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Il était une fois... peut-être pas ~ Akli Tadjer

Publié le 16 avril 2009 par Clarabel

« toi et moi, on s'aime sans réfléchir alors on croit que dans la vraie vie c'est pareil »

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Mohammed a élevé seul sa fille, Myriam, et lui porte un amour fort et absolu. En bon papa poule qui se respecte, Mohammed a beaucoup de mal à dire non, à laisser partir sa fille et à accueillir le nouvel homme de sa vie. Gaston Leroux, comme l'auteur ou la chicorée, mais pour Mohammed la réaction est virulente, « un Français de souche, blanc comme la cuvette des chiottes, franchement, tu te fiches de moi ».
En fait l'homme est jaloux. Il affiche une tête de six pieds, d'autant plus que sa fille chérie lui demande mielleusement d'héberger le fameux gus qui n'a plus de toit car il s'est fâché avec ses parents et souhaite trouver du boulot à Paris.

C'en est trop, mais Mohammed est bonne pâte. La cohabitation n'est pas rose, les deux hommes se cherchent des poux, la situation dégénère et puis c'est le calme plat, la brutale solidarité masculine parce que l'objet de leur affection, Myriam, n'est plus la même. Elle fait ses études à Toulon, elle vit seule, a gagné en indépendance et a rencontré un autre type. Le sang de Mohammed se glace, la prunelle de ses yeux lui échappe, en perdant la tête dans sa nouvelle passion qui l'endoctrine dans un culte religieux, contre tous les principes de Mohammed. L'homme se sent seul, perdu, il a pris l'habitude de se réfugier dans ses contes et légendes algériens qu'il récite aux peluches Cruella et Lucifer, des vestiges de l'enfance, mais c'est une autre histoire qui va apparaître.
Car où est la mère de Myriam ? Elle brille par son absence, et Mohammed se défile devant les questions qu'on lui pose. Toutefois, pour sauver sa Myriam, il est prêt à raconter la vraie histoire, à ranger au placard ses histoires à dormir debout.
Ce roman est d'une grande beauté, écrit avec humour et sensibilité, il raconte avec exactitude l'amour d'un papa pour son enfant unique. On a parfois le coeur gros ou le sourire aux lèvres, mais on ne décolle pas une minute son nez des pages. C'est une histoire incroyable, que j'ai découverte avec plaisir.
En plus d'un amour fusionnel, le livre rapporte une histoire familiale pas banale et une aventure humaine pleine de couleurs. Mohammed est un narrateur bougon mais attachant, ce n'est pas le type le plus sociable de la planète mais il se soigne. Il a aussi une façon de parler qui n'appartient qu'à lui, employant des expressions très drôles, « quel est l'intérêt d'avoir inventé ces contes et légendes si tous mes personnages doivent se ressembler comme des petits pois alignés les uns derrière les autres » ou «c'était d'une misère à se foutre à l'eau le pavé autour du cou ». Ses bons mots nous charment, en plus ils sont terriblement vrais, « c'est de l'antagonisme que naissent la beauté et la richesse » et aussi « il n'y a pas de race pure, il n'y a que la bêtise humaine qui le soit ».
J'ai follement aimé ce roman, je ne connaissais pas Akli Tadjer, mais c'est un auteur que j'inscris d'office dans mes incontournables, à suivre, à découvrir.

JC Lattès, 2008 - 325 pages - 17€

Lu pour le prix de la révélation littéraire auFeminin.com   

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