Magazine Politique

Et si la caisse unique …

Publié le 16 avril 2009 par Alain Hubler

Coupable d'être maladeLe moins que l’on puisse dire est que la nouvelle disposition couchepinesque visant à maîtriser les coûts de la santé fait la quasi-unanimité contre elle. Pensez donc, introduire une taxe de 30 balles pour les consultations ambulatoires ! Quelle riche idée ! Ou plutôt quelle idée de riche !

Une idée de riche. Oui. Ou, en tout cas, une idée pour les riches qui vont pouvoir continuer à se ficher éperdument des coûts de la santé. Trente balles de plus, trente balle de moins, quelle importance ?

Par contre, il n’y a pas besoin d’être devin ni d’être convié au « sommet de la santé » de la semaine prochaine pour savoir qui va maîtriser les coûts de la santé : la maîtrise sera inversement proportionnelle au revenu disponible à la fin du mois. Ainsi les pauvres vont réfléchir à quatre fois avant d’aller chez le médecin, la classe moyenne – tiens les classes elles existent encore, mais la lutte a disparu – à deux fois et les riches pas plus qu’avant.

On voudrait introduire une médecine à deux vitesses – ou plutôt à géométrie variable – que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

Dans ces conditions, il y a fort à parier que les cas dramatiques vont se multiplier. Des cas semblables à celui rapporté il y a quelques années par une connaissance médecin urgentiste. Une dame, sans-papiers, avec un revenu d’à peine 1600 francs par mois, vient en consultation aux urgences.

J’en vois déjà parmi vous qui pensent que ces sans-papiers sont des profiteurs, des abuseurs qui encombrent les urgences pour un rien, pour une petite toux de quat’sous. Ravalez vite votre fiel, vous n’y êtes pas du tout !

La dame tousse depuis plusieurs semaines mais continue de travailler, car elle n’a pas les moyens d’arrêter. Mais depuis quelques jours, elle a de la fièvre et elle augmente. Cela va mal, de plus en plus mal, mais elle attend.

La dame arrivera exténuée aux urgences et manquera de passer l’arme à gauche, victime d’un syndrome de détresse respiratoire aiguë. Le médecin urgentiste, une fois la dame hors de cause, lui demandera pourquoi elle a autant tardé avant de consulter. Elle lui expliquera qu’elle a choisi une franchise maximale pour faire baisser ses primes et qu’elle n’a pas les moyens de payer cette franchise : elle la réserve pour les cas graves … C’était exactement le cas dans ce cas-là ! Le cas était grave.

Le médecin urgentiste de ma connaissance m’a assuré que les cas de ce genre n’étaient pas rares et qu’ils se multipliaient depuis l’introduction des franchises à 2000 et 2500 francs. Si vous ajoutez la taxe couchepinienne à la franchise annuelle, les cas risquent bien d’exploser – et pas seulement chez les sans-papiers – sous l’effet pervers de ce que l’on pourrait appeler la triple peine : maladie, franchise et taxe !

Au fil des temps, la médecine – au sens large – nous avait rendus un peu moins inégaux devant la maladie et la mort, du moins dans les pays industrialisés. Il semble que ce début de XXIe siècle marque un retour en arrière qui aura été, en Suisse, largement amorcé par un Conseiller fédéral radical valaisan opposé de manière viscérale à la caisse unique d’assurance maladie.

Une caisse unique, avec prime proportionnelle au revenu, qui s’impose de plus en plus comme une alternative crédible aux bidouillages immondes des assureurs et de leurs hommes de main politiques. À quand une nouvelle initiative ?


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Alain Hubler 199 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines