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UBS : la tactique du salami

Publié le 15 avril 2009 par Kalvin Whiteoak

Voici plus d’une année que UBS annonce que le pire est passé. Que la croissance va reprendre et que les amortissements extraordinaires sont derrière elle. Et voici plus d’une année qu’elle ne cesse de friser le code, en le violant aussi souvent d’ailleurs, et qu’elle ne tiendrait plus debout depuis belle lurette si l’État n’avait pas mis son veto à une faillite certaine.

Voici aussi plus d’une année que trimestre après trimestre UBS présente des comptes qui sont forcément tendancieux, pour ne pas dire faux, dans la mesure où on et censé, en bonne logique, provisionner les pertes que l’on tient pour probables ou prévisibles. Mais les banquiers bâlois n’ont cure des règles comptables.

Il faut étaler le drame sur le plus de trimestres possibles, faute de quoi les rigueurs du code s’appliqueraient même au géant déchu. Reprenant son credo et son admiration pour l’actuel DG Oswald Grübel, celui qui a pu être toute une vie ennemi intime de UBS pour ensuite venir sans conflit intérieur arrondir ses fins de mois de retraité doré à trois millions par an (plus la tonte de son jardin) en plaidant tout à coup urbi et orbi que seule UBS avait du sens … et qu’elle était la meilleure, le Temps de ce jour nous raconte que “le redressement commence“. Un doux rêve que personne au sein de la rédaction de ce quotidien sérieux ne devrait réellement faire, mais tout au plus un souhait pieux et intéressé.

En fait de redressement, on y va pour une bonne dizaine de milliers d’emplois supprimés autour du monde, et plusieurs milliers en Suisse uniquement. Retour de bâton logique d’une gestion débile, et drôle de redressement.

Car après avoir subventionné le maintien pendant six mois de tous ces postes, le contribuable helvète va se retrouver une nouvelle fois pris au piège : on peut en effet raisonnablement penser que tous ces “banquiers” d’opérette qui  jouaient aux petits chefs arrogants dans leurs bureaux luxueux vont fréquenter assidûment les ORP pendant des mois, et que les caisses de chômage vont devoir leur verser des indemnités colossales.

Le salaire moyen de l’employé de banque en Suisse dépasse Fr. 100′000.– et  atteint  donc largement le plafond assuré par l’AC, en gros Fr. 8′900.– par mois. Une simple multiplication de ce salaire mensuel par douze donne Fr. 106′800.–, et ce montant multiplié par le nombre probable de chômeurs de longue durée créé uniquement par l’incurie des dirigeants de l’UBS (3000) représente une dépense annuelle de plus Fr.320 millions de francs.

Il est vrai que toutes et tous ne seront pas au chômage : alors divisons donc ce total par deux, pour aboutir quand même au chiffre probable de Fr. 150 à 200 millions par an. Il faudra bien les prendre quelque part ces millions, et ce ne sera pas dans la poche des actionnaires privés de l’UBS que cela se fera, mais dans celles publiques de Monsieur tout le monde devenu actionnaire par la grâce de l’esprit “saint” fédéral descendu sur le contribuable un autre jour qu’à Pentecôte en 2008 …

En gros et en résumé, tout le monde paye sauf les responsables: la BNS (le contribuable donc) doit provisionner des milliards sur son fameux fonds dépotoir (la preuve que les actifs toxiques ne valaient rien), la Confédération doit provisionner les pertes qu’elle va faire sur les titres UBS qu’elle s’est engagée à acquérir (encore à coups de milliards), les salariés chômeurs vont coûter aussi des centaines de millions, et surtout, avec le tandem de vieux crabes dont la banque s’est affublée (Villiger-Grübel), on est certain qu’aucune amélioration n’est possible à terme sans de nouvelles mesures drastiques qui ne manqueront pas d’être annoncées dans quelques mois.

En 2009, les clients UBS ont retiré pour plus de 23 milliards de francs d’avoir. Ceci ne concerne que le cash et pas les titres … et ils ont eu raison de le faire.

On ne peut plus faire confiance à ce géant moribond géré par une équipe de bras cassés comme une pépinière vieux style du Languedoc, et c’est encore une insulte pour la pépinière.

Cessons donc de couper ce salami en tranches : faisons exploser une fois pour toutes le mammouth inutile et œuvrons pour le retour d’une vraie concurrence en Suisse  dans ce domaine et non pas pour renflouer à perpétuité un géant bancal subventionné incapable de s’en sortir seul.

On ne tire pas sur les ambulances certes, mais on ne met pas non plus des gyrophares bleus coûteux aux corbillards.

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