais m'accorder 3 quarts d'heure de ma vie à regarder un épisode qui libère l'esprit par son sens de l'absurde, je me suis retrouvé avec un pilote littéralement blanc (je m'attendais pile au contraire en réalité, un truc où ça bouge bien) où le réalisateur fait l'erreur de s'accentuer intégralement sur la présentation des personnages (indispensable, certes, mais avec un peu plus de subtilité, on aurait réussi à y intégrer un semblant de ressort mystérieux avec un développement moins modeste de l'île, de ces meurtres, de tout ce qui tourne autour quoi).
C'est dommage : j'aurais largement préféré un pilote à-la-Lost : des personnages en pleine forêt, des personnages qui paniquent, qu'on nous sorte même le fameux << oh putain c'est quoi c't'endroit >>, ça aurait été cheap, certainement, mais jouissif, moins monotone et finalement moins ennuyant. Là, les personnages sont enfermés entre plusieurs murs, les seuls éléments qui alimentent (vainement) la dimension mystérieuse du show : les appels mystérieux (dont on comprend pas grand chose tant peu de choses sont expliquées à ce stade, faute de temps). Et... ? C'est tout non ?
Malgré tout, je serai là pour le prochain épisode parce que les 2 dernières minutes, je les ai appréciées, le cliff', c'était fort. Et d'un point de vue technique, la série réussit son pari de maintenir le téléspectateur intéressé par l'évolution des événements vu que j'ai décidé de revenir la semaine prochaine pour mater le prochain.
Maintenant, faut-il faire un épisode vide sur 37 minutes et combler les 2 dernières minutes avec ce qu'on aurait voulu voir occuper les 37 premières pour faire une série qui marche ? Pas sûr. Mais théoriquement, du moment que le téléspectateur revient chaque semaine, l'équipe qui bosse derrière la série gagne son pain. Sauf qu'il y a aussi ceux qui apprécient suivre une série de qualité de la première à la dernière minute... Harper's Island n'a pas l'air de répondre à ces exigences-là.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Red 41 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte