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Intelligence Economique et Guerres Secrètes au Maroc

Publié le 15 avril 2009 par Infoguerre

Abdelmalek Alaoui, associé gérant de Global Intelligence Partner et ancien étudiant de l’Ecole de guerre économique, a le mérite de poser les grandes problématiques auquel un pays doit faire face au risque de subir un déclassement économique mais aussi politique. Son livre, Intelligence Economique et Guerres Secrètes au Maroc, est à la fois un livre politique, visant à faire prendre conscience au Maroc de l’importance de l’IE, et un livre témoignage, montrant par l’exemple ce que peut apporter l’IE. Le livre est aussi un bon condensé des ouvrages La France doit dire Non, La machine de guerre économique et du Rapport Martre.

Le principal frein, selon A. Alaoui, au développement d’une politique d’intelligence économique est la résistance au changement qui est une pratique en grande partie héritée de l’époque coloniale (même si la présence française a ancré dans les têtes le « principe de précaution », indispensable à l’IE). Ce « tropisme français » s’est ainsi transformé en « maladie marocaine », une tendance au conservatisme qui se retrouve dans l’attitude économique. Selon A. Alaoui, le dirigeant marocain est frappé de « parisianisme » aigu.

De plus, « le Maroc a un système culturel où celui qui prend des risques fait figure de « mauvais joueur ». L’originalité jugée suspecte pousse à se méfier de celui qui en fait preuve et à le mettre sous contrôle. Le pays ne favorise donc pas l’aventure, l’imagination, la créativité, la prise de risque et l’ouverture aux idées nouvelles ».

Ce double frein culturel induit des insuffisances en matière de politiques d’intelligence économique : PME non sensibilisées, frilosité pour les partenariats public-privé, manque de culture du partage, opacité des circuits institutionnels fournissant des informations stratégiques, etc. Comme le dit l’auteur, « cette situation, où ceux qui devraient se parler murmurent, ceux qui devraient collaborer s’observent, et où ceux qui devraient interagir se repoussent, conduit à une absence de visibilité totale quant à la stratégie du pays face aux nécessités de la guerre économique ».

Pourtant, le Maroc dispose d’atouts et doit aller de l’avant. « L’ambition du Maroc […] doit être la création du « Marocain hybride », qui sait surveiller comme les Chinois, analyser comme les Français et agir comme les Américains. […] Ce Marocain doit être agressif dans la mondialisation, informé des risques et opportunités et confiant dans son pays et ses gouvernants ». Or, cela amène à parler de la formation. Outre la nécessité de créer une agence marocaine d’intelligence économique ainsi qu’une doctrine, Abdelmalek Alaoui prône la création d’une « école de guerre économique marocaine, ouverte aux civils et aux militaires » permettant la formation de cadres de haut niveau.

Ainsi, pour l’auteur, la doctrine de guerre économique répond à un impératif absolu pour le Maroc, qui doit conserver un rythme de croissance au moins équivalent à celui des dix dernières années, au risque de ne pouvoir résorber de manière durable les inégalités. « Le pays a su identifier ses réserves de croissance et de développement mais n’a pas encore la maîtrise des outils pour pérenniser cette tendance positive ».

IE et maroc

Pour aller plus loin :

France 24, Le magazine de l’intelligence économique, « Un souk casablancais Made in China », 24 janvier 2009.
Entretien avec A. Alaoui sur AEGE TV : Le développement de l’intelligence économique au Maroc, entretien avec Abdelmalek Alaoui


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